Le gros Chêne de St Martin-Bellevue, Haute-Savoie

ALERTE INFO !

Le Gros Chêne (ou Chêne de Séchenal) est menacé d’abattage pour février 2021.

Une décision prise par la municipalité d’Argonay suite à une expertise de l’ONF annonçant que l’arbre est entièrement creux et risque à tout moment de s’effondrer ce qui représente un problème de sécurité pour les riverains et les nombreux visiteurs.

Il convient de préciser que le vieux chêne est sur un terrain privé dont le propriétaire a donné la gestion à la municipalité. Placé sur la commune d’Argonay, il est en fait en limite avec celle de St Martin Bellevue (renommée Fillière en 2017) où se trouve les plus proches riverains.


Sans remettre en question l’expertise réalisée par l’ONF, il convient toutefois de démontrer qu’il existe d’autres alternatives à l’abattage du vieil arbre qui permettent de concilier la sécurité de la population sans porter atteinte à la vie du vieux chêne.

Plus d’infos sur le site Méristemes.


De retour d’une balade au bord du Lac d’Annecy, je décidais de faire un petit crochet avant de reprendre l’autoroute vers un chêne répertorié sur la carte de Tristan.

La journée avait déjà été riche en rencontres.
De nombreux arbres sont sublimes en bordure du Lac : vieux séquoias, ginkgo avec chichis, platanes semblants plonger dans les eaux limpides du lac… J’avais eu ma « dose » !
Je ne m’attendais pas à rencontrer « le clou » de ma journée sur les hauteurs d’Annecy. gros-chene-st-martin-bellevue5 La petite route monte en serpentant  à travers la forêt communale d’Argonay. Je suis attentivement mon GPS dans ce dédale de petites routes mais mon regard balaye en même temps de gauche à droite ce petit bois à la recherche d’un arbre « peu ordinaire ».
Je ne sais pas à quoi m’attendre. Sur la carte de Tristan, j’avais aperçu une petite photo mal cadrée d’un chêne qui semblait imposant mais sans descriptions supplémentaires.
La route finit par sortir du bois. Je me dis finalement que j’ai du faire une erreur en récupérant les coordonnées GPS. Mais l’instant d’après, j’aperçois sur la gauche un arbre GI-GAN-TESQUE ! C’est lui, il est là  !!! Magnifique, énorme, son houppier déborde largement sur la petite route forestière. Elle porte évidemment son nom : « la route du gros chêne ».

