Les araucarias de Pennendreff, Plourin, Finistère

La grande histoire retient que l’araucaria du Chili (Araucaria araucana) fut découvert vers 1780 par l’espagnol Francisco Dendariena alors qu’il cherchait des arbres utiles pour la construction navale. Par la suite, l’espèce fut introduite pour la première fois en Europe à Londres, en 1795, grâce au célèbre botaniste Archibald Menzies.

Son introduction en France est en revanche moins connue. Les premières graines furent rapportées sur notre territoire par Nicolas Joseph Marie de Kersauzon, officier de marine, affecté dans la Pacifique sud sur le brick « Le Lancier », au début du 19ème siècle. Elles furent semées entre 1823 et 1826 dans le parc du manoir de Pennendreff à Plourin dans le Finistère.

araucaria Pennendref

Le dernier des araucarias de Pennendreff pris au printemps 1980

Ces semis permirent l’établissement d’un peuplement d’une vingtaine d’individus. En 1893, un article de D. Bois, dans la revue horticole, indiquait qu’il ne restait plus que 6 spécimens. Le plus imposant mesurait 2,27 m de circonférence à 1 m au dessus du sol. Ces araucariacées ne manquèrent pas d’interpeller le monde scientifique. En 1890, le botaniste Hechel de la faculté de sciences de Marseille établit une correspondance avec le propriétaire du domaine de Pennendref. Ce chercheur travaillait alors sur la valorisation économique de la gomme arabique présente dans le résine de l’araucaria. Cette utilisation n’eut pas le succès escompté.

Louis Pardé, lors d’une excursion dendrologique en Bretagne, les visita en 1908. Le plus gros (un pied femelle) mesurait 2,65 m de circonférence à 1,3 m du sol et 25 m de hauteur. En 1925, F. Lesourd indiquait, pour ce sujet, une circonférence de 2,9 m. Quelques années plus tard, en 1954, E. Le Graverent le mesura à 3,2 m.

araucaria St Jacques

Croquis des araucarias de Pennendreff dessinés en 1893 – Extrait de la revue horticole

En 1971, il ne restait plus que 4 individus qui furent par la suite abattus et/ou victimes de tempêtes. La première photo de l’article, communiquée par la propriétaire actuelle, fut prise au printemps 1980.  Aujourd’hui, il reste quelques descendants de ces premiers araucarias introduits en France. Ils sont encore visibles dans le jardin du manoir de Pennendreff qui propose aujourd’hui des gîtes. La propriétaire actuelle était très attachée à ces arbres centenaires et c’est grâce à ses archives que cet article a pu voir le jour. Un grand merci à elle.

Ces données sont intéressantes et précieuses. Pour la première fois, le vieillissement de cette essence a pu être observé sur notre continent. Pour les araucarias de Pennendreff les accroissements constatés sont de l’ordre d’un centimètre par an sur le diamètre. Ce calcul a été récemment corroboré par Jean François LARCHE qui a écrit un article ‘Présence de l’araucaria dans le sud-ouest de la France‘ dans la revue forestière française de mars/avril 2014. Il considère qu’en situation isolée la croissance de l’espèce est en moyenne de l’ordre de 3.42 cm/an soit un peu plus d’un centimètre par an sur le diamètre.

En se basant sur ces mesures de l’ouest de la France, il est au final assez facile d’estimer l’âge de nos plus anciens araucarias de parcs et jardins. En croissance libre, le diamètre de l’arbre correspond approximativement à l’âge de l’arbre. Il est difficile de faire plus simple…

 

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8 réflexions sur « Les araucarias de Pennendreff, Plourin, Finistère »

  1. très intéressant et riche en infos pour une essence assez méconnue (autre que son intérêt ornemental).
    On avait une idée de la hauteur de ces arbres, ils semblent bien dépasser la végétation avoisinante.

  2. Attention dans le Pays d’Iroise, les arbres sont courts car le vent est plutôt soutenu… Je dirai que ces araucarias ne devaient guère dépasser les 30 m voire moins de 25 m…
    Yannick, cela vaudrait peut être le coup d’ouvrir une catégorie araucaria. J’ai d’autres portraits en stock…

  3. Bravo Mickaël pour cet article documenté, assorti de « La » photo que l’on espérait sans l’avoir jamais vu …
    Je suis sûr qu’il doit y en avoir d’autres !

  4. Je reconnais que le calcul a ses limites et que l’on manque de données mais cela permet de d’approcher l’âge de nos plus anciens spécimens. Dans quelle condition l’araucaria de 150 ans avait il poussé? Avait il de la concurrence latérale ou poussait il en croissance libre?

  5. Bel article !!

    Pour un peu plus de données sur l’espèce, un site qu’on peut assimiler à la bible des conifères (disponible quand anglais):

    http://www.conifers.org/ar/Araucaria_araucana.php

    Au delà de 50 m dans son Amérique natale et dépasse les 1000 ans, un arbre dont on ignore encore pas mal de choses.

    Depuis quelques mois on a eut de belles données en provenance d’Irlande et d’Angleterre, mais rien au dessus de 30 m, ce qui est tout de même une valeur de choix en Europe.

    http://www.monumentaltrees.com/fr/arbres/araucariaaraucana/records/

  6. Merci sisley, c est vrai que le site conifer.org est une véritable bible tant sur l’écologie que surl’histoire des conifères. Un site très intéressant qui mériterait une traduction en français… j’ai jeté un coup d’oeil au dernier lien de monumental trees. J’ai été surpris des dimensions des araucarias irlandais. Plus de 4 m de tour, ils sont vraiment trop fort nos amis d’outre manche…

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