Le filaire du Port des Tamaris, Bouches-du-Rhône

Soyons clair, ce n’est pas par hasard que je trainais sur cette petite route menant au Port des Tamaris.
Dans la chaleur étouffante d’une après-midi d’aout, je scrutais attentivement les bas-côtés du ruban d’asphalte à la recherche bien-sûr d’un tamaris d’exception.
Les idées les plus folles me traversaient l’esprit… Était-il possible de battre le record du Tamaris des Pétroliers ou de découvrir un patriarche à la hauteur de celui des Lecques ?
Je continuais ma descente lentement jusqu’à ce que l’horizon se dégage entièrement devant moi. Fin du voyage, face à moi l’immensité de la Grande Bleue, j’étais arrivé au bout de la route. Quelle déception, pas le moindre trophée de chasse à ramener… !
Mais en remontant nonchalamment la colline, c’est finalement une surprise inattendue qui va illuminer ma journée.

 

Mais reprenons l’histoire à son commencement. La scène se déroule sur la vaste commune de Martigues près du village de la Couronne sur les bords de la Côte Bleue.
Un paysage très minéral, couvert de petites collines rocailleuses où la pinède lutte pour sa survie dans un environnement extrême : un sol calcaire superficiel à peine fissuré, une longue sécheresse estivale, un mistral violent et un grand risque d’incendie… Dans de telles conditions, les arbres ont bien peu de chance de devenir centenaires. De plus, la zone est à très haute fréquentation estivale et concentrée (entassée…) sur deux plages ultra bondées. L’endroit est d’ailleurs bien connu du grand public, c’est le lieu de tournage de la série télévisée Camping paradis.
Un ensemble de paramètres qui devrait faire fuir immédiatement tous chasseurs d’arbres remarquables raisonnés.
Pourtant, une magnifique pépite arboricole a survécu à cet environnement hostile.
Le trésor de la colline est facile à dénicher, il se trouve dans un ravissant petit écrin de verdure. Enfin, pas tout à fait… L’endroit ressemble plutôt à un petit coin de garrigue grillagé, débroussaillé, laissant apparaître un sol dénudé, raviné et piétiné.
De prime abord j’ai pensé à un chêne vert, mais la forme tortueuse de son tronc criblé de cavités me rappelle un autre arbre bien connu, vedette du Jardin des Plantes de Montpellier : le filaire.

Ce grand parc arboré est celui d’un centre aéré accueillant les enfants de la ville de Martigues durant les vacances scolaires. Son accès étant strictement interdit aux personnes étrangères au service, j’ai dû me résoudre à l’observer depuis la route derrière le grillage.
Sa taille est exceptionnelle et d’autant plus impressionnante que l’arbuste est bien mis en valeur par ce débroussaillage (une mesure obligatoire à proximité des habitations pour limiter les risques d’incendie). A la différence de celui de Montpellier, plusieurs tiges partent près du sol et dans ces conditions, il est difficile de donner une estimation précise de sa circonférence (environ 2,50m).
Il semble en parfaite santé, son houppier est bien fourni sans branches dépérissantes.
Un œil attentif remarquera cette grosse pierre soulevée du sol et coincée entre les tiges. Un phénomène assez fréquent avec les vieux arbres de garrigue qui sous l’effet de la croissance de l’arbre parviennent à déplacer des cailloux (à voir d’autres cas similaires à St Crépin et au Maroc).
Outre ces caractéristiques dendrométriques exceptionnelles, on imagine aisément que ce filaire doit être aussi l’arbre vedette du parc : sa silhouette parfaite d’arbre-cabane le rend à coup sûr très attractif pour les enfants.

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5 réflexions sur « Le filaire du Port des Tamaris, Bouches-du-Rhône »

  1. le filaire fait parti de la famille des oliviers, peut-être une raison de lui trouver une ressemblance avec son tronc.
    Très bel exemplaire breton, mais je t’avoue avoir du mal à y voir un filaire. Les espèces méditerranéennes hors de leur aire d’origine prennent souvent une morphologie différente avec des conditions de croissances plus favorables.
    🙂

    • A moins que ce ne soit pas un filaire… J’ai pris ces photos il s y a pas mal d’années, et je ne connaissais pas cette essence à l’époque, et ce n’est à qu’à postériori que je l’ai déterminé, le mieux serait que je retourne le voir.

  2. Le plus grand que je connaisse se trouve à…Paris !
    au Grand Palais.
    Sinon non loin de celui ci 2 gros chênes verts à ne pas manquer : celui de la gare de la Couronne et l’autre à Lavéra…

  3. Bonjour Le Phasme 🙂

    merci pour ces informations, je ne manquerai pas de rendre visite à ce fantastique filaire lors de mon prochain passage à Paris !

    Pour ces deux gros chênes verts, pouvez-vous préciser leur localisation et éventuellement leur dimension ?
    Le département des Bouches du Rhône est largement sous inventorié en arbres remarquables, il reste de toute évidence de magnifiques trésors arboricoles à découvrir… et à nous présenter sur le blog des Têtards 🙂
    Merci !

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