Balade arboricole à Montpellier

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas de présenter à nouveau dans cet article les arbres-stars de la capitale languedocienne, déjà largement détaillés depuis des années dans nos différents blogs arboricoles : Le jardin des plantes et son Filaire boite aux lettres (ici), le Ginkgo imposteur (), le Ginkgo géant de la gare (ici), le Cèdre de Grammont (sur le blog du krapo) ou encore les Magnolias de la Promenade du Peyrou (ici).
Cette nouvelle balade montpelliéraine vous permettra de découvrir d’autres petits trésors dispersés dans les parcs et jardins et jusque dans le dédale des ruelles du centre-ville, à l’image de ce Cèdre bicentenaire, fraîchement labellisé par ARBRES en 2021, mais dont le public ne doit se contenter que de son houppier tabulaire dépassant des hauts murs de l’Hotel Deydé.
Puis en fin d’article, vous serez surpris en découvrant la dernière folie montpelliéraine. Il est désormais possible d’habiter dans un Arbre ! 🙂 🙂 🙂

Cèdre de l’Hôtel Deydé labellisé ARBRES en 2021, à peine visible au public

Commençons la balade arboricole par le centre-ville historique de Montpellier, où une large esplanade, aménagée au milieu du XIXème siècle pour la promenade, relie la Place de La Comédie au Corum. Renommée plus tard Esplanade Charles-de-Gaulle, quelques espèces exotiques sont âgées d’environ 150 ans et font l’objet de tous les soins par la municipalité afin d’offrir l’un des rares espaces de verdure du centre-ville.
Certains arbres sont même étiquetés à leur pied et ont été sélectionnés comme Arbre remarquable par la ville.
On peut signaler, parmi les plus intéressants, un Marronnier de 3,45m de circonférence, deux jeunes Schinus (Faux poivrier) près du plan d’eau et trois vénérables grenadiers sous forme buissonnante mais dans un état sanitaire un peu dégradé.
L’arbre le plus remarquable le long de cette promenade verte est, sans aucun doute, un majestueux Oranger des Osages au tronc magnifiquement veiné de lignes orangées avec un tour de taille de 3,83m. Une stature impressionnante qui n’a rien à envier au célèbre Oranger des Osages du Jardin des plantes, âgé de 200 ans de 4m de circonférence, mais en parti effondré au sol.

Sur les bords de la large avenue traversant le quartier de la Pompignane, on peut admirer, dans un petit jardin privé, un exceptionnel Néflier du Japon d’une envergure démesurée, peu habituelle pour ce petit arbre ornemental. Son pied se divise dès la base en trois grosses tiges et atteint une hauteur avoisinant les 15m. Sa floraison abondante en décembre est une aubaine pour les abeilles en cette période hivernale.

Le Zoo du Lunaret, installé dans un site préservé en pleine ville, sur une colline rocailleuse, est un lieu de promenade particulièrement apprécié par les enfants et les joggers (l’accès au site est gratuit 😉 ). Toute la végétation caractéristique de la garrigue est ici regroupée. Le chêne vert se mélange au nerprun et au filaire, et forme des taillis impénétrables.
Au centre du Zoo, près de la Tour de la Valette, un beau Filaire, probablement plus que centenaire, atteint une dimension de 1,20m de circonférence et présente déjà ces petites cavités qui ont fait la réputation du célèbre Filaire du Jardin des Plantes, transformé en boite aux lettres des amoureux.

Filaire à larges feuilles du Zoo du Lunaret, Tour de La Valette

Au pied de la colline du Zoo, la réserve naturelle des bords du Lez offre bien des surprises. Le bord de ce petit fleuve côtier, long d’à peine 30km, reste étonnamment sauvage lors de sa traversée de l’agglomération montpelliéraine.
On y trouve un splendide Cyprès chauve (près de 3,50m de circonférence), d’une hauteur de 30m, planté les pieds dans l’eau près d’une petite cascade.
Mais le plus surprenant est la présence d’ifs poussants de façon naturelle, spontanés, dans les zones les plus fraîches de cette forêt ripicole, à seulement 20m d’altitude! La présence d’ifs naturels dans ces conditions méditerranéennes est vraiment exceptionnelle. Ils ont probablement été dispersés à partir de plusieurs pieds d’ifs centenaires en amont du fleuve, plantés en alignement sur le domaine de La Valette, près du complexe Agropolis.

