AKTADES, une association marocaine, recherche le successeur du Cèdre Gouraud !

Réédition de l’article suite au piratage.

Le Cèdre Gouraud, avec ses dimensions exceptionnelles (8,30m de circonférence et 42m de haut) et sa silhouette originale, est resté l’arbre emblématique de l’Atlas marocain durant tout le XXème siècle. Mais il n’a pas supporté les aménagements réalisés pour lui rendre visite. Il est mort après une longue agonie au début des années 2000 à l’âge de 800 ans.
Sa rencontre en 2007 m’avait beaucoup impressionné et je lui avais consacré un article sur notre Blog (ici).
Mais le massif du Moyen-Atlas dispose d’une étendue de 100 000 hectares d’une cédraie très ancienne et dont certains secteurs peu accessibles restent à découvrir.
C’est par hasard que j’ai appris que l’Association AKTADES, réunissant des passionnés de nature à Khénifra, s’est donnée pour mission de mieux faire connaitre les richesses naturelles de sa région. Parmi leurs nombreuses actions, on peut retenir celle de la recherche de cèdres exceptionnels sur les pentes du lac Aguelmame.
Le 12 septembre 2015, AKTADES était fière de présenter sa dernière trouvaille : un cèdre de 10,83m de circonférence près d’Abalgousse (la rivière des singes) ! Un cèdre record qu’ils envisagent de faire inscrire au livre Guiness  comme le plus gros cèdre au monde.
Ce digne successeur du cèdre Gouraud n’est pas la seule découverte réalisée par l’Association. Elles se sont multipliées durant les deux dernières années et elles ont été l’occasion d’un reportage à la télévision marocaine…

aktades1AKTADES a pour vocation de valoriser les richesses naturelles de la région de Khénifra (entre Fès et Marrakesh) afin de développer le tourisme vert hors des grands centres touristiques du Maroc. C’est dans le cadre d’une de leur recherche de vieux cèdres sur les pentes rocheuses de l’Atlas que l’Association est passée sur la chaine de télévision marocaine 2M Maroc en avril 2015 (cf. vidéo ci-dessous). Voici un petit résumé en français de ce reportage (certains mots sont difficiles à traduire car dans cette région beaucoup de noms sont en langue berbère et leur signification en français reste approximative) :
C’est en suivant des indications recueillies auprès des forestiers de l’Administration Marocaine  que les membres d’Aktades ont découvert deux cèdres absolument hors normes. Des dimensions que l’on n’avait jusque là jamais observées, bien supérieures à celles du Cèdre Gouraud. L’un d’entre eux a été nommé « Azay » et mesure 9,25m de circonférence et l’autre « Tazayt » et dont les 9,65m de circonférence et 50m de hauteur en ont fait le plus gros cèdre du monde. Sa photo ici.
Azay et Tazayt sont des noms berbères. Ils désignent une personne originaire de longue date de la tribu de Zayan (une localité de l’Atlas). Azay étant attribué au genre masculin et Tazayt au genre féminin (à savoir que l’arbre et le cèdre en arabe sont rattachés au genre féminin).
Mais le record de Tazayt n’a pas duré bien longtemps. Lors d’une nouvelle expédition dans la forêt de Keroug (ou Ajdir Izayane ???) dans le secteur du lac de Tiglmamin (signifiant ensemble de petites rivières côte à côte) ils ont fait la découverte d’un nouveau champion : 10,30m de circonférence (c’est celui que l’on voit dans la vidéo). L’un des membres de l’Association évoque l’existence d’un cèdre encore plus gros mais au moment du tournage son accès n’était pas possible à cause de la neige. On peut supposer que ce cèdre est celui qui a été présenté en photo en septembre 2015 avec 10,83m de circonférence près d’Abalgousse. En revanche, il n’y a pas de précision sur le nom donné à ces deux cèdres de plus de 10m de circonférence.
L’Association insiste dans le reportage sur le danger que représente « la mafia du cèdre » dans la région. Le bois de cèdre est très recherché, elle pratique alors des coupes illégales ce qui menace ce patrimoine exceptionnel. On voit d’ailleurs le résultat d’une des actions de la mafia dans la vidéo : une souche coupée dont l’âge est estimé à 150 ans. Cette mafia du cèdre est très difficile à maitriser. Elle est très présente dans la région d’Aïn Leuh où elle a même été mise en cause dans le meurtre d’un garde forestier il y a quelques années.
Ce secteur des montagnes de Khénifra autour du lac Aguelmame (le lac vert en berbère) reste très peu parcouru et assez méconnu même des habitants locaux. On y trouve pourtant une très grande richesse naturelle. C’est un véritable paradis pour les pêcheurs. Elle est connue également pour ses nombreuses tortues sauvages (que l’on retrouve parfois en vente dans les souks… j’en ai vu dernièrement à Rabat !).
On ne peut qu’encourager ces initiatives locales dans une région trop longtemps délaissée. Nul doute que les découvertes d’autres cèdres spectaculaires se multiplieront dans les prochaines années.
Si la cédraie d’Azrou est la plus connue et la plus parcourue, d’autres secteurs méritent d’être explorés notamment vers Aïn Leuh (déjà évoqué sur ce blog avec les chênes verts avaleurs de pierres), et la grande région de Khénifra où se trouve le tout dernier parc national du Maroc créé en 2008.
Une autre piste intéressante à explorer se situerait près du Col du Zad où parait-il certains cèdres auraient près de 1000 ans.
maroc2007-1maroc2007-2
carte-maroc-cedre-castorEt si finalement le Cèdre Gouraud n’était que l’arbre qui cache la forêt… ?
maroc2007-3