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Ses dimensions sont pour le moins inhabituelles :
circonférence à 1,3m en mai 2014 = 7,9 m !!!
Je n’étais pas équipé pour mesurer précisément sa hauteur. Elle est difficile à estimer avec ces colosses. L’envergure du houppier ne permet pas toujours de bien distinguer la branche la plus haute et sa position isolée peut fausser également nos repères habituels.
Son état de santé n’est pas excellent, quelques charpentières présentent une descente de cime.
Position géographique : 45°57’11″N 006°08’40″E – Altitude 680m
Pendant la prise des mesures, je vois arriver deux joggers qui se dirigent tout droit vers le Gros Chêne. Sans interrompre leur petite foulée (ça monte raide depuis Annecy !), ils touchent le chêne, en font le tour et repartent dans l’autre sens.
Je suis bien content d’assister à cette scène, je me dis que l’arbre est bien connu dans le secteur et que je ne devrais pas avoir de mal à trouver des infos à son sujet.
Mais mes recherches sur ce bel arbre ne mènent à rien sur le net…
J’apprends juste qu’il était l’objet d’une course à pied de 10km au départ d’Argonay.
Il est également connu des amateurs de Geocaching puisqu’il fait  l’objet d’une cache… que je n’ai pas trouvé d’ailleurs (je ne dois pas être doué, je n’ai pas compris l’énigme).
Je suis déçu de ne rien trouver de plus sur ce colosse.
Je décide donc de contacter la Mairie de St Martin de Bellevue (l’arbre est sur cette commune, la limite avec la forêt communale d’Argonay se trouve de l’autre côté de la route).
L’accueil téléphonique est excellent et la secrétaire me rappelle quelques jours plus tard pour m’informer du résultat de ses recherches.
Mais les informations sont maigres, il a juste fait l’objet d’un court article (une fiche de présentation) dans une revue locale. On y apprend que son âge est estimé à 400-500 ans, ce qui semble tout à fait réaliste au vu de ses dimensions. Sa circonférence avait été annoncée à 7,5m (certainement arrondie) vers 2005-2010 et sa hauteur estimée à 22m.
Aucune info sur son historique… en près de 500 ans, il a pourtant dû être le témoin de belles aventures !
La commune prend bien soin de son arbre vedette.
A l’origine il était la propriété de la famille Ribiollet. Après plusieurs demandes, la parcelle est finalement cédée à la municipalité en 2005.
Un diagnostic est alors effectué et montre une très faible vitalité du vieux chêne et de vieilles blessures sur le tronc causées par la foudre.
Un élagage est réalisé pour limiter les surcharges et les parties altérées notamment au-dessus de la route. Et il est conseillé de réaliser un léger travail de surfaçage du sol (décapage et mulching) pour stimuler l’activité racinaire.
Le Gros Chêne semble faire l’objet d’une surveillance rapprochée. Voilà un signe encourageant pour qu’il continue à faire l’émerveillement des générations à venir… et qu’il reste un objectif pour les joggers anneciens !

Localiser sur la carte ici

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19 réflexions sur « Le gros Chêne de St Martin-Bellevue, Haute-Savoie »

  1. Il est superbe ce chêne, bravo pour la découverte et la publication !
    J’aime beaucoup les anecdotes liées aux arbres, celle des joggeurs s’en servant comme limite de parcours a le mérite d’exister. C’est tout à fait ce que je ferais si je courais 😀 Ces sportifs sont t-ils ceux que l’on aperçoit en haut de la côte sur la dernière photo ? 😉
    Pour ce qui est du manque d’info, je ne suis guère étonné en revanche.
    On peut tomber sur la perle rare, qui aura fait l’objet de l’attention de toute une vie d’un riverain ou autre […] mais généralement ces infos sont inexistantes.
    C’est aussi criant pour les ifs Normands, qui hormis les plus emblématiques, ne sont guère représentés dans quelque historique.
    « Découvrir » des arbres vieux de 4/5 siècles – alors que des milliers de gens le voient chaque jour – prouve que l’intérêt pour les ligneux gagnerait à se faire connaître. En tout cas bravo et merci pour ce beau Quercus d’altitude

  2. Mince, encore un télescopage d’articles, c’est de ma faute cette fois-ci!
    En tout cas ce chêne est magnifique!
    Sa structure, tronc court avec de nombreuses charpentières verticales, me rappel le chêne Louis XIV situé près de Sainte-Menehould dans la Marne.
    Le changement d’environnement, goudronnage, lotissement, n’est certainement pas étranger au dépérissement…
    Je ne suis aucunement étonné du manque d’informations sur un arbre de cette trempe, ce n’est pas un cas rare…Et même dans le cas d’arbres plus « célèbres » localement, je pense au chêne de Saint Jean Brévelay
    http://krapooarboricole.wordpress.com/2008/01/25/venerable-chene-du-pouldu-morbihan/
    qui est l’objet de légendes et qui a été classé monument naturel vers 1936, je n’ai trouver ni photo ancienne ni mensuration.

  3. C’est vrai qu’il est magnifique et son côté colossale est vraiment impressionnant.
    Je ne connaissais pas de chêne aussi gros et j’ai hâte d’en découvrir d’autres !
    Pour ce qui est de cette découverte, tout le mérite revient à l’énorme travail d’inventaire et de cartographie de Tristan. C’est lui qui avait déniché cette « perle », ce qui m’a permis ensuite d’aller confirmer sur place sa trouvaille… et quel plaisir !!!

