Après la parution de son livre sur les arbres remarquables de Bourgogne en 2008, Alain Desbrosse a poursuivi inlassablement son inventaire dans cette belle région forestière. Les résultats sont présentés dans un nouvel ouvrage : le Tome 2 en 2014. La plus belle découverte de la suite de son inventaire est sans aucun doute celle du cormier géant de Mavilly dans les Hautes-Côtes de Beaune. Une découverte majeure pour tous les passionnés arboricoles, puisqu’il serait l’un des plus gros d’Europe.
C’est par une journée pluvieuse de novembre que je profitais d’un passage dans la campagne bourguignonne pour rendre visite au Roi des fruitiers.
Ce majestueux cormier est un arbre champêtre isolé au milieu d’une pâture dans la petite Combe de Mandelot. Un paysage typiquement bourguignon, avec les vignes sur le versant sud et les vaches charolaises broutant paisiblement les coteaux verdoyants.
La marche d’approche pour aller à sa rencontre laisse au visiteur le temps de découvrir progressivement le géant. De prime abord, sa taille hors norme surprend, puis on aperçoit un trou béant le traversant de part en part. Un signe de mauvais augure pour l’état de santé du vénérable… Effectivement au pied de l’arbre, on ne peut que déplorer une pourriture très avancée de l’intérieur du tronc. Mais il semble garder une bonne vitalité, avec un houppier suffisamment dense. Pourtant, le Roi des cormiers est sur la pente descendante, ce n’est plus qu’une question de temps. Son évolution est facile à prévoir, il va s’ouvrir en deux au moment de l’effondrement d’une des deux grosses charpentières… Il n’y a rien à faire, c’est son évolution naturelle… Alors pour le moment, réjouissons nous de son incroyable prestance, absolument unique en France !
Son port champêtre dégage un tronc court, trapu, rapidement ramifié par de grosses charpentières. Une stature qui lui a surement sauvé la vie ! Le bois du cormier est tellement précieux qu’il n’aurait certainement pas échappé aux marchands de bois s’il avait présenté une bille de pied plus élancée…
La mesure de sa circonférence prise à 1,3m de hauteur (en amont du pied) est de 4,58m en novembre 2016. Mesurée à 1,50m de haut, elle est de 4,63m ce qui montre bien la tendance à l’écartement progressif de ses charpentières.
La hauteur totale de l’arbre est de 14m, elle correspond bien à son port champêtre alors que dans une ambiance forestière le cormier peut atteindre 25-30m.
Un âge de 300 ans a été avancé pour ce cormier géant. Mais son tronc pourri au cœur ne permettra pas de vérifier cette hypothèse et les références actuelles sur des vieux cormiers similaires sont bien maigres. Un âge qui me semble tout de même un peu exagéré pour un arbre ayant poussé en port libre et sur une terre bien « grasse »… mais ce n’est là que mon avis de simple castor masqué 😉
La petite commune de Mavilly est fière de posséder sur son territoire un si beau trésor arboricole et n’hésite pas à communiquer à son sujet dans son « Petit Journal de Mavilly« . On y apprend d’ailleurs que trois autres cormiers, nettement plus modestes, ont également été recensés.
Existait-il un lien particulier entre les habitants de Mavilly et cet arbre paysan ?
Ils font 1,25m – 1,65m et 1,71m de circonférence à 1,30m en novembre 2016.
Petit hasard du calendrier, ma visite à Mavilly le 21 novembre tombait à deux jours près avec le jour associé au Cormier dans le calendrier républicain : le 29 brumaire (19 novembre).
Bravo, Castor tu nous permet de voir sous des différents angles cet arbre magnifique.
je connais des menuisiers qui aurait bien fait des rabots ,riflards,guillaumes,et autres varlopes.
Mais je ne veux pas donner de mauvaises idées !
Comme tu le dit, il a été sauvé grâce a son état .
Buonasera Castor, che pianta e’ questa « CORMIER »? (nome latino grazie)
Ciao Andrea, questo è un Sorbus domestica.
grazie Yannick, per essere un Sorbus domestica(cormier), ha delle misure eccezzionali !
Impressionnant ce cormier, un authentique champion qui vient détrôner les alsaciens!
