En 2004, un jeune apprenti passionné d’arbres me faisait découvrir un vieil Orme dans le petit village de Poilhes. Un magnifique Arbre de Sully trônant depuis 400 ans comme le veut la tradition sur la place de la Mairie.
J’immortalisais l’instant avec mon apprenti posant fièrement près de sa découverte.
Puis les années ont passé… et finalement je ne suis retombé sur cette photo que dernièrement. J’avais totalement oublié ce Sully.
Pourtant, il est fort probable qu’il soit l’un des derniers représentants de cette époque dans le département de l’Hérault.
Onze ans plus tard, j’étais curieux de savoir ce qu’il était devenu…

La vue de son squelette bétonné au milieu de la placette m’a fait l’effet d’un coup de poignard en plein cœur.

Je mène alors une petite enquête auprès des riverains pour éclaircir cette tragédie. Mais les quelques personnes rencontrées paraissent bien peu affectées par la disparition de leur Arbre de Sully.
Même la date de sa mort reste vague… Après 403 printemps à verdir la placette du village, il n’a pas réussi à redémarrer en 2010 ou 2011.

Ces cartes postales anciennes du début 1900 montrent la splendeur de l’orme qui couvrait toute la placette partagée entre la Mairie et l’école communale.

J’en ai profité pour mesurer sa circonférence :

En juin 2015 à 1,3m, le vieil Orme fait 4,65m. Des dimensions assez faibles pour un orme de 400 ans. Son état moribond avait surement du ralentir sa croissance depuis de nombreuses années. A titre de comparaison, son collègue régional, l’Orme Sully du Causse Méjean en Lozère fait 5,71m.

J’ai voulu savoir également quels étaient les projets de la mairie concernant cet arbre.
Finalement 5 ans après sa mort, il semblerait que la municipalité n’ait pas encore bien tranché sur son sort. Il était question un moment d’ériger à cet emplacement une stèle commémorative en souvenir de ce lieu de rassemblement public devant l’ancienne mairie. Mais d’autres priorités semblent plus urgentes à traiter dans cette petite commune du biterrois (propos recueillis auprès des villageois).

Je quitte le village avec le moral dans les chaussettes mais je ne peux m’empêcher de sourire en pensant à la réponse ironique que m’aurait faite mon jeune apprenti s’il avait revu son arbre aujourd’hui.

« Cette fois c’est sûr, l’Orme de Poilhes est totalement à poil » !