Cela faisait déjà pas mal de temps que j’avais promis à Sylvain Houlier une « sortie arboricole ».C’est probablement lors d’une « rencontre sylvagraire » qu’il m’a parlé pour la première fois de ce fameux châtaignier non loin de chez sa tante. Je me demandais bien alors où il pouvait se cacher car je connaissais bien ce coin à chirons pour l’avoir arpenté en long et en large et ne me souvenais pas y avoir aperçu de gros châtaigniers. Déjà le nom du lieu ne me disait rien et semblait bien improbable, « La cigale ». J’en ignore l’origine, mais pour trouver cet insecte chanteur en Gâtine, il faut se lever tôt.
Pourtant, le déplacement en valait la chandelle. Avec son tronc court et boursouflé, le vieux châtaignier de la Cigale parait vraiment imposant. Le tronc principal au dessus du point de greffe a beau être aujourd’hui complètement mort,une couronne de grosses branches en pleine santé lui donne une belle allure générale. Coté circonférence il n’a pas à rougir avec 8,29 m à 1,30 et 7 m au plus creux, il doit rentrer dans le top 10 départemental.
Merci Michèle pour la ballade et ta délicieuse galette des rois. Merci Sylvain pour cette belle découverte et pour tes merveilleuses « Rencontres Sylvain-graires » comme les a rebaptisées Dominique Mansion.
Cet arbre se trouve sur une propriété privée et ne se visite pas.
__________________________________________________
Aparté « on ne nous dit pas tout » :
Sur le chemin du retour en compagnie de Michèle, la tante de Sylvain, un panneau à l’entrée d’un verger de pommiers attire mon attention.Celui-ci affiche une belle pomme avec une petite coccinelle et un slogan Vergers écoresponsables. Naïvement je me dis qu’ici on produit du bio. Mais la mousse qui coule dans le ruisseau à même pas 5 mètres du panneau commence à me faire douter ! Un peu plus loin un stock de bidons de produits phytosanitaires dans un hangar de l’exploitation rajoute alors à notre scepticisme. Comment peut-on abuser de notre crédulité avec ce logo arborant une coccinelle et ce slogan d’écoresponsable !
Je promis donc à Sylvain de me renseigner à ce sujet.
Voici donc les informations que j’ai pu glaner auprès de Benoit, un vrai producteur de pomme bio:
–
–
Pour répondre à tes questions, ………………………………………………… je vais te faire un résumé:
Un verger écoresponsable est un verger engagé avec un cahier des charges précis et notamment celui d’être en PFI (production fruitière intégrée).………………………………………….: ils respectent le cahier des charges dans lequel ils se sont engagés sous réglementation « nature choice », « globalgap », etc.
Mais sous cette belle étiquette ou cette belle image, la vitrine n’est pas si brillante qu’elle ne le fait croire, je m’explique:
La vraie définition de l’agriculture raisonnée ou intégrée est de justifier une intervention phytosanitaire par une observation. mais qui fait l’observation ? L’arboriculteur lui-même, il est donc facile d’observer un insecte ou une maladie imaginaire pour justifier son traitement.
Normalement, l’observation se fait en fonction d’un seuil de tolérance. Par exemple 10% d’acariens, 5% de pucerons, etc. Si on dépasse ces seuils, on peut justifier le traitement mais si on ne dépasse pas il ne faut rien faire. les producteurs seraient en règle générale d’accord de respecter ses schémas mais les firmes phytosanitaires exercent des pressions sur les fournisseurs de produits phyto et les techniciens pour qu’ils fassent peur au producteurs. De cette façon, les producteurs ne prennent aucuns risques, modifient leurs observations en augmentant les chiffres pour justifier l’intervention phyto.
Je ne sais pas si tu m’as bien compris car il y a beaucoup de chose à dire.
Que dire aussi des DAR (délai avant récolte) des produits qui ne sont pas toujours respectés !
Que dire aussi des DRE (délai de réentrée) 6H, 24H, et 48H qui sont très rarement respecter après l’utilisation des pesticides !
Que dire aussi des ZNE (zone de non traitement) le long des cours d’eau, etc.
Que dire aussi des traitements effectués avec des vents > à 19 km/h !
Que dire aussi des mélanges des produits phyto qui sont interdits et qui sont de vrais coquetels molotovs !
Voilà, je suis fatigué de tout ça car personne n’écoute et c’est toujours la course à l’argent.
Rassure toi Benoît, je t’ai écouté et entendu et en plus je transmets le message. L’image inoffensive de cette petite coccinelle et l’effet rassurant du mot écoresponsables me semblent bien écornés maintenant.
Il est formimi ce châtaignier !
Un vrai colosse discret.
Finalement le porte-greffe semble s’être débarrassé de son hôte, mais ça lui réussit on dirait.
Merci pour cette découverte, Yanick et également pour la mise au point de vocabulaire.
A côté de chez mon père, il y a pleins de pommiers. Quand j’étais petits il y avait régulièrement des traitements et je me souviens encore de mes parents qui me demandaient de rentrer alors qu’il faisait si beau dehors.
Je ne comprenais pas. Maintenant, (20 ans après) mon père en est à compter les passages de tracteur : il y en a BEAUCOUP plus qu’autrefois ! Avant la pluie, juste après par vent ou pas, tous les 3 jours… C’est n’importe quoi et en plus il n’y a plus d’abeilles dans le secteur donc pas de récolte en fin de compte. Le jardin de mon père est planté de nombreuses variétés d’arbres fruitiers et n’est jamais traité par lui. Mais il n’est absolument pas BIO puisqu’arrosé en permanence depuis le verger voisin. Suivant les saisons de floraison des arbres il a des fruits ou il n’en a pas et c’est directement lié aux périodes de traitement…
sic….
Vraiment très beau ce vieux châtaignier, une belle lumière.
Malgré un ‘léger traumatisme’ il a su reconstituer un magnifique houppier !
Colossal ce châtaignier !
J’imagine ta joie de trouver un arbre de plus de 8m de tour dans un secteur que tu avais déjà bien parcouru.
Mais c’est vrai qu’il n’est pas très haut et qu’il peut se confondre avec la haie à proximité surtout en feuille.
La dernière photo avec ces couleurs chaudes illuminent magnifiquement le colosse et ses deux protagonistes à ses pieds, extra !!!
elle mériterait de paraitre dans un calendrier 😉
pour la suite de l’article sur les profiteurs et les dérives de la vague écolo ce sont malheureusement des réalités bien trop fréquentes… 🙁 écœurant !
Il a la forme l’ancêtre!
Peut-être que les fourmis sauront mieux tirer partie de sa fructification que la cigale!
Après un green washing, il faut bien rincer un peu la mousse dans l’eau claire du ruisseau!