Les Cèdres du jardin des Vignaux à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)

L’engouement pour la petite station thermale de Bagnères-de-Bigorre remonte à l’époque romaine. Et de nos jours encore, la sous-préfecture des Hautes-Pyrénées jouit d’une grande notoriété dans le tourisme régional. C’est grâce à sa position centrale dans la chaîne pyrénéenne au pied de l’emblématique Pic du Midi et sur la route menant au Tourmalet, que Bagnères reste une étape touristique incontournable.
Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle possède également deux des plus gros cèdres répertoriés en France… Voilà qui devrait donner une raison supplémentaire à tous les amoureux des vieux arbres de faire une halte en Bigorre 🙂

Les parcs d’agrément destinés à la promenade des curistes ont toujours été intimement liés au développement des stations thermales. Pas de stations thermales sans un parc-arboretum aux multiples essences exotiques !
(NDLR : petite astuce pour tous les chasseurs d’arbres remarquables, repérez sur une carte les villages dont le nom se termine par « les bains », vous aurez la garantie d’y trouver des espèces exotiques souvent centenaires 🙂 ).
Et parmi les nombreux espaces verts que comptent Bagnères, c’est le Jardin des Vignaux le fleuron historique et le poumon vert de la ville.
L’histoire du parc est connue en détail et présentée sur le site web Patrimoines en Occitanie.
On y apprend que le nom « Les Vignaux » vient à l’origine d’une vigne plantée hors des remparts de la ville. Mais si certaines vignes peuvent vivre plusieurs siècles, inutile de rechercher celle des Vignaux, elle semble avoir disparu depuis bien longtemps 😉
Les premiers aménagements débutent avec le développement du thermalisme au XVIIème. Des alignements d’arbres sont plantés sommairement pour servir de lieux de promenade. C’est également à cette période que le jardin des Vignaux devient le 1er parc public de Bagnères de Bigorre. A l’origine il n’a la forme que d’un vulgaire pré carré où sont plantés des chênes et des ormes en alignement. Il est mentionné sur les anciens plans de la ville sous le nom de « Promenade des Vignaux ». Il prendra sa forme actuelle dans les années 1860 en suivant la mode de l’époque romantique et avec l’engouement pour les parcs-arboretum inspirés des jardins anglais. Il a pris pour modèle également le célèbre Jardin Massey de Tarbes.
La majorité des vieux arbres du parc datent de cette période.

La pièce maitresse de ce petit parc carré est constituée par l’ensemble des deux cèdres majestueux à l’arrière de la fontaine.
Ils sont mentionnés par une pancarte à leur pied en tant que Cèdre du Liban et Cèdre Déodar, mais de toute évidence il s’agit là d’une erreur. Tous les caractères botaniques font penser qu’il s’agit plutôt de l’espèce d’Afrique du Nord, le Cèdre de l’Atlas.
Bien éloignés de ce souci de nomenclature botanique, les nombreux badauds déambulant nonchalamment dans le parc restent émerveillés par ces deux cèdres aux dimensions gigantesques. L’effet de gigantisme est accentué par l’énorme bouquet de branches démarrant assez proche du sol. Une silhouette que l’on retrouve assez fréquemment chez le Cèdre et qui ne facilite pas la prise des mesures de circonférence.
A la hauteur officielle d’1,30m, l’un des cèdres affiche un impressionnant tour de taille de 7,82m (en 2019). Son compère en revanche doit être mesuré à une hauteur plus basse à cause du départ d’une grosse branche. Sa circonférence proche du sol à 0,50m est d’environ 9m.
Ce dernier présente une hauteur remarquable de 42m (proche des maxi connus pour cette espèce), tandis que l’autre est plus trapu avec une hauteur mesurée à 27m.
Leur état de santé à tous les deux semble excellent, ce qui laisse présager que l’on pourra encore profiter de leur majestueuse prestance pendant de nombreuses décennies !

le Jardin des Vignaux est représenté sur de très nombreuses cartes postales anciennes du début XXème. J’espérais pouvoir retrouver une vue intéressante des deux cèdres à cette époque mais la physionomie du parc a beaucoup changé depuis les cent dernières années. Le couvert était très dense et les représentations du jardin au début du siècle ne permettent pas de bien distinguer les deux cèdres gigantesques.


