Aux arbres, citoyens

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L’Homme a trouvé la victime idéale pour exposer ses idéaux et démontrer son courage : s’en prendre aux arbres ! Comme s’ils pouvaient dire ou faire quoi que ce soit ! Honteux !

Le 29 mars 2013, un jeune homme se revendiquant de France action jeunesse (FAJ) – une faction royaliste proche de l’extrême droite – abattait à Berthenonville dans l’Eure « l’arbre de la liberté ». Le chêne avait été planté en 1989, lors des commémorations du bicentenaire de la Révolution. Revenons sur les faits (article de journal en ligne par ici).

Armé d’une tronçonneuse, le jeune homme décapite aux deux tiers l’arbre qui s’effondre ensuite rapidement. Le maire de Berthenonville porte plainte et le bûcheron en herbe est renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Evreux. Lui sont reprochés la destruction d’un « bien destiné à l’utilité ou à la décoration publique », selon les termes juridiques.

Chêne abattu (1)

À la barre du tribunal d’Evreux, le militant royaliste trouve ainsi une tribune pour expliquer son geste. Le 29 mars est la date anniversaire de l’exécution du général Charette, héros de la guerre de Vendée. La commune a été choisie car le département de l’Eure aurait été particulièrement touché par les lois d’extermination des Vendéens…

« C’est un geste symbolique. Ma famille a été touchée par le génocide vendéen. Je suis comme ceux qui ont du mal à passer devant un camp de concentration alors que leur famille a été touchée par l’extermination nazie. J’ai voulu supprimer cet arbre car il représente pour moi une insulte et une provocation insupportable alors que le génocide vendéen n’est toujours pas reconnu. D’autant que ce génocide a été la matrice d’autres génocides » explique-t-il aux juges. Son avocat plaide quant à lui la relaxe : « Un arbre sur le domaine communal fait partie des res nullius – choses non appropriées – comme le gibier ou les végétaux. Il n’est pas destiné à l’utilité publique et n’est pas protégé de par sa nature. »

L’avocat ajoute que le tronc n’ayant été scié qu’aux deux tiers, ce sont en fait les gendarmes, dépêchés sur place pour finir l’abattage, qui ont signé l’arrêt de mort de l’arbre ! Le procureur de la République requiert toutefois une peine de prison de deux mois avec sursis et 1000€ d’amende. Après un mois de délibéré, le jeune royaliste écope d’une amende : 3000€ dont 2500€ avec sursis. Il devra également indemniser la mairie de Berthenonville à hauteur de 800€. Par ailleurs, la condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire, vierge jusqu’à présent.

Chêne abattu (2)

Mais malgré cette clémence des magistrats ébroïciens, le jeune homme a décidé de faire appel. Il sera jugé lundi 3 novembre, l’occasion d’une nouvelle tribune pour dénoncer un jugement qu’il estime «injuste et indécent ». Le jeune homme veut toujours la reconnaissance du « génocide vendéen » et persiste et signe dans un communiqué : « j’ai également commis cet acte pour m’attaquer à ce que Reynald Secher (éditeur, écrivain, scénariste spécialiste de l’histoire de la Vendée) nomme le «mémoricide », c’est-à-dire la volonté des responsables de ce génocide de nier et de relativiser leur crime allant même jusqu’à faire passer les Vendéens pour des bourreaux. »

Le site de FAJ a consacré un article à cet acte de « bravoure » (voir ici), et les commentaires écrits en dessous ne laissent guère la place aux sentiments.

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Voici donc selon ces royalistes un acte courageux, perpétré par un homme courageux… On aura tout vu.

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17 réflexions sur « Aux arbres, citoyens »

  1. Tout dans cette histoire est affligeant et vraiment déprimant :
    L’acte en lui-même, la motivation du geste, la défense de l’avocat, la condamnation ridicule, le relais du geste sur ce site extrémiste…

    Bon Damien, trouve nous rapidement un sujet qui nous ramène toute la joie que nous procure nos vieux arbres si attachants ! J’ai besoin d’essayer d’oublier ce geste aussi lâche et jugé avec une telle légèreté par nos tribunaux…

  2. Triste histoire…
    Cela me rappel l’abbé Guillotin (celui qu a donné son nom au chêne de Concoret), qui relate dans ses registres, que durant la révolution française, les républicains ont planté, à plusieurs reprises, des arbres de la liberté dans le cimetière de Concoret, qui étaient nuitamment mis à terre par les troupes royalistes…

  3. Quelle bêtise sans nom de s’attaquer à un arbre au nom des guerres de Vendée. De plus à un chêne, quand on sait qu’ils furent les protecteurs des Vendéens. Pour mémoire :
    http://krapooarboricole.files.wordpress.com/2008/02/arbres-creux-et-guerres-de-vendee.pdf
    L’ignorance est vraiment la plaie de nos sociétés qui se croient si civilisées. Vendéen de naissance et de cœur, je m’insurge devant un tel acte au nom de mes ancêtres.

  4. Une preuve de plus que les arbres et les hommes sont étroitement liés.
    Merci Y@nick pour le lien vers l’article de Jean Loïc le Quellec qui m’avais échappé.

  5. Le jugement en appel a été rendu hier, le réquisitoire est plus sévère qu’en première instance et le délibéré sera rendu dans un mois si tout va bien.
    Ce second jugement a confirmé les motivations stupides de l’activiste, qui s’est une fois de plus épanché de haine envers tout ce qui touche à la liberté.
    Le juge a demandé au jeune homme pourquoi il s’était attaqué à un arbre, plutôt que de débattre par le dialogue de ses convictions.
    Il a répondu avec un dédain certain que c’était uniquement pour créer le « buzz » sur internet et ainsi se faire médiatiser.
    D’autant qu’un arbre de la liberté comme ce chêne n’est protégé par aucun texte de loi spécifique. Il ne risquait donc presque rien en pénal et à peine plus en civil.
    Une victime innocente et silencieuse a fait les frais d’un jeune imbécile en manque de sang bleu. Quel bel exemple pour notre jeunesse et notre pays.
    Merci à vous tous d’avoir eu de la compassion pour ce pauvre chêne.

    • Si c’est uniquement pour créer le buzz, j’espère que cet article passera inaperçu et n’ira pas donner des idées à d’autres mal heureux . Car si j’ai de la « compassion » pour ce chêne, j’en ai surtout pour ce pauvre jeune homme. Sa vie doit être bien triste pour en arriver à un tel acte gratuit.

      • Beh moi je n’arrive pas à le plaindre…
        Sur la vidéo Youtube associée à l’article on sent toute sa détermination, il s’épanche durant plusieurs minutes dans un monologue sans jamais bafouiller ni hésiter.
        Ce jeune homme n’est pas un pauvre garçon paumé qui s’ennuie.
        C’est un jeune homme motivé par un idéal, et qui veut à tout prix avoir une tribune pour faire parler de lui et de son groupuscule.
        Hier il écrivait des articles haineux envers la France ;
        Aujourd’hui il a abattu un arbre et s’en vante devant tous ;
        Demain, que fera t-il ?..
        Non, je ne peux pas le plaindre, il a lui-même tracé sa voie

        • Pas si évident qu’il ait lui même tracé sa voie.

          « L’homme n’est pas linéaire, mais tout en déploiement, en ramifications. C’est un arbre. »
          Théodore Monod, Le chercheur d’absolu, 1997

          Nous ne sommes que le résultat de notre éducation. Et je ne suis pas sûr que nous soyons égaux en ce domaine dans notre pays.
          Essayons alors de nous rattraper sur la fraternité. Ne pas avoir de compassion, voir de pardon, c’est se comporter de la même façon que ce qu’on lui reproche.
          Alors non, je ne suis pas comme lui, je n’ai aucun esprit de vengeance et oui je préfère le plaindre. En tant que Vendéen, il y a bien longtemps que j’ai pardonné les responsables (qui sont où d’ailleurs aujourd’hui ?) du génocide. Et le jour ou Turcs et Arméniens, Israéliens et Palestiniens en feront autant, la vie sera bien plus belle et plus simple.

  6. Falais l’oser !
    Couper un arbre juste parce qu’il à été planter pour quelque chose en lui faisant un « procès » (sur le site de la faj ça ce vois : il ne sont pas tout là) et vouloir aucune peine (c’est une peine minuscule alors en plus !) c’est inverser la victime (le chêne) et le coupable (le jeune homme).faut quand même avoir le culot !

    Ça peut être bien de lutter contre un génocide mais si c’est pour couper un arbre car il sont ‘une insulte insupportable pour ce crétin » autan ne rien faire on sauvera un arbre (qui est vivant).

    • Merci Kenzo, j’ai vu votre commentaire sur la page et j’en ai ajouté un autre entre deux. Autant leur faire savoir que l’on désapprouve ce geste. Dans le lot, peut-être qu’un ou deux se ralliera à notre cause…

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