Une petite balade dans le parc de Grammont (déjà connu pour son Cèdre du Liban emblématique), offre la possibilité d’observer une espèce rarement plantée dans nos parcs et jardins. Un Cyprès du Bhoutan (ou cyprès du cachemire) est splendide avec ses rameaux pendants de couleur vert-glauque caractéristique. Si dans son aire d’origine en Himalaya c’est une espèce géante pouvant atteindre plus de 50m de hauteur et planté symboliquement près des temples, il présente dans cette garrigue languedocienne des dimensions beaucoup plus modestes d’une circonférence d’à peine 1,50m et 15m de hauteur.

Et pour finir cette tournée arboricole, voici l’Arbre Blanc, la dernière folie de Montpellier, une nouvelle construction à l’architecture délirante qui a pris place en 2019 près de l’Hotel de Région au bord du Lez. Le genre de bâtiment inclassable, haut de 50m, sorti tout droit de l’imagination de Sou Fujimoto, un architecte japonais.
Cette construction surprenante a été élue plus beau bâtiment du monde, dans la catégorie « Immeuble résidentiel » en 2020 par le site spécialisé en architecture ArchDaily.


l’Arbre Blanc peut être considéré comme le cœur de cette forêt qu’est Montpellier capitale méditerranéenne.

« Habitez dans un Arbre », c’est la promesse faite à tous ceux qui veulent s’installer dans cet Arbre Blanc (il faut tout de même compter un prix moyen de 5500 euros le m² en moyenne)…

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4 réflexions sur « Balade arboricole à Montpellier »

  1. Belle balade arboricole! Bravo Castor et merci de faire vivre le blog, sur lequel je ne redouble pas d’activité, il faut que je prenne la résolution de faire quelques articles cette année!
    Concernant l’Arbre Blanc, j’aurais plus l’impression de vivre dans une énorme pomme de pin, ou un ananas que dans un arbre! En espérant qu’il soit persistant, ce serait plus qu’ennuyeux qu’il perde ses balcons à l’automne!

  2. Et bien ça fait voir Montpellier sous un autre angle.
    Et pour les délires immobiliers il doit y avoir un concours de lancé dans les villes du Sud. Arles se défend pas mal avec sa propre « mocheté ».
    Le rapport avec les arbres ?
    En tout cas bien trouvé Yannick le parallèle entre les feuilles et les balcons qui tombent à l’automne !

  3. Merci pour vos commentaires 🙂
    Bien vu la ressemblance avec la pomme de pin et les balcons « feuille ».
    J’avoue avoir eu du mal à comprendre l’explication de ce nom « Arbre blanc ».
    La première fois que je l’ai vu, j’ai cru que c’était une multitude de plongeoirs pour sauter dans le Lez, lol !
    Apparemment il ne faut pas chercher la ressemblance dans la forme du batiment mais dans sa position dans l’agglomération, l’Arbre Blanc est « le cœur de cette forêt qu’est Montpellier »… d’après l’architecte Sou Fujimoto… pas tout compris, peut-être toute la subtilité de la symbolique japonaise qui nous échappe… Il aurait pu d’ailleurs pousser son idée en entourant son Arbre blanc d’une plantation de ginkgos pour aller plus loin dans sa thématique de l’arbre.
    En tout cas, c’est le genre de bâtiment fascinant, mais au final dans lequel on n’aimerait pas trop habiter 😉

  4. Bonjour,
    Beaucoup d’arbres intéressants à Montpellier, mais je voudrais signaler une rareté, Pinus gerardiana, un pin proche du Pinus bungeana bien connu.
    Pinus gerardiana se trouve dans l’ouest de l’Himalaya, alors que Pinus bungeana provient de Chine. Les deux arbres se ressemblent beaucoup.
    En me promenant dans le petit jardin au chevet de la cathédrale, j’avais repéré un beau pin avec cette écorce si caractéristique. Il était étiqueté « Pinus bungeana », mais en examinant l’arbre, en particulier les cônes, j’ai vraiment douté. En cherchant dans la littérature, j’ai pensé qu’il pouvait s’agir de Pinus gerardiana. Mais je ne suis pas un spécialiste, seulement un amoureux des arbres.
    Quelque temps après je suis repassé par Montpellier et j’ai fait le tour traditionnel du jardin botanique et là je repère un pin tout à fait similaire à celui de la cathédrale. Celui là était bien étiqueté « Pinus gerardiana ».
    En fait il est fort probable que les deux pins ont été planté ensemble, un dans le petit jardin de la cathédrale, l’autre dans le jardin botanique.
    Pour finir, le livre « Guide du patrimoine botanique en France » de JP Demoly et F Picard, signale un seul Pinus gerardiana », en Gironde.
    Cordialement

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