Quelques autres arbres remarquables de Bagnères de Bigorre

Dans le Jardin des Vignaux, un autre arbre beaucoup plus discret mérite aussi d’être signalé : Un Savonnier (Koelreuteria paniculata) avec une circonférence de 2,48m (en 2019). Sa belle floraison jaune estivale en fait une espèce fréquemment utilisée en ornement pour des alignements et dans les parcs. En revanche, il est exceptionnel de le rencontrer dans de telles dimensions (sa longévité est assez courte, moins de 150 ans). Ce savonnier a d’ailleurs été enregistré dans l’inventaire des arbres remarquables réalisé par la Maison de la Nature et l’Environnement des Hautes-Pyrénées.

Parmi les nombreux autres parcs (publics et privés) que comptent la petite ville thermale, on peut signaler :

Dans l’ancien Parc Pierre Latécoère : un cèdre de l’Atlas d’une circonférence de 6,50m et presque 40m de hauteur

Dans le Parc de l’Hôtel de ville : un Séquoia géant (circonférence presque 9m et hauteur 32m), un curieux Epicéa candélabre et un rare Sapin de Chine (Cunninghamia lanceolata d’une circonférence de 2,51m et hauteur de 20,5m).

Dans le Parc privé de la Villa Bonvouloir : un exceptionnel Séquoia géant d’une circonférence de 9,95m et 35m de haut)

Toutes les mesures datent de 2019

On remarquera que la ville est soucieuse de son patrimoine arboré et a réalisé un inventaire de toutes ses richesses qu’elle n’hésite pas à afficher sur ce panneau (les valeurs annoncées restent toutefois « discutables » 😉 ).

Share Button

7 réflexions sur « Les Cèdres du jardin des Vignaux à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) »

  1. Je me suis rendu au Jardin des Vigneaux en juin 2018 ; au télémètre laser Nikon Forestry Pro (méthode Sine 2 points), j’ai relevé les dimensions suivantes :
    Cèdre bleu de l’Atlas : 36,2 m ; circonférence 7,70 m (à 1,50 m du sol) ;
    Autre cèdre ; les aiguilles souples et assez longues (2 à 4 cm) évoquent Cedrus deodara mais le port trapu avec de grands  »plateaux », la teinte bleutée du feuillage et l’aspect des cônes font penser à Cedrus libani : 26,2 m, circonférence 6,85 m (à 1,40 m du sol) ;
    Micocoulier : 22,2 m, circonférence 3 m (à 1,40 m) ;
    Chicot du Canada : 20,9 m, circonférence 2,08 m (à 1,40 m) ;
    Savonnier : 18 m, circonférence 2,45 m (à 1,40 m).
    Outre ce parc, le séquoia géant de l’ancienne gare affichait en 2018 une hauteur de 37,2 m pour 6,85 m de circonférence.
    Le cèdre de l’Atlas du petit parc Latécoère faisait  »seulement » 34,8 m en 2018 ; je suis revenu le mesurer en 2020 et j’ai trouvé exactement la me^me hauteur, pour 6,46 m de circonférence.
    Tout près de ce dernier, j’ai mesuré 34,8 m également pour un cèdre bleu de l’Atlas du Collège Blanche Odin.
    L’orée du bois situé au-dessus de la rue du Général Menvielle, sur les hauteurs de Bagnères, possède de très grands bouleaux verruqueux, le plus haut affichant 32 m.
    Mais c’est tout près de là, dans une prairie srplombant la rue du Pont d’Arras, près du restaurant  »La Fontaine St Blaise », que se trouve le plus grand arbre de Bagnères : un Sequoia sempervirens de 50,5 m et 9,10 m de circonférence à 1,40 m du sol (mesuré en 2018).
    Enfin, le parking des Grottes de Médous, tout près de Bagnères, possède trois gigantesques épicéas, d’au moins 40 mètres.

