Il est des ifs qui impressionnent, quand bien même ce n’est pas le plus gros ou le plus haut que vous ayez vu. Tel est le cas avec ce spécimen de six mètres et dix-sept centimètres de tour à 1m30 de hauteur. Son tronc, très massif et très haut lui confère une allure imposante ; et sa présence « écrase » tout ce qui se trouve autour de lui.
L’église est très ancienne, elle remonte au XIIème siècle. De cette époque nous parvient la façade ouest, qui a la particularité d’être en pierre de travertin ; une roche calcaire avec des cavités parfois garnies de cristaux. Le joli portail, simple et plus récent, est de style roman.
Si du côté de l’église le houppier paraît quelque peu désorganisé, côté chaussée l’if ressemble plutôt à un gigantesque as de pique en raison de la répartition générale des rameaux.
Sous sa généreuse frondaison, il fait très sombre et prendre des photos en ce début de soirée nuageux n’est guère commode. Tout est démesuré avec ce Taxus, on se sent tout petit, insignifiant et pour tout dire, bien peu de choses ! Des plaques de métal sont disposées à plusieurs endroits, sur ce qui semble être des moignons d’anciennes charpentières et des entrées de cavités (voir ci-dessous).
Mis à part ces quelques affres du temps, logiques pour un si vieil arbre, notre ancêtre est en pleine forme et resplendissant de beauté. Son fût droit, cannelé et noueux est parsemé de profondes rides qui lui procurent élégance et puissance. Ses branches, quoique petites pour un tel géant, lui garantissent un houppier équilibré tant en hauteur qu’en largeur. Son axe central est également très robuste, et termine le tronc en s’amincissant progressivement. La forme générale de l’arbre (dont j’ai dit en début d’article qu’elle rappelait l’as de pique), est certainement significative d’un Taxus n’ayant pas perdu la tête avec le temps.
Que dire de plus si ce n’est que j’ai passé la moitié du temps nécessaire au reportage les yeux vers le ciel, et l’autre à contempler cet imposant et majestueux tronc [1] [2]. Yannick sera sûrement d’accord avec moi, un if comme ça fait songer à ceux que l’on peut découvrir dans la campagne anglaise [3], nichés dans les cimetières les plus anciens et reculés d’Albion.
Pour parachever sur ce champion normand, je vous présente deux anciennes cartes postales de la rue principale de Duranville, la route de Paris, où le Taxus est reconnaissable. On remarquera l’évolution de la chaussée et de l’architecture à mesure du temps qui passe. Celle de gauche est cachetée de 1909, celle de droite doit dater des années 20. L’if est déjà imposant, son houppier dépasse nettement les bâtiments et est bien vigoureux. Il devait déjà être multi-séculaire à l’époque et a encore de beaux siècles devant lui avant d’entamer sa sénescence.
Enfin, l’if figure sur la « Liste des sites et monuments naturels classés sous le régime de la loi du 21 avril 1906 et reconnus par la loi du 2 mai 1930 [loi codifiée aux articles L. 341-1 et suivants du code de l’environnement] – Commune de Duranville, if situé dans le cimetière ».
Localisation par ici
Il est superbe, la seconde et la quatrième photos corroborent parfaitement ton ressenti!
Hé oui certains coins de Normandie présentent des similitudes avec l’ambiance british!
énorme, éblouissant…
Un bel if, une belle circonférence, bien situé au milieu du cimetière,il est taillé pour vivre encore longtemps.
Superbe ! Merci
Au fait Damien, j’ai pris en photo un tilleul bipède à Falaise, veux-tu le rajouter à ton article de curiosités?
Pourquoi pas, moi je veux bien 🙂
Sauf si en triant tes photos tu as de quoi toi-même faire un article sur les curiosités que tu auras découvert ! Pas de souci pour joindre ton inclassable aux miens autrement 🙂