Un petit élagage de la partie la plus lourde ou n étayage permettrait de lui sauver la mise, il a l’air d’avoir encore une belle vigueur, la partie qui a cassée porte de belles réitérations…
c’est vrai que la terre de prédilection pour le cormier se trouve surtout dans le nord-est de la France.
Pourtant c’est une espèce que l’on rencontre aussi de temps en temps dans l’arrière pays méditerranéen, d’ailleurs l’inventaire des arbres du Vaucluse en a recensé plusieurs… et de beaux calibres 🙂
Salut tout le monde !
Depuis que j’ai appris son existence il y a plus d’un an, je n’ai pas eu d’infos et voilà que je découvre enfin le champion sous toutes ses facettes.
Malheureusement, il subit le sort de nombreux vieux spécimens de la sorte qui présentent des fourches basses de ce genre. Le bon point est la robustesse de son bois et sa faible ramure.
C’est vrai qu’un petit élagage d’allègement ne serait pas trop compromettant.
En terme de dimensions, il n’arrivera peut-être plus à 5 m, ce qui approche la circonférence maximale connue pour l’espèce, mais possède une place de choix.
Je lui souhaite encore une multitude de saisons.
Bonjour,
Je viens d’apprendre qu’il y a dans le jardin botanique d’Oxford deux cormiers, l’un maliforme, l’autre pyriforme, et au moins pour l’un d’entre eux la date de plantation est certaine, c’est 1790:
https://www.flickr.com/photos/nican45/3407015895/in/photostream/
https://www.flickr.com/photos/nican45/3407822874/in/photostream/
Et il y a un troisième très vieux cormier dans un parc de la ville:
https://www.facebook.com/parksoxford/posts/492002330955502
Enfin comme il faut passer par Londres pour y aller, il y a une petite place dans Londres dénommée Clapton Square avec deux cormiers, encore un couple « pomme/poire », voir la dernière photo en bas à droite de la 1ère page:
https://www.hackney.gov.uk/media/6481/St-John-at-Hackney-and-Clapton-Square-history-and-trees/pdf/st-johns-and-clapton-square-history-and-trees
J’irais bien, surtout pour mesurer celui planté en 1790, mais mes finances ne me le permettent pas en ce moment…. 🙁
Bonjour à tous !
J’ai enfin visité l’ancêtre des cormiers et tenant du titre !
L’environnement est très charmant, dans cet ambiance de pâtures mêlée de vignobles.
Je dois dire que ce spécimen joue effectivement à l’ équilibriste depuis un moment et malgré un tronc complètement creux ainsi que de deux départs de charpentières, il tient bon. J’ai vu qu’il possède une fibre torse ou au moins partielle.
Son houppier était fortement chargé de fruits, une belle récolte s’annonce !!
https://www.monumentaltrees.com/en/fra/cotedor/mavillymandelot/19951_combedemandelotprsdemandelot/37455/
Bonjour Sysley,
C’est un peu grâce à toi que je chasse les cormiers, surtout en région parisienne, en Haute Normandie et en Suisse du nord et Allemagne du sud (Schaffhausen). Magnifiques les photos sur monumental trees. J’avais mesuré entre 4m52 et 4m53 le 10/07/2016. Pour ce qui est des fruits, ils sont très beaux, mais comme c’est une pâture ils tombent dans de la bouse et ils prennent une drôle d’odeur 🙁
Et pour ce qui est des autres espèces du genre, as-tu des données intéressantes ?
Notamment en alisier torminal, de Fontainebleau, sorbier des oiseleurs ?
J’aurai bientôt un cormier à exposé, situé dans le Haut-Rhin..
En alisier torminal, j’en ai un très intéressant, assez gros, branches très basses, avec des cormiers dans la même coin, au fond de la vallée des Cailles (cailloux) à Boncourt, Eure-et-Loir: terrain très sec, le calcaire affleure, et il y a d’ailleurs une ancienne carrière securisée/condamnée. Des cormiers y viennent naturellement. Bon il faudrait que je fasse un article.
Il y a un très gros alisier de Fontainebleau dans les arbres remarquables du 77 que je n’ai pas (encore) été voir. Mais perso je n’arrive pas à faire la différence avec d’autres, en particulier l’alisier de Suède plus commun en arbre d’avenues.
Les sorbiers des oiseleurs, y en a partout, je les boude, mais j’ai peut-être tort…