Le Jardin Botanique de Pise (Italie)

L’Italie possède une telle variété géographique (climatique, topographique…) que le pays doit regorger, de toute évidence, d’une multitude d’arbres merveilleux… D’ailleurs, tous les passionnés d’arbres connaissent les photos du célébrissime Châtaignier des cent-chevaux en Sicile et des incroyables Oliviers millénaires sardes.

Mais quelle est la vraie richesse arboricole de l’Italie ? Les publications à ce sujet sont très rares et même nos blogs arboricoles restent muets sur les merveilles italiennes…

Avec cet article, je vous propose de lancer une nouvelle série « Spéciale transalpine » pour s’intéresser enfin aux arbres italiens. Et je vous assure que le potentiel arboricole est vraiment TI-TA-NESQUE et pourrait bien surprendre les chasseurs d’arbres français les plus exigeants 🙂

Débutons cette série italienne par une visite du Jardin Botanique de Pise, véritable Institution dans le monde des plantes, puisqu’il s’agit du plus vieux jardin botanique au monde !
L’Orto botanico di Pisa a été créé en 1543 par le médecin-botaniste Luca Ghini (quelques dizaines d’années avant celui de Montpellier 😉 ). Il a été déplacé à plusieurs reprises et se trouve à son emplacement actuel depuis 1591.
C’est un vaste jardin clos de 3 hectares en plein centre-ville et à 5 min. à pied de la célèbre Torre pendente.
Alors, année 1591… rapide petit calcul… donc potentiellement des arbres âgés de plus de 400 ans, super ! 🙂
Mais fausse joie, la réalité est quelque peu différente… Le petit dépliant distribué à l’entrée casse immédiatement le mythe, il annonce que les deux plus vieux arbres du jardin ont été plantés en 1787 (240 ans 🙁 ) il s’agit d’un Magnolia grandiflora et d’un Ginkgo.
Il est annoncé aussi une richesse de plus de 4000 plantes réparties en sept secteurs dont une partie spécial Arboretum (séparé en trois secteurs dont je n’ai pas compris les différences).
Alors par cette belle journée automnale et après avoir perdu beaucoup trop de temps sur la place du Duomo, je me précipite dans les trois zones dites « Arboretum ».
J’apprécie les nombreuses étiquettes d’identification et certains panneaux explicatifs apportent de bons compléments d’information sur l’historique de l’arbre et les particularités de l’espèce.
Mais au bout d’une heure d’errance dans le parc à sautiller d’étiquettes en étiquettes, il faut avouer que mon enthousiasme du début a fait place à une certaine déception… Honnêtement, je m’attendais à trouver des trésors beaucoup plus exceptionnels, à la hauteur du « plus vieux jardin botanique du monde ». Mais finalement, à peine une dizaine d’arbres ont excité ma curiosité de chasseur d’arbres.
Beaucoup d’essences me semblent trop « ordinaires » et j’ai du mal à comprendre leur place dans un jardin botanique aussi prestigieux.
Pour cet article, j’ai sélectionné quatre arbres qui, pour le coup, sortent vraiment de l’ordinaire… l’ordinaire de nos jardins à la française.


Araucaria bildwillii
Une espèce rarement observable en France et réservée aux emplacements les plus privilégiés de notre littoral méditerranéen.
Sur une petite pelouse, trois A. bildwillii ont été plantés en 1872, ils sont dans un état sanitaire excellent et forment un très bel ensemble de près de 30m de haut. Leurs circonférences dépassent 3m, soit plus d’un mètre de diamètre. Ils font parti des plus vieux Araucaria bildwillii plantés en Europe.
Ce sont des curiosités de la nature, des Araucarias non pas originaires des Andes mais d’Australie, nommés Bunya-bunya. Des arbres fossiles présents sur terre depuis 200 millions d’années.

Le Chêne de Virginie (Quercus virginiana)
Un chêne américain magnifique, connu sous le nom de southern live oak, emblématique par son port tortueux surmonté de puissantes charpentières, que je n’ai jamais eu la chance de rencontrer en France.
Celui-ci a été planté en 1829, presque 200 ans, et a bien pris la silhouette magistrale typique de l’espèce. Son état sanitaire semble satisfaisant au premier abord, mais la présence d’un redoutable pourridié racinaire, fructification d’Inonotus dryadus sur les grosses racines superficielles n’est pas très engageant pour son avenir.
Un tour de taille de presque 5m et une hauteur d’environ 25m.
Un second Q. viriginiana est également présent dans le parc.

Le Camphrier (Cinnamomum camphora)
Une espèce rarement plantée dans nos parcs français, elle résiste pourtant assez bien au froid (environ -8°c). Quelques beaux exemplaires en zone méditerranéenne, mais je n’en avais jamais vu d’aussi majestueux et avec des racines aussi démesurées. Il a été planté en 1872 et semble bien s’accommoder de la proximité du mur d’enceinte. Un puissant parfum de camphre se dégage de ses feuilles toujours vertes et du bois. Sa circonférence, au-dessus des grosses racines, atteint presque 4,50m.

Ginkgo biloba
Rien d’exceptionnel au premier abord, un vieux Ginkgo dans un vieux Jardin botanique. On pourrait même dire que c’est terriblement banal… si encore c’était un pied femelle, juste pour le fun, mais pas de chance c’est un pied mâle.
Mais ce qui a retenu mon attention, c’est sa date de plantation : 1787.
Alors forcément, j’ai eu une pensée émue pour notre célèbre Ginkgo de Montpellier planté en 1788. Voilà de drôles de similitudes avec ce ginkgo italien, d’un an son aîné et planté dans le plus vieux jardin botanique au monde.
Malheureusement, je n’ai pas trouvé l’historique de l’exemplaire du jardin de Pise, il doit malgré tout être probablement parmi les plus vieux ginkgos d’Italie.
Et en terme de dimensions, la comparaison est nettement en faveur de celui de Pise : 4,62m de circonférence, soit près de 2m de plus que celui de Montpellier !

4 réflexions sur « Le Jardin Botanique de Pise (Italie) »

  1. Je te comprends, bien qu’il y de superbes arbres, on reste un peu sur notre faim!
    Oui, l’Italie est extrêmement riche en arbres exceptionnels. Entre bien d’autres il existe des houx, des hêtres et des érables énormes dans certaines zones montagneuses. Il y a aussi pas mal de chênes, mais apparemment ils n’atteignent pas de circonférence vraiment importantes, néanmoins il y a quelques sujets célèbres au ramures extraordinaires.
    Je suis quelques italiens passionnés sur Facebook, qui nous dévoilent des pépites!

  2. Coucou Christophe…….magnifique visite MERCI
    Ah, Pise, la ville où la verticalité a définitivement perdu la cote ! Peut-être que certains arbres, pris d’une soudaine inspiration locale, ont tenté de pencher à leur tour pour rivaliser avec la célèbre tour… Malheureusement, sans grand succès, ce qui expliquait l’absence de ces individus vénérables tant attendus.

    Quant au ginkgo, malin comme il est, il semble avoir trouvé la parade : se coller discrètement contre le mur, au cas où il aurait un petit coup de mou. On ne sait jamais, la gravité n’est pas tendre dans cette région …..Thierry

  3. Ah ! un peu de dépaysement bienvenu !
    Je suis partante pour la balade arboricole italienne.
    Et sinon la dernière photo m’interpelle : c’est quoi ? 😉
    (A l’attention de Yannick : je vois que tout le bazar d’identification sous les commentaires a changé, je teste on verra si ça fonctionne maintenant 😉 )

  4. Bonjour à tous,

    Une belle visite tout de même !
    Oui je connais aussi ces faux espoirs ou petites déceptions quant aux effets d’annonces et à la réalité du terrain.

    Les sites d’accueil en jardin botanique, parc ou jardin ont souvent une histoire à analyser. De l’origine à l’actuel emplacement, des fois une multitude de changement se sont faits pour diverses raisons. Des plantations échelonnées et aussi des gestions qui n’ont pas sauvegardé au mieux les vieux arbres et pas suffisamment renouvelé le patrimoine arboré.

    Fouillez tout de même ici et là (effectivement de vrai pépites):

    https://www.monumentaltrees.com/fr/ita/

    (trouvé grâce à Yves dans son dernier addendum)
    https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1tLHZ2paaloRnSssDTWUoP43nSJIhdBc&ll=44.244097169378136%2C17.880745468749996&z=6

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