Au risque d’en décevoir certains, il ne s’agit pas d’un nouvel épisode du Gendarme de Saint Tropez… Par contre, je peux vous assurer que la vedette locale n’a rien à envier au célèbre Maréchal des logis Cruchot 😉
Vous découvrirez dans cet article que cette petite Gendarmerie auvergnate veille, sans le savoir, sur l’un des plus gros Catalpas de France !
C’est en feuilletant le livre de Georges Feterman (Arbres d’exception – les 500 plus beaux arbres de France) que mon attention s’est portée sur la présence d’un vieux catalpa près d’une gendarmerie. J’aime ces situations originales qui promettent un peu de piment au moment de la visite sur place…
Mais j’avoue que je n’étais pas franchement rassuré lors de mon passage au pied de ce vénérable Catalpa. Et je ne suis resté que quelques minutes, le temps de la prise des mesures et de quelques photos discrètement… « La peur du gendarme »… qu’un gendarme repère mon comportement suspect autour de l’arbre. Une inquiétude bien légitime car j’ai eu plusieurs mésaventures avec les forces de l’ordre par le passé lors de mes recherches arboricoles. L’une d’elle a même finie au poste en tant que suspect dans une sombre affaire de cambriolage alors que je n’étais qu’en mission de prospection pour un vieux châtaignier dans un lotissement… toute une histoire !
Sur le coup, je n’ai donc pas bien apprécié le caractère exceptionnel du Catalpa des Gendarmes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une circonférence record de 5,02m à 1,30m du sol (novembre 2018) et de 5,20m à la base du tronc.
Un tronc joliment bosselé, caractéristique de l’espèce, mais compliquant la prise de mesure de son tour de taille. Sa silhouette penchée, prête à s’effondrer, est aussi l’une des caractéristiques des vieux catalpas.
Sa hauteur est assez réduite (à peine 10m), mais ne correspond pas à ses réelles possibilités puisque son houppier est régulièrement taillé (dernière taille assez sévère cet hiver 2020).
Son état sanitaire est assez médiocre. On regrettera les nombreuses blessures qui ont entraîné une forte dégradation de son tronc. Un manque de respect évident pour ce vieillard aux dimensions exceptionnelles. La principale cause des blessures vient de sa position isolée sur un parking municipal. Cet emplacement est d’ailleurs très surprenant pour un arbre exotique plutôt habitué aux parcs des grands domaines privés.
N’ayant rien trouvé sur le web concernant l’historique du vieil arbre, j’ai alors contacté une association locale de sauvegarde du patrimoine (ASPAL-Lembron). Et bien que l’arbre fasse parti du paysage local, son histoire semble en revanche totalement méconnue. L’un des membres de l’association m’a juste précisé qu’il l’avait connu à l’entrée d’un petit parc privé. Et que dans les années 1960, il semblait déjà énorme. Puis le terrain a été vendu à la municipalité et aménagé à la fin des années 70 pour la construction de logements locatifs et de la Gendarmerie. De l’ancien parc privé, il ne reste aujourd’hui que ce vénérable Catalpa. Il a été fait mention également d’un « tilleul énorme » issu de ce même parc privé mais qui a été coupé ces dernières années.
Avec si peu d’éléments sur son historique, il est impossible d’en déduire sa date de plantation. On peut juste se baser sur ses dimensions pour tenter d’estimer un âge théorique.
Cette espèce originaire du Sud-Est des Etats-Unis (à ne pas confondre avec le Paulownia asiatique) est réputée pour sa grande vitesse de croissance… surtout dans son jeune âge ! Mais on rencontre rarement des Catalpas dans des dimensions gigantesques. Pourtant l’espèce est arrivée en Europe en 1754 et de nombreux exemplaires, toujours vivants, ont aujourd’hui près de 200 ans.
En farfouillant dans nos références actuelles (l’espèce est étonnamment peu présentée sur nos blogs arboricoles) le tour de taille du Catalpa des Gendarmes pourrait le faire passer pour un extraterrestre.
