Les trembles de Mende, Lozère

Dominant le foirail, ces deux trembles sont les arbres les plus remarquables de la petite préfecture lozérienne. Deux magnifiques exemplaires qui devraient redonner du prestige à cette espèce oubliée de nos blogs arboricoles.
Ils dégagent une beauté singulière, qu’il convient d’apprécier d’autant plus qu’ils sont les derniers survivants d’un petit arboretum disparu en 2013.

Le Square Emile Joly est minuscule, coincé entre le monument aux morts et la route menant à la prison. Un espace qui s’est considérablement réduit en 2013, lors de la construction d’une salle des fêtes à proximité du Foirail.  Même si la préfecture de la Lozère n’a pas les allures d’une mégalopole, ce petit parc était l’un des rares espaces verts situé en centre ville. Et il était d’autant plus apprécié que l’on pouvait y admirer une petite collection d’arbres exotiques.
Mais le plan d’urbanisme en a décidé autrement… et comme le précise cet article de presse : « aucun n’était remarquable et certains étaient malades » ! Voilà un excellent argument pour récupérer un espace précieux face à un parking immense (le foirail).
Placés à l’écart du chantier, seuls quatre arbres ont échappé aux pelles mécaniques. Ces magnifiques trembles ne doivent certainement leur survie qu’à leur situation peu gênante pour l’aménagement de la future salle des fêtes.
Sans mauvais jeu de mot, il y avait de quoi « trembler » pour eux au moment des travaux !

Sur les trois trembles conservés, deux atteignent des dimensions exceptionnelles pour leur espèce. Nous disposons de peu de références sur ces peupliers forestiers dont la longévité est proche de celle de l’homme. Il doit même y avoir plus de centenaires chez les hommes que chez les trembles…
En juillet 2016, la circonférence du plus gros tremble, mesurée à 1,3m du sol, est de 3,87m (3,83m à 1,5m de hauteur). Sa hauteur totale, prise au dendromètre suunto, atteint la valeur hallucinante de 36m ! Son état de santé parait très bon.
En revanche, son voisin semble montrer quelques signes de faiblesse. Son tour de taille est légèrement plus faible, 3,55m prise à 1,3m du sol mais sa hauteur totale est tout aussi impressionnante : 34m.

Ces deux trembles ont été repérés lors de l’inventaire de M. Jean-Pierre Lafont en 2002 et présentés dans son livret sur les arbres remarquables de Lozère. La circonférence était annoncée à 3,47m, ce qui montre un bon accroissement sur les 15 dernières années (presque 3cm par an sur la circonférence), signe d’une bonne vitalité.

Une petite recherche sur la base de données « Arbres monumentaux » nous confirme le caractère exceptionnel des dimensions relevées pour ces deux trembles. En France, aucun tremble aussi imposant n’a été mentionné jusqu’à présent et une hauteur de 35m, le place parmi les hauts trembles d’Europe.
A croire finalement que c’est en milieu urbain que cette variété forestière de peuplier arrive le mieux à s’exprimer…


Mise à jour du 9 mars 2017 :

Patb30, notre reporter des garrigues, nous informe des dégâts causés par la tempête Zeus ayant traversé le pays le 5 mars dernier.
Parmi les trois trembles (ou peuplier grisard, à confirmer) deux ont été renversés par une violente rafale. Le seul ayant résisté à Zeus est celui de dimensions moyennes (circonférence 3,55m, hauteur 34m).
Voici une photo issue du Midi-Libre du 06 mars 2017… à comparer avec la 1ère de l’article.


Mise à jour de septembre 2018

En passant dernièrement à Mende, je découvre avec surprise le nouvel aménagement du petit Square Emile Joly.
Suite à la tempête Zeus du 5 mars 2017 ayant renversé 2 des 3 trembles majestueux et emblématiques surplombant le foirail de Mende, la municipalité n’a pas tardé à remettre en valeur cet espace dévasté.
Les deux chablis ont bien sûr été évacués et le dernier tremble abattu (l’arbre avait-il été fragilisé par la tempête?). En remplacement, 3 arbres ont été plantés pour commémorer les 55 ans de la signature du Traité de l’Elysée entre le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer. Un bouleau a été choisi pour symboliser l’amitié franco-allemande et deux érables comme union entre les villes de Wunsiedel et Mende, jumelées depuis 1982.

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5 réflexions sur « Les trembles de Mende, Lozère »

  1. C’est vrai que c’est une essence peu représentée dans les inventaires, et pourtant il doit bien y avoir des spécimens du gabarit de ceux là, mais comme ce n’est pas énorme, il restent dans l’anonymat.
    Dommage pour l’amputation de l’arborétum au profit de constructions, comme d’habitude…

  2. En revoyant les photos de l’article, j’ai de plus en plus de doutes qu’il s’agisse vraiment de trembles… Le sommet du tronc est très blanc pour du tremble, c’est suspect…
    Ca pourrait être plutôt un peuplier grisard (P. x canescens), l’hybride naturel entre le tremble et le peuplier blanc. Mais il faudrait attendre le printemps prochain pour mieux examiner les feuilles pour en être plus sûr…
    Affaire à suivre !

  3. Une triste mise à jour à découvrir en fin d’article…
    L’une des victimes de Zeus… Il y a très probablement d’autres vénérables qui ont du souffrir de ces violentes rafales.
    🙁

  4. Dommage, je pense aussi qu’il aura d’autres mauvaises nouvelles, il y a énormément de dégâts, heureusement les plus vieux et rabougris résistent relativement bien du fait de leur port prostré.

  5. Une petite mise à jour en fin d’article :
    le nouveau visage du square Emile Joly, trait d’union de l’amitié franco-allemande 🙂 🙂 🙂

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