  4. Un chêne si gros en haute-Savoie, je ne m’y attendais pas! Le chêne des Gets aurait mesuré 7,5m de circonférence:
    http://meristemes.net/wp-content/gallery/arbres-remarquables-disparus/chene-disparu-des-gets.jpg
    Ce qui me paraissait déjà incroyable (limite surnaturel) pour un Chêne Haut-Savoyard ayant poussé à ~1200m d’altitude.
    La photo trouvée sur le net ne permettait pas vraiment de se faire une idée. Je pensais à du 5m de tour,mais là on frôle les 8 mètres!

    Et cette étrange apparence de Kraken ligneux, fantastique!

    Ravi que tu aies pu lui rendre visite (on s’est croisé de peu)…

  5. Bonjour,

    Désolé mais je pense que cette nuit le Gros Chêne a été coupé.
    Des véhicules utilitaires ont été vus entre 1h et 2h du matin sur place, et des bruits de tronçonneuse entendus (pourquoi faire ça au milieu de la nuit?).
    Je passerai dans le coin d’ici 1 grosse heure, je vous confirmerai tout ça.

  6. Un ami me rapporte ce mail émanant de la mairie:

    « Notre Gros Chêne s’est effondré cette nuit peu après minuit. Il n’aura pas attendu son abattage prévu mi-février suite aux expertises qui avaient identifié ce risque. Il a eu l’élégance de tomber en pleine nuit pour ne blesser personne. »

    Pourquoi pas. Qu’un arbre de plusieurs siècle ait eu « l’élégance » de tomber deux petites semaines avant la date officielle d’un abattage controversé, pas impossible en terme de probabilités.
    Mais s’il s’avérait que la commune a fait procéder au démontage de l’arbre en douce, deux semaines avant la date officielle, en pleine nuit, pendant le couvre-feu, alors il s’agirait d’une honte et d’un scandale qu’il ne faudrait pas laisser passer!

  7. C’est quoi cette mascarade ???
    Il serait tombé comme par hasard en pleine nuit quelques jours avant son abattage controversé… comme tu dis Tristan, c’est difficile à croire…
    Et toujours comme par hasard, une équipe de bucherons passait à ce moment à minuit et apercevant la scène, en a profité pour réaliser son démontage ?
    ça tourne au tragico-burlesque cette histoire !!!
    On est déjà sous l’effet du coup de massue de la disparition du plus gros et plus vieux chêne de toute la moitié Est de la France, faudrait pas en plus nous faire croire n’importe quoi.
    Il faut absolument éclaircir cette histoire absurde, même si ça ne fera pas revenir le Gros chêne…
    🙁 🙁 🙁

  8. Triste de lire cette nouvelle.
    Du coup, vu le(s) témoignage(s), on est presque sûrs qu’il s’agît d’un abattage fait en douce pendant le couvre feu. Sauf erreur de ma part, les bûcherons « de garde » n’existent pas.
    Pour les responsables de cet acte, c’était leur meilleure solution pour éviter un rassemblement de gens protecteur autour de l’arbre. Bravo à eux, c’était rusé de leur part.
    Vous connaissez cette histoire ?
    https://www.cnews.fr/divertissement/2017-06-22/il-plante-des-sequoias-partout-dans-la-ville-pour-se-venger-758428

  9. Pour le moment, le déroulement précis de cette tragédie n’est pas connu dans le détail. Tristan mène l’enquête avec plusieurs contacts qui se sont déplacés dès l’annonce de la mort du Gros chêne.
    On connaitra bientôt le détail de cette sombre histoire, mais aux dernières nouvelles il n’est pas exclu que le vieux chêne se soit bel et bien effondré de lui-même la nuit dernière… Pour le moment ce ne sont que des suppositions…