    • Merci DBZT pour ce complément d’infos. 🙂
      Juste une petite question, pourquoi les circonférences sont prises à 1,40m du sol et non pas à la hauteur officielle d’1,30m ?

      Je ne passe pas très souvent dans ce secteur, mais je ne manquerai pas la prochaine fois d’aller voir ce Sequoia sempervirens de plus de 9m de circonférence, parmi les plus gros de son espèce connu en France. Merci pour l’info 🙂

      • Aurélien,
        Comme tu le sais, je reporte mes mesures sur le site Monumental Trees, où les circonférences sont généralement prises entre 1,30 m et 1,50 m, selon les cas (il semblerait en effet que chez les anglo-saxons, 1,50 m soit la hauteur  »officielle » (voir Monumental Trees) ; il est évident que mesurer trop bas la circonférence d’un arbre très évasé à la base est moins significatif que de la mesurer plus haut, lorsque le tronc devient plus régulier ; donc c’est selon les cas ; pour faire simple, je prends donc généralement mes mesures entre les deux, à 1,40, sauf si la forme du tronc impose de les prendre un peu plus bas ou un peu plus haut.
        Concernant le sempervirens (voir la photo et l’emplacement sur M.T.), ce n’est pas le plus gros que j’ai rencontré : il y en a un de 9,60 m de circonférence (et 46,4 m de haut) à Uhart-Mixe, au Pays Basque !

        • C’est sûr qu’à 10 cm près (à 1,30m ou 1,40m) ça ne change pas grand chose sur la prise de circonférence tant qu’il n’y a pas un empattement large comme ça peut être le cas sur les séquoias. Le plus important est de tenir compte des « défauts » du tronc à la base qui pourraient fausser grandement le tour de taille.

          Les séquoias sempervirens relevés sur arbres monumentaux en Béarn et Pays-Basque sont vraiment fabuleux 🙂 🙂 🙂 tant de merveilles à découvrir dans ce joli coin de France !

          Petite précision : nous sommes plusieurs reporters à écrire sur le blog, sur cet article ce n’est pas Aurélien mais Le Castor masqué 😉

  2. Super article. Ah ces cèdres, ce qu’ils peuvent être beaux et faire rêver, par leurs magnificences. Voilà une commune bien exemplaire, de se soucier de son patrimoine arboré.

  3. @Castor masqué : Wouah, décidément les villes thermales regorgent de beaux arbres exotiques ! Ces deux cèdres sont magnifiques et je pense que tu as raison sur le fait qu’il s’agit de cèdres de l’Atlas. Mention spéciale au beau savonnier qui sauf erreur de ma part, fait partie des plus gros de France. Heureusement que toi et DBZT êtes passés par là pour rectifier les infos erronées du panneau ! Merci pour cet article. 🙂

    @DBZT : Je suis très flatté que tu m’ai pris pour le grand Castor Masqué haha ! Mais nous sommes bien deux hommes distincts.
    Je profites des données que tu viens de nous transmettre pour te poser la question de ce beau séquoia sempervirens de Bagnière se plus de 50m de haut. Sur la photo, on ne se rends pas compte, s’agit-il d’un tronc unique où se divise-t-il en plusieurs tiges à un moment donné ?

  4. Il s’agit d’un tronc unique, et s’il se divise, c’est au moins à mi-hauteur ; je n’ai pas pu voir, car son feuillage est très dense et que je n’ai pas traîné sur place, étant dans une propriété privée (heureusement non habitée à ce moment-là).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.