Celui qui s’en rapproche le plus est le monumental Catalpa breton de Pleudihen, présenté sur le blog par Mickaël et dont la circonférence est proche de 5m. Il pousse en revanche dans un environnement très différent et bénéficie des conditions favorables d’un parc privé pour laisser libre court à sa volonté de ramper au sol.
On peut aussi le comparer au vénérable Catalpa, âgé de 200 ans, planté dans la cour du Théâtre de Marie-Antoinette dans le Parc du Trianon à Versailles. Sa silhouette trapue est assez proche de celle du Catalpa de St Germain-Lembron et son tour de taille dans le même ordre de grandeur (4,80m mesuré en décembre 2019… article à venir prochainement 🙂 ). Lui aussi est dans un état sanitaire assez dégradé.
Au niveau des références européennes, aucun Catalpa n’a été enregistré dans de telles dimensions sur le site d’Arbres monumentaux… Surprenant !
En considérant ses dimensions exceptionnelles, on peut en déduire que le Catalpa des Gendarmes est âgé d’au moins 150 ans et fait parti des plus spectaculaires qu’il est possible d’observer en France !
Il mérite le qualificatif de « Monument végétal » et devrait à ce titre faire l’objet de beaucoup plus d’attention à son égard. Et tout particulièrement veiller à la circulation autour de ce vénérable, principale cause de son mauvais état sanitaire.
Le respect du stationnement et de la circulation… une mission de routine pour la gendarmerie toute proche 🙂
bonjour,
cet article m’a vraiment intéressé cet arbre est tout simplement magnifique étant un passionné de bonsaï j’ai admiré son tronc que vous avez très bien détaillé merci pour ce partage j’ai adoré
Il me semble qu’il y aurait quelque chose à creuser, à propos de ce catalpa, dans l’histoire des autres catalpas autrefois plantés place de Jaude à Clermont par un membre de l’expédition d’Egypte… Mais mon souvenir n’est que fugace, je ne retrouve pas son nom !
Comment ça les gendarmes ne seraient pas « fleur bleue » ?
C’est pourtant une couleur assortie à leur uniforme !
Et c’est une mission de tout repos que tu leur donnes car ils peuvent veiller sur ce vénérable ancêtre depuis leurs fenêtres et dresser contraventions à tour de bras, de quoi engraisser leurs quotas ! CQFD 😉
A part ça je ne vois pas du tout ce que c’est comme arbre le catalpa 🙁
ça fleurit comme le paulownia ?
Yves si vous passez par là on en a dans le Gard des catalpas ? Et où ?
Merci pour vos commentaires 🙂 🙂 🙂
@ Pascale Richard : je ne connais pas ces anciens catalpas de la Place Jaude à Clermont, effectivement ce serait intéressant de savoir s’ils avaient un lien avec celui planté à St Germain Lembron, probablement l’un des tout premiers plantés dans le département. Il faudrait retrouver le nom de l’ancien propriétaire du parc privé… ça ne semble pas simple.
Pour info, il y a un autre joli catalpa à Clermont Ferrand dans le squarre de la jeune résistance avec un tour de taille de presque 3m
@ Pat’ : du pain béni pour la Gendarmerie qui pourrait veiller sur le doyen de la commune depuis leur fenêtre 🙂
C’est vrai que Le Catalpa n’est pas courant dans le sud. La floraison est différente de celle du Paulownia mais il se reconnait facilement surtout grâce à ses fruits en forme de gigantesques « haricots verts » suspendus au bout des branches. Par contre, sans les fruits ou fleurs, la distinction avec le Paulownia n’est pas évidente (une histoire d’insertion des feuilles par 2 ou 3 pour les distinguer…).
J’ai regardé dans mes données arboricoles, effectivement je n’ai relevé aucun catalpa « remarquable » en zone méditerranéenne… Mais je suis sûr qu’Yves doit en connaitre quelques beaux exemplaires… il faudrait à nouveau parcourir ses 5 tomes et 2 annexes, ce serait étonnant qu’il n’en fasse pas mention dans ses listes d’inventaire 🙂
Un véritable équilibriste ce catalpa. Et quel tronc seigneurial !
