L’arbre observatoire la forêt domaniale de Verdun, Meuse

Ce jour de commémoration de l’Armistice de 1918, me semblait tout indiqué pour rendre un hommage posthume à l’arbre-observatoire de la forêt domaniale de Verdun, d’autant qu’il n’avait pas eu droit à son chapitre dans mon livre « Arbres Remarquables de Meuse« .

Il fait parti des quatre derniers arbres-observatoires recensés en Meuse, deux subsistent en forêt domaniale de Montfaucon et un en forêt communale de Herméville-en-Woëvre (ayant fait l’objet d’un article sur le blog ici).

Si ces trois arbres sont fort heureusement encore en vie, celui de Verdun est mort et tombé depuis au moins dix ans. Il a toutefois l’intérêt d’avoir conservé sa plateforme d’observation, constituée de solides poutres métalliques, reliant entre eux ses deux troncs à environ huit mètres de haut. On y accédait par une quinzaine d’échelons métalliques profondément enfoncés dans le bois.

Situé du côté de Crépion*, il se trouvait dans une zone de seconde ligne allemande durant la Première Guerre Mondiale, et devait servir à guider les tirs des canons vers les lignes françaises.

Tout comme ses homologues il est de taille modeste malgré la centaine d’années écoulées depuis son « aménagement ». On peut facilement imaginer que le bouleversement des sols par les innombrables obus, le creusement des tranchés et autres boyaux et la pollution ne sont pas étrangers à cette croissance faible. Comment ne pas être traumatiser dans de telles conditions!

D’ailleurs, autour de lui de nombreux arbres portent encore les stigmates du conflit. Barbelés, fils de fer,  grillages et clous au cœur des troncs témoignent de l’aménagement défensif du site. La mitraille et la repousse en chandeliers des arbres étêtés par les bombes rendent compte de la violence des combats, mais aussi de l’incroyable capacité de résilience des arbres.

Aujourd’hui ces arbres témoins de l’histoire maintenus volontairement par l’ONF font l’objet d’une gestion particulière, notamment dans des « ilots de vieux bois à haute valeur écologique et patrimoniale ». Outre leur caractère historique, ces arbres vétérans sont reconnus comme de véritables niches de biodiversité et préservés in-situ comme tel.

Champignons colonisant l’arbre-observatoire

Je trouve toutefois que cet arbre-observatoire mériterait, de par sa singularité, un traitement de faveur. Pourquoi pas, à l’instar de l’arbre mitraillé du Bois-le-Prêtre exposé dans l’église de Fey-en-Haye , envisager de le conserver en un lieu de mémoire?

*le site et l’arbre étant fragiles, il m’a été demandé de pas divulguer la localisation précise

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2 réflexions sur « L’arbre observatoire la forêt domaniale de Verdun, Meuse »

  1. Alors là, un article pile poil dans l’actualité du moment 🙂 🙂 🙂
    Effectivement il mérite d’être mieux connu, il fait parti de notre patrimoine arboré lié à un épisode historique de 1er ordre.
    Il a tenu plus longtemps que notre dernier poilu, mais il était temps tout de même de nous le présenter… je ne suis pas sûr qu’il tiendra debout encore de nombreux armistices…
    Belle association bois/métal !

    Beau reportage, merci de nous l’avoir faire découvrir 🙂

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