Olivier Muhlhof nous présente sa démarche et son travail autour de l’arbre avec cette série nommée « Arborescence ». En outre, il expose en ce moment dans le cadre « arbre dans la ville » au château de Châteaugay (Puy-de-Dôme) jusqu’au vendredi 29 juillet. (Tous les jours de 14h30 à 18h00)
Ces photos sont des représentations de nos souvenirs
Vous voyagez en train et pour passer le temps, vous regardez les arbres par la fenêtre. Ils défilent. Vous les voyez juste quelques secondes, puis ils disparaissent. Tout à coup, un arbre remarquable passe devant vos yeux. Que reste-il dans votre mémoire de ce passage ? Qu’avez-vous mémorisé ? Pour bien s’en souvenir, le temps était trop court pour le regarder attentivement, voir ses détails et décrypter son environnement. Mais notre cerveau a cette faculté extraordinaire, et instantanée, de reconstruire une image de cet arbre dans cette brève parenthèse de temps et d’espace. Cette image immatérielle est complètement différente de celle d’une photo classique prise à un instant donné. C’est cette perception, ce résultat immatériel que j’essaye de cerner et de matérialiser sous forme de photo, bien réelle.
Revenons à notre arbre !
Suite au moment fugitif de visualisation, comme le temps a été court, nous retenons une forme globale, des couleurs, des textures mais aussi des impressions d’ordre plus général, voire des sentiments. Notre mémoire est aussi évolutive dans le temps : le souvenir de cet arbre ne sera pas le même après 30 secondes, ou bien après 1 heure. Peut-être même que dans 2 jours nous ne nous en souviendrons plus du tout. Les représentations que je vous propose se veulent figer ces souvenirs fugitifs, au moment où nous n’avons plus les arbres devant les yeux, après qu’un certain temps se soit écoulé. Dit autrement, en regardant ces photos, nous regardons notre mémoire, figée à un temps T.
Vous remarquerez que ce temps T est différent d’une photo à l’autre, et aussi que l’ambiance générale est à chaque fois très particulière : apaisante et onirique. Les scènes représentées perdent leurs détails, qui deviennent des textures. Notre mémoire magnifie aussi les couleurs : nous avons cette capacité innée de retenir en synthèse ce qui nous a marqué : l’excellence et les bons moments et d’oublier rapidement le secondaire.
Mon travail et ma technique :
Je passe beaucoup de temps à expérimenter de nouvelles techniques, à faire de la recherche. En fait, c’est mon métier professionnel : je suis « chercheur ». Dans mon parcours professionnel, j’ai été le « Design Manager » du groupe Michelin, ce qui est peu commun pour un ingénieur de formation.
J’ai toujours été sensible au « beau ». Quand je travaille sur une nouvelle photo, je reste toujours très attaché à son esthétique globale qui se rajoute, bien sûr, à l’intérêt du sujet, sa composition, ses couleurs, …
Pour faire ce travail, j’ai dû mettre au point une technique avancée de traitement d’image assez complexe. Le but que je cherche à atteindre est de magnifier l’arbre qui est l’objet de la photo, de le faire ressortir de son environnement direct. Il doit rester intéressant à regarder en devenant des textures. Mon travail se termine quand la technique sous-jacente se fait complètement oublier, et tout simplement lorsque j’ai envie d’accrocher la photo dans mon salon !
Pour qualifier le résultat obtenu, je parle davantage de « représentations » car il s’éloigne des photos classiques réalistes ou hyper-réalistes. En fait, il est à mi-chemin entre la photo et la peinture.
Le principe de base repose sur de la superposition d’images. Rien de très compliqué en apparence, mais le choix et le dosage de chaque photo assemblée sont déterminants dans le résultat obtenu. La prise de vue reste quand même primordiale. Bien évidemment, il faut des sujets « porteurs » qui nécessitent un casting.
Le casting :
Le thème des arbres pour un photographe est à la fois simple et complexe : le challenge est d’apporter quelque chose de nouveau à ce domaine.
Le casting de cette série sur les arbres s’est déroulé sur environ 18 mois pour pouvoir bénéficier de toutes les saisons et refaire des séries de prises de vue sur mes « coups de cœurs ». Ceux-ci surviennent toujours au cours de la post-production, lorsque je commence à « assembler » les photos. Ils sont souvent difficiles à anticiper. Avec davantage d’expérience, je gagne maintenant du temps pour sélectionner les « bons candidats ». Pour créer de « nouveaux arbres », différents et intéressants, la difficulté augmente au fur et à mesure pour ne pas se répéter, mais c’est tout l’intérêt de la recherche ! Par chance, j’ai pu bénéficier d’un très bel automne 2015, très long et peu venté. Les arbres ont gardé leurs feuilles très longtemps, d’où de nombreux candidats « esthétiques ».
Plus de photos sur son site [1]
Pour me présenter rapidement :
Olivier Muhlhoff, 54 ans,
« Chercheur » qui trouve (85 brevets déposés), de formation initiale ingénieur,
Beaucoup de photos argentiques et de labo N&B, avant de passer à la couleur puis au numérique en 2001,
Design Manager du groupe Michelin de 2007 à 2010,
9 expositions photo réalisées depuis 2009 sur des sujets variés,
9 photos primées dans des expositions et concours.
Merci à Olivier et aussi à Elisabeth Meignan qui a fait circuler l’information!
L’effet est saisissant et cette idée originale très bien exploitée 🙂
On imagine aisément tout le travail de post-traitement des photos nécessaire pour arriver à un tel résultat entre rêve et réalité.
Belle réflexion également de l’auteur pour le « casting » des arbres candidats et on ne peut que lui conseiller de parcourir notre blog pour lui donner des idées pour élargir les candidatures hors des frontières de l’Auvergne.
J’aurais apprécié pouvoir comparer ces photos modifiées avec le modèle au naturel, par exemple en joignant dans un petit coin la photo d’origine 😉
Je crois qu’il y aurait trop de photos d’origine.
Bonjour
J’aime beaucoup ! Nous cherchons dans la même direction…