    Une réunion avec la presse régionale était prévue le matin même au pied du chêne… tout de même une étrange coïncidence.
    A suivre pour connaitre le fin mot de cette triste histoire

  10. En tant que voisin de ce magnifique arbre qui faisait corps avec la communauté environnante, il est tombé de sa belle mort en pleine nuit comme il est rapporté par la mairie. Les services techniques sont intervenus en pleine nuit simplement pour dégager la route voisine et non, le gouvernement n’a pas imposé le couvre-feu pour un abattage clandestin 😉
    Sur place ce matin pour lui rendre un dernier « hommage » il n’est pas difficile de comprendre que son tronc complétement creux ne pouvait plus supporter l’imposant poids des nombreux branchages qui l’avaient déjà incliné de plusieurs dizaines de centimètres ces derniers temps!
    Comme tout être vivant sur cette Terre, la mort est survenu après sa longue Vie chargée d’Histoire. Celle entre autre de l’urbanisation qui l’a sûrement privé de l’eau nécessaire pour quelques années supplémentaires en tant que témoin de l’évolution environnante.
    Alors arrêter ces polémiques négatives et vouloir chercher à tout prix des responsables est le meilleur moyen de l’honorer et ne jamais l’oublier!

    • Merci Christian P. de nous avoir apporté votre témoignage qui nous permet de mieux comprendre la triste fin du Gros Chêne.

      Nous étions nombreux ces derniers mois à nous inquiéter du sort réserver à cet arbre extraordinaire, l’un des plus exceptionnels de la Région, en cherchant à proposer des solutions alternatives à son abattage prévu dans quelques jours et nous regrettons que le dialogue n’ait pas pu être possible avec la municipalité.

      Comme vous dites, il faut désormais honorer sa mémoire pour ne pas oublier que son incroyable prestance faisait l’admiration des habitants et des nombreux visiteurs.

    • Un peu de plus et on se faisait traiter de « complotistes ».
      Etant donné les circonstances, des questions se posent. Si Tristan et d’autres personnes cherchent des réponses, c’est parce qu’il savent que d’autres arbres ont été témoins d’hostilités de la part de certains individus.
      Si l’arbre est tombé de sa belle mort, alors tant mieux pour tout le monde. Dans le cas contraire, nous apprendrons. Encore une fois, d’autres solutions existaient pour le conserver.

      Mais ce n’est qu’un arbre. Quoique, pour info, le chêne de la Matauderie à Poitiers, tombé il y a trois jours, victime d’un incendie, possédait une valeur patrimoniale estimée à 70 000 €.

      https://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/tag/saint-benoit/

      Lui aussi était entièrement creux et au bord de la route. On lui avait mis une canne à ce vieillard, ainsi que des haubans…

  11. merci de vos lignes, oui gardons en mémoire ce magnifique chêne mais perso et c’est mon droit je n’y crois pas du tout, qu’il est tombé de lui même, on verra dans quelques années si il y a des nouvelles constructions à cet endroit, j’espère me tromper ! l’avenir nous le dira, car j’habite la HAUTE-SAVOIE et j’irai voir dans quelques années !

  12. Techniquement, abattre un tel arbre ne s’improvise pas. Du fait qu’il soit creux, et compte tenu des masses en jeu, il y un risque réel d’écroulement incontrôlé dès les premiers coups de tronçonneuse. A moins d’être inconscient, cela nécessite une certaine logistique.
    Quant au fait que le sol ne soit pas très relevé par les racines, la rupture du collet peut en être l’explication. Je connais plusieurs cas de ce type, dont le frêne de Trédéal à Paimpont, premier article du blog, qui s’est effondré par rupture du collet sans soulever le sol.
    Sans nouveaux éléments probants, je pense que sa chute est naturelle.
    Frêne de Trédéal / photo Guy Larcher

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