Mise à jour 29 septembre 2016 :

Le site Ecologie.Ma nous fait découvrir Edel bou adass (le cèdre ventru) dans la forêt domaniale de Bekrit (au nord-est de Kenifra) récemment découvert dans ce site sauvage et encore préservé. Un cèdre de 10m de circonférence !

A voir ici.

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6 réflexions sur « AKTADES, une association marocaine, recherche le successeur du Cèdre Gouraud ! »

  1. est-ce-que le maroc investir dans le reboissement?
    J’essaie de germer les graines du cèdre de l’atlas.
    Toute la région le long de la N13 au sud d’Azrou pourrait être plantée de cèdres

    • Je ne connais pas la politique forestière du Maroc et les grands projets en cours.
      Mais il serait dommage de vouloir reboiser à tout prix toutes les zones ouvertes (azzaba) du plateau du Moyen-Atlas qui offrent une grande richesse écologique et ont un rôle important pour le pastoralisme.
      Il me semble que la priorité est de pouvoir assurer une gestion durable de ces peuplements d’exception en luttant tout d’abord contre l’exploitation sauvage des voleurs de bois 🙁
      De grands projets de reboisement se trouvent plus au sud du Pays pour lutter contre la désertification et l’érosion des sols…. mais avec des espèces adaptées aux zones semi-arides et non pas avec du cèdre.
      Il serait intéressant d’avoir l’avis des forestiers marocains sur ces sujets 🙂 🙂 🙂

      • J’ai pris un cône d’un cèdre et j’ai planté les graines. Lors de ma dernière visite dans les forêts de cèdres, je n’ai plus vu de jeunes cousins. Je pense que les forêts de cèdres ne se reproduisent pas maintenant en raison du pâturage des chèvres et des moutons. Le gouvernement du Maroc devrait protéger la forêt contre les chèvres et les moutons.

  2. Oui, la régénération naturelle (et même artificielle en plantation) ont de grosses difficultés à réussir dans la cédraie du Moyen Atlas.
    Les causes sont multiples :
    – forte pression du pastoralisme. Les intérêts sont multiples dans cet environnement immense, les dernières populations semi-nomades ont aussi besoin de ces espaces pour survivre (troupeaux, bois de chauffage…)
    – sécheresses de plus en plus fréquentes et débutant plutôt en saison
    – explosion de la population des petits singes (plus de prédateurs notamment, même si la panthère serait peut-être de retour…)
    – peut-être une gestion sylvicole qui peine à trouver sa place. La création du Parc National d’Ifrane doit certainement créer des conflits dans la gestion de ces espaces… sauver la forêt, ce n’est pas forcément la mettre sous cloche pour l’ observer et l’étudier, les travaux sylvicoles sont aussi importants !
    🙂

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