Entre Ventoux et Lubéron, Lioux est un village plein de charme coincé au pied d’une immense falaise. Il fait partie des plus beaux villages du Vaucluse et les touristes sont nombreux à venir le visiter. La plupart d’entre eux poursuivent ensuite leur route vers d’autres villages typiques du Lubéron. Pourtant, juste au-dessus du hameau, un joli petit coin de paradis mérite aussi le détour. Il faut emprunter une route minuscule, longer la falaise de la Madeleine pour déboucher enfin sur le plateau d’Eyrolles.
Entre petites parcelles agricoles, champs de lavande et troupeaux de moutons, le visiteur devrait être rapidement séduit par cette ambiance typiquement provençale.
Et l’amateur de beaux arbres devrait être comblé ! De vénérables amandiers, pommiers et pruniers ponctuent ce paysage rural.
Commençons la tournée par ce magnifique prunier. Il est isolé des autres fruitiers et se trouve en bordure d’une petite parcelle cultivée. C’est un arbre « marqueur de paysage » dont la silhouette se repère de loin.
En Février 2016, la circonférence à 1,3m est de 3,04m et sa hauteur totale fait 13,5m.
Des dimensions qui peuvent sembler assez modestes pour un arbre isolé mais il est rare qu’un fruitier atteigne 3m de circonférence, soit près d’un mètre de diamètre.
Son état de santé semble excellent même s’il est difficile de faire un diagnostic à cette saison, hors feuilles. Aucune blessure n’est présente sur son tronc et aucun champignon lignivore ne pousse à son pied.
Le prunier est peu décrit sur nos blogs arboricoles. Il est donc difficile de juger de son caractère remarquable. Ses dimensions sont pourtant assez exceptionnelles pour un fruitier. D’autant plus que son tronc ne présente aucun défaut de forme pouvant fausser la mesure.
A titre de comparaison, un autre prunier avait été présenté en 2009 sur le blog du Krapo arboricole. Un beau sujet de Moselle mais dont les dimensions restent bien plus modestes que celui du Lubéron. Au niveau européen, si on se réfère à la base d’Arbres Monumentaux, aucune référence intéressante n’est enregistrée.
Poursuivons la visite sur le plateau en direction de la ferme de Font Jouval.
Un pommier isolé en plein champs capte immédiatement le regard. Il est en parfaite santé et offre de belles dimensions. Sa circonférence en février 2016 est de 1,72m à 1,3m de hauteur. Il est de forme assez trapue et globulaire avec une hauteur d’à peine 7m.
Son écorce, découpée en une mosaïque de petits carreaux, est de plus bel effet et tout à fait caractéristique de ce fruitier.
A proximité, un petit alignement de vieux pommiers mérite aussi notre attention. Les dimensions sont un peu supérieures à celui isolé. La circonférence des deux plus gros est de 2,12m et 2,35m (mesurée à 80cm du sol pour ce dernier). En revanche, leur état sanitaire est nettement moins bon. Ils présentent plusieurs blessures à la base certainement dues à des outils agricoles et on peut suspecter un début de pourriture du pied. Côté dimensions, on reste toutefois bien loin des records existants pour cette espèce. Certains pommiers peuvent dépasser les 3m de circonférence (cf. Arbres monumentaux).
Après avoir longé une plantation de cerisiers sans grand intérêt dendrométrique, il convient de traverser la petite route du plateau pour découvrir trois amandiers vénérables. L’amandier est l’espèce emblématique des montagnes provençales et sa présence, le plus souvent disséminée dans le paysage, se repère tout particulièrement en février au moment de sa floraison.
Parmi les trois amandiers, l’un d’entre eux entre dans la catégorie des vétérans… mais un vétéran à bout de force, limite moribond. Il vit certainement ses toutes dernières années. La floraison est très timide et le houppier largement envahi par le gui. Ses dimensions sont assez remarquables pour cette espèce. En février 2016, sa circonférence à 1,3m de haut est de 3,05m et sa hauteur totale mesurée à 8m.
Ses deux voisins sont nettement plus petits et présentent aussi quelques faiblesse de santé. L’un d’entre eux fait 1,85m de circonférence et le plus éloigné affiche un joli 2,30m de tour de taille à hauteur d’homme.
C’est une espèce peu longévive. L’amandier dépasse péniblement cent ans dans les rudes conditions de la garrigue. Mais dans des situations plus favorables, hors Méditerranée, il peut vivre plus longtemps.
Ces amandiers du Lubéron sont loin des records que certains chasseurs d’arbres ont pu relever. Pour preuve, ce spectaculaire amandier espagnol de 3,40m de tour de taille.
La majorité de ces arbres ont été relevés par le CAUE84 lors de l’inventaire des arbres remarquables du Vaucluse. Ils sont également positionnés sur la carte de France (en cours de refonte) de Tristan.
Retrouvez plus d’informations sur le pittoresque village de Lioux sur le site de l’office du tourisme du Lubéron : ici
Bravo Castor
De biens beaux fruitiers !
Par contre, je n’ai pas vu sur tes photos de nouvelles plantations fruitières. L’avenir de ces paysages originales me semblent à moyen terme compromis 🙁
Il y a une plantation de cerisiers également sur le plateau, qui doit datée tout de même de pas mal d’années mais qui est suivie de façon plus intensive que ces vieux fruitiers à bout de souffle.
En revanche, je ne connais pas leur origine sur le Plateau. Sont-ils les derniers survivants de plantations plus importantes ? Je ne sais pas… mais je n’en ai pas l’impression.
Le Vaucluse s’est lancé dans un programme ambitieux de plantations d’amandiers ces dernières années pour essayer de palier à la très forte demande régionale. Plus de 90% de notre consommation d’amandes doit être importées… c’est dommage car il y a un vrai potentiel de développement pour faire des amandes de qualité dans le Sud-Est.
De bien vieilles branches !
C’est le prunier le plus intéressant à mon sens, celui de Moselle est un myrobolan (p.cerasifera), et dans ton cas, est-ce un Prunus domestica type reine-claude ou de st-Julien ?
J’ai des références entre mirabelliers, quetschiers et pour les plus gros j’arrive péniblement à 2 et quelques mètres.
Je n’en sais pas plus sur l’identification précise de ce prunier. lors de ma visite en février il n’était pas possible à déterminer précisément. Il faudrait revenir au mois d’aout pour en savoir plus avec les fruits…
Il a été repéré en 2007 lors de l’inventaire du CAUE84 en tant que Prunier domestique.
Pour ma part, de tous ces fruitiers celui qui m’a le plus fasciné est le vénérable amandier, je n’en avais jamais vu de pareil.
J’en profite pour ajouter une petite mise en garde aux visiteurs potentiels.
Faites attention à ne pas trop vous approcher des troupeaux de moutons. Ils sont souvent gardés par ces gros chiens blancs « Patou » qui vivent en permanence avec le troupeau. Ces chiens peuvent devenir très agressifs si on s’approche un peu trop des moutons…
Je me suis fait une belle frayeur sur ce plateau… 🙁