Dommage pour le peu d’infos historique disponibles mais au niveau de son âge, on peut tabler sur plusieurs siècles non ? 🙂
Pourvu que les gendarmes veillent sur ce trésor. Je me demande si l’installation d’un étai serait envisageable. D’un côté, l’arbre n’en a pas vraiment besoin, au pire il finira pas ramper au sol mais toujours dans la vigueur. La question est : Avec la route à côté, ne faut-il pas freiner sa chute inexorable avant qu’il n’entrave la circulation ? :-/
Salut Aurélien,
« plusieurs siècles »… pas trop tout de même, puisque l’espèce a été introduite en 1754 en Europe et celui planté dans le Parc du Trianon à Versailles n’a que 200 ans. On pourrait donc tabler entre 150 et 200 ans pour celui de St Germain Lembron.
Concernant les mesures de protection à prendre, je connais peu le sujet, je ne sais pas ce qui lui conviendrait le mieux (étai, cerclage…). Pour le moment il vient de subir une taille très sévère de son houppier.
Mais il semble évident que ce vieil arbre devrait pouvoir bénéficier au minimum d’un périmètre de protection.
Beau sujet, mais je trouve qu’il mériterait quelques « soins ».
Dégager un peu d’espace à son pied ne serait pas superflu pour améliorer le sol et éventuellement un étai pour stopper son inclinaison, non pas parce qu’il ne survivrait pas, mais complètement couché il deviendrait gênant et il pourrait bien être abattu. En plus, cela permettrait de le laisser prendre du poids est donc de moins le tailler.
Merci Yannick pour tes conseils sur les mesures à prendre pour sécuriser et protéger ce catalpa hors-norme.
D’ailleurs, l’un des membres de l’association ASPAL-Lembron m’a fait suivre une photo prise ces derniers jours montrant le résultat d’une taille très sévère effectuée cet hiver… ça fait froid dans le dos…. 🙁
en réponse aux deux derniers coms, si la mairie de ce patelin auvergnat a un site en ligne peut-être qu’il faudrait les contacter pour leur donner directement des conseils d’entretien de leur catalpa vénérable ?
Bon d’accord en ce moment ils doivent avoir bien d’autres chats à fouetter….
Mais des fois Yves Maccagno le fait pour les mairies gardoises.
Après est-ce qu’il est écouté et ses conseils mis en application ????
Mais de quoi je me mêle hein ? (c’est un de mes nombreux surnoms 😀 )
Bonjour Pat’
j’ai fait suivre l’article à cette association locale de mise en valeur du patrimoine. Ils ont été enchantés d’apprendre que cet arbre était aussi remarquable et ont conscience qu’il mérite d’avoir plus de soin pour sa sauvegarde. Ils souhaitent intervenir auprès de la mairie pour trouver une solution pour sa mise en valeur bien que celà risque d’être compliqué vu sa localisation dans cette zone de circulation.
A suivre 🙂
Et puis c’est bien de se mêler des affaires des arbres, Pat’ ! Ils n’ont pas la parole, on est là pour les défendre 🙂
Super !
Longue vie au catalpa des gendarmes alors 😉
Bien bel dimension pour un spécimen qui effectivement a connu bien des déboires !
Il est vrai que ce n’est pas le site le plus plaisant pour visiter un arbre !
Je peux te comprendre par rapport a être réticent de trop s’attarder dans certaines zones. Je me vois explorer un tas d’endroits dans lesquels les accès paraissent un peu louches.. 😉
D’un autre côté, en se signalant en gendarmerie, je pense qu’ils auraient compris la démarche.
Pour ceux qui veulent en faire le tour sans se faire verbaliser et sans avoir besoin d’une attestation :
https://goo.gl/maps/nFUo5jk4drhknvCQ6