Quelles appellations pour nos arbres remarquables ? L’exemple du Royaume Uni

Mickaël nous présente la terminologie des arbres inventoriés en Grande Bretagne, ce qui soulève les limites de nos méthodes françaises d’inventaire.

Si en France, nous regroupons les arbres dégageant une émotion particulière sous la terminologie « Arbres remarquables », nos voisins d’Outre Manche ont choisi de décliner leurs arbres d’exception selon des appellations tout à fait différentes. C’est à la faveur de rencontres avec quelques passionnés britanniques (Robert Mac Bride le ‘Tree hunter’, et Ted Green, Jill Butler de ‘ancient tree forum‘ (par ici) & ‘Woodland trust’(par)) autour des arbres bretons que j’ai pu appréhender la vision britannique. Elle me paraît riche d’enseignement et semble extrapolable à nos arbres nationaux. Elle permettrait d’élargir notre champ lexical parfois un peu limité. Les définitions décrites ci-après sont tirées de l’excellent ouvrage « Ancient and other veteran trees : further guidance on management »(1) qui constitue une référence en matière de gestion des vieux arbres.

 

croquis appellation

La classification anglaise regroupe cinq catégories.

– « Notable » : arbres se différenciant de leur voisin du fait de leurs dimensions exceptionnelles. Il ne peuvent toutefois être considérés comme ancien ou vétéran mais plutôt comme mature.

– « Veteran » : Il s’agit d’arbres ayant survécu à divers rigueurs de la vie et montrant des signes d’ancienneté, indépendamment de leur âge. Afin de les définir comme vétéran, l’arbre doit montrer des signes de dégradation sur le tronc, les branches ou les racines, tels que le bois mort ou les fructifications de champignon lignivore.

– « Heritage » : arbres ne répondant à aucun critère décrit ci-dessus mais présentant un intérêt culturel ou historique particulier.

– « Ancient » : Les arbres anciens représentent un petit pourcentage d’une population. Ils ont clairement survécu plus longtemps que la plupart des autres individus de l’espèce concernée. Ils ont dépassé la stade des arbres matures. Jill Butler parle du stade de la post-maturité que l’on peut je pense traduire en France de stade sénescent. Cette catégorie regroupe des arbres possédant une importante circonférence et présentant généralement des cavités. Pour le chêne pédonculé, l’if et le châtaignier, nos amis anglais considèrent que les arbres de plus de 2 m de diamètre font indéniablement partie de cette catégorie (Cf tableau d’appellation selon la circonférence et l’essence).

– « Champion« : Cette appellation est réservée aux arbres les plus hauts ou possédant la plus grande circonférence du tronc de son genre dans une région donnée.

tableau d'appellation selon circonférence et essence

C’est en s’appuyant sur ces appellations que nos amis anglais ont procédé au classement de leur extraordinaire base de données de plus de 132.000 arbres. Ce recensement est le fruit d’un long travail de collectage qui a débuté il y a plus de 350 ans. Les associations Ancient tree forum et Woodland trust ont récemment procédé à une structuration de cette importante base. Ce travail a permis d’aboutir à l’élaboration d’une carte interactive des arbres d’exception du Royaume Uni. Elle est disponible sur le site de Woodland trust (à explorer par ici). Ce travail mérite d’être souligné. Il me semble constituer un modèle à suivre pour la protection de nos arbres français.

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4 réflexions sur « Quelles appellations pour nos arbres remarquables ? L’exemple du Royaume Uni »

  1. On pourrait presque classer nos arbres du site dans ces sous-catégories ! Ce sont des appellations réalistes et qui ont le mérite de diversifier le terme d’arbre « remarquable ». God save the Queen, and trees 🙂

  2. On voit a quel point nos voisins sont en avance pour la conservation des arbres (même s’ils estiment qu’ils n’en font pas assez), car ce classement permet d’intégrer dans les inventaires des arbres ayant des dimensions plus modestes, mais ayant un intérêt local ou écologique, notamment avec les vétérans.
    La cartographie précise mise en place permet un travail scientifique (par exemple la localisation des zones riches en arbres intéressants pour la biodiversité…) et ainsi en améliorer la gestion(créer des corridors entre ces zones…) et c’est une bonne base pour faire pression sur les aménageurs, c’est un vrai outil!

  3. En effet, une typologie qui donne des idées. Au prix d’une petite traduction de ces « catégories » cela pourrait être intéressant d’intégrer ce type de clssification aux arbres de France.

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