Quelques arbres de Tokyo, Japon

Pour sa première contribution, Rémy nous avait présenté un beau cèdre isérois (ici). Avec ce second article, il nous emmène en Asie de l’Est, où la culture e l’arbre est bien différente de la notre. Une véritable invitation au voyage!

Le pin noir du jardin Hamarikyu (à deux pas du marché au poisson de Tsukiji)

A l’occasion d’un séjour au Japon réalisé pour les fêtes de fin d’année, j’avais bon espoir de tomber au hasard de mes pérégrinations sur quelques vénérables spécimens. Je savais l’archipel riche d’une culture (le shintoïsme) portant naturellement les japonais vers la divination des esprits de la nature. Un petit tour sur Internet confirmait l’existence d’un superbe potentiel, notamment autour de deux espèces reines : le Gingko biloba et le Cryptomeria japonica (souvent appelé Cèdre japonais). Mon voyage vers cette planète scintillante mais lointaine qu’est le Japon n’était pas dédié à la recherche de ces arbres et mon parcours ne fut pas dicté par cette quête particulière, bien que ce fut fort tentant. Quoi qu’il en soit, et malgré l’absence de recherches spécifiques, le Japon révéla un potentiel qui dépassait largement toutes mes espérance, et dans ce domaine comme dans bien d’autres, l’archipel mérite plus que jamais son surnom de Grande Bretagne de l’Asie…

Le pin noir du jardin Hamarikyu Tokyo, Japon Remy Cavanesio (2)

Le premier arbre découvert n’est pas un gingko ni un cryptoméria mais un pin noir soigneusement entretenu vieux de plus de 3 siècles. Planté en 1609 dans le parc sous les ordres du 6ème shogun, l’arbre est en pleine santé.

pin noir du jardin Hamarikyu, Tokyo, Japon, Rémy Canvesio (3)Le pin noir du jardin Hamarikyu Tokyo, Japon Remy Cavanesio (1)

Sa forme particulière est le résultat d’un travail minutieux qui s’est perpétué en dépit des vicissitudes de l’histoire, enfant d’un Japon féodal il a survécu au grand chambardement de l’aire Meiji comme aux bombardements de la seconde guerre mondiale. A une autre échelle, les nombreux poteaux qui soutiennent ses branches ne sont pas sans rappeler l’art de la mise en bonzaï. Ce spécimen incarne finalement le Japon dans toutes ses facettes, jusque dans l’écrin de verre et d’acier symbole de modernité sur lequel il se dessine : survivance et respect des traditions, raffinement des apparences, contrainte des pulsions naturelles… Voilà un arbre pleinement japonais !

pin noir du jardin Hamarikyu, Tokyo, Japon, Rémy Canvesio (1)

Les 2 ginkgos du temple Sensö-Ji

Au cours de la même journée, mon cheminement m’amena au temple Sensö-Ji situé de l’autre côté de la plus grande mégalopole du monde (35 millions d’habitants quand même!). Le sanctuaire abrite deux ginkgos tout à fait respectables, assurément multi-centenaires. S’ils ne sont pas exceptionnels (j’aurais l’occasion de me rendre compte plus tard), ils méritent malgré tout le coup d’œil.Les 2 gingkos du temple Sensö-Ji, Tokyo, Japon, Rémy Canavesio (1)Celui que j’aperçus en premier (au Sud-Est) est fortement dégradé. Je n’ai pas pu en mesurer la circonférence (qui semble supérieure à 5 mètres) mais un rapide tour du tronc a permis de constater que celui-ci était dépourvu d’écorce sur les 2/3 de son tour depuis fort longtemps apparemment (le bois est profondément rongé). La partie vivante de l’arbre semble néanmoins dotée d’une belle vigueur…

Le second se dresse à une cinquantaine de mètres du premier à proximité de la grande pagode à 5 étages. Si son tronc semble un peu moins large que le premier, il possède en revanche un fût bien rectiligne et en relative bonne santé qui dégage une belle impression de puissance.

Les 2 gingkos du temple Sensö-Ji, Tokyo, Japon, Rémy Canavesio (2)gingkos-du-temple-Sensö-Ji-Tokyo-Japon-Rémy-Canavesio (2)

 

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3 réflexions sur « Quelques arbres de Tokyo, Japon »

  1. C’est étonnant la différence de traitement entre le pin savamment taillé, et les ginkgos qui ont eu un élagage de choc! Surtout le second bien qu’en meilleur état a été taillé sévèrement, je serais curieux d’en connaitre les raisons (dépérissement, sécurité, ou empêcher les typhon de l’arracher…).
    En tout cas merci pour ce voyage!

  2. Tout le plaisir est pour moi Yannick.
    J’ai remarqué également que les Gingkos de Tokyo étaient souvent taillés de la sorte. Ca m’a également intrigué, je pense que c’est une des subtilités de la culture arboricole japonaise plutôt que pour une raison de sécurité, mais je peux me tromper…
    Il y a qu’à voir les jardins privés pour comprendre qu’au Japon il y a tout un ensemble de codes au niveau de l’apparence des arbres, et la plupart nous échappe complètement.

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