Les Sycomores de la Chartreuse de Prémol, Isère

Retournons dans le Massif de Belledonne à la découverte d’un nouveau site d’une grande richesse historique et… végétale.
L’ancienne Chartreuse de Prémol, dont il ne reste que quelques ruines, est un endroit assez fréquenté des grenoblois à 1100 m d’altitude sur la route d’accès à la station de Chamrousse.
Un lieu de départ idéal pour une petite balade en famille jusqu’au Lac du Luitel.

Les derniers occupants ont quitté le monastère à la Révolution Française. Mais l’âme et la mémoire du site sont toujours bien présents. Et « La Gardienne de Prémol » y veille discrètement à l’abri des regards des promeneurs…

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Située en forêt domaniale, l’ancienne chartreuse de Prémol est le témoignage d’une activité ancestrale dans ce massif forestier. Un monastère particulier puisqu’il était occupé par des femmes de l’ordre des Chartreux (des Chartreusines). Fondée en 1234, c’est l’une des toutes premières chartreuses de femmes. « La chartreuse abritait une soixantaine de personnes dont 35 religieuses, et leurs spécialités étaient la pharmacie et la préparation d’élixirs. » Mais plusieurs incendies successifs suivis des attaques des Huguenots, puis des guerres de religions et révolutionnaires auront raison de ses vaillantes religieuses.
De cette Chartreuse, il ne reste que ces quelques pierres. Et la forêt a repris naturellement ses droits dans l’enceinte du monastère. On y trouve une forte concentration de vieux arbres dont certains sapins dépassent 1m de diamètre. Si l’endroit n’a surement jamais connu le bruit de la tronçonneuse, sa proximité avec le parking, l’a transformé en WC public…
Pour les chasseurs de trésors, une géocache est à découvrir sur les lieux.
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Etrangement, un sycomore a été planté aux quatre coins de l’enceinte de l’ancien monastère.
Leurs dimensions sont assez remarquables et j’aurai du mal à estimer leur âge. Je n’ai pas beaucoup d’éléments de comparaison pour cette espèce.
La circonférence à 1,3m en novembre 2014 est de 3,20m, 3,60m et 3,75m. Le 4ème érable à l’angle Nord-Ouest a disparu (je soupçonne l’emprise de la route…). Leur hauteur est comprise entre 28 et 34m (mesurée au dendromètre électronique vertex).
En continuant le chemin vers le petit lac, un alignement de vieux sycomores se fait également remarquer avec des circonférences supérieures à 3m.
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L’écorce caractéristique du sycomore avec ses écailles aux teintes saumonées est magnifique (le contraste est accentué par temps de pluie).

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Mais il nous reste un devoir à accomplir !
Par politesse et respect pour le site, nous devons rendre visite à La Gardienne de Prémol (coordonnées géographiques : 45,09953°N 005,84648°E – Altitude 1085 m).
Pour aller à sa rencontre, il faut s’éloigner du chemin et s’enfoncer d’une centaine de mètres dans le petit bois.
Une vieille dame qui a dû en voir passer des visiteurs depuis le départ des Chartreusines.
Son tronc est énorme et porte les stigmates d’un passé torturé.
Mais quel âge peut avoir ce sycomore ? 200 ans… 300 ans… peut-être plus ?
La mesure de sa circonférence est un peu délicate. Je lui prends le tour de taille sous le départ des grosses branches c’est à dire à 1,3m du sol côté aval, ce qui correspond à 0,80m côté amont.
Mon décamètre annonce 6,1m, en novembre 2014 !
J’ai toujours en mémoire ma rencontre au printemps dernier sur le plateau ardéchois d’un bel érable à feuilles d’obier (ici). Décidément, je crois que l’année 2014 a été sous le signe des érables.

Sa hauteur est en revanche beaucoup plus ordinaire avec un timide 24m (mais c’est simplement pour rester discret dans son sous-bois).
Son état sanitaire n’est pas excellent mais je n’ai pas relevé à ce stade de réels signes de dépérissement.

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Je continue ma visite de Prémol à la recherche d’autres arbres témoins du passé actif de la chartreuse. Mais il semblerait que la Gardienne soit l’une des dernières à avoir connu ces forestières-religieuses.
Le site vaut la balade et tout particulièrement à l’automne lorsque Prémol flamboie de mille feux ! Mais la neige n’est pas loin et dans quelques semaines, les visiteurs continueront leur route quelques lacets plus hauts pour atteindre la station de ski de Chamrousse.
On peut signaler aussi la création d’un sentier de découverte très original : Le sentier des arbres à son. Un parcours unique à découvrir pour faire chanter les arbres ! Je vous le ferai surement découvrir lors d’un prochain article…

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9 réflexions sur « Les Sycomores de la Chartreuse de Prémol, Isère »

  1. Tu nous as déniché une perle, 6.10m, on entre dans du lourd pour le sycomore! Je ne doute pas que tu puisses en dénicher d’autres parti sur ta lancée!
    Les autres spécimens ne manque pas d’intérêt non plus, surtout associés au site…

  2. Je suis content que vous soyez comme moi tombés sous le charme de cette belle gardienne 🙂 Je connaissais bien le site, mais je n’avais jamais attention à cette discrète gardienne qui veille sur le site un peu à l’écart du passage habituel des promeneurs.
    C’est vrai Gilles je ne savais pas trop comment mesurer son tour de taille tellement il y a des bosses et des trous. J’ai essayé de faire la mesure en contournant un peu les obstacles, mais pas facile.
    Pour trouver plus gros je vais avoir du mal surtout que l’année 2014 (celle des érables 😉 ) se finit.
    Je me demande quel âge peut avoir ce vénérable sycomore ? Il n’a pas trop de concurrence dans son taillis mais on est tout de même à 1100m d’altitude.
    Quelqu’un aurait une idée, une estimation ?

  3. Très belle balade à la Chartreuse de Prémol, ces érables sont magnifiques (on dit que le sycomore peut vivre jusqu’à 400 ans) ce vénérable est peut-être proche des 300 ans ? il y a très peut d’érables sycomore dans les arbres remarquables ?
    En tout cas il est recherché , bois d’ébénisterie, lutherie.

  4. Je ne me risquerais pas à une estimation de son âge. Elle est d’autant plus difficile qu’il se ramifie très bas, ce qui accroit la vitesse de grossissement du tronc (d’ailleurs, il manque plusieurs axes secondaires), ce qui pourrait indiquer qu’il n’est pas forcément si vieux. Toutefois son état général semblerait plaider pour un âge avancé…Le mystère reste entier!

  5. Pas facile avec cette vieille écorce de s’avancer sur un âge… le sycomore généralement ne pousse pas trop lentement, mais en conditions montagnardes à plus de 1000 m tout se complique…
    j’avais la même impression que Guy, peut-être dans les 250-300 ans…
    C’est vrai que les sycomores remarquables sont plutôt rares, au moins en voici un qui a bien sa place dans le classement et en plus dans son environnement naturel 🙂

    Les stigmates laissés sur le tronc ne sont pas faciles à identifier. Il semblerait que deux anciennes branches assez basses aient cassées (il y a surement bien longtemps…) puis il y a eu de rejets plus bas qui sont repartis. Il y a même un pied de hêtre qui est venu se blottir à son pied comme pour chercher la protection ou la bénédiction de la « Gardienne ».

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