C’est un peu la suite de la visite que j’avais faite dans le parc du Martreil [1]. En effet, quand j’ai visité ce château à l’automne 2010, j’ai eu l’agréable surprise d’y avoir pour guide Jacques de Romans. Il me présentait l’hiver précédent son parc de Sainte-Christine et un an plus tard, je l’ai découvert expert ès mobilier ancien dans ce château de Serrant bien méconnu mais qui mérite amplement que l’on s’y attarde. En tout cas encore un grand merci à Jacques qui est décidément un excellent conteur. A l’issue de la visite, je n’ai pas manqué de lui poser la question de l’Arpenteur des Bois : « mais qu’en est-il des arbres autour de ce château ? ». Il n’en savait rien, mais peu importe, j’avais déjà flairé une ou deux bonnes pistes :
En effet, dans un grand pré devant la propriété, siège un chêne trapu qui semble être l’aîné des arbres de Serrant. Il n’a jamais connu la taille c’est pourquoi l’on peut admirer son port naturellement étagé que soulignent des charpentières originelles épaisses et impressionnantes. C’est un arbre en début de déclin dont l’extrémité des branches a tendance à s’assécher. Malgré sa silhouette robuste, il a subit la rupture d’une de ses charpentières par le passé et en a gardé une cavité à mi-hauteur de son tronc qui se creuse inexorablement.
L’extrémité d’une de ses branches basse, qui devait être desséchée elle aussi, a été coupée. J’ai donc pu faire un comptage de cernes très instructif. Pas moins de 200 ! Aussi, vu la longueur de cette dite branche, je pense que l’âge de cet arbre est au minimum de 250 ans et même, sans forcer beaucoup, plus vraisemblablement de 300 ans. Ce fut une surprise pour moi, car quand l’on sait que le terroir angevin est propice aux chênes, que l’on constate sa situation isolée bien enviable et que la mesure de circonférence à 1m30 du sol indique 5m20, j’aurais plutôt avancé un gros 200 ans ! Mais ce n’est là que l’âge d’une extrémité de branche !
Le deuxième chêne a poussé par derrière en bordure d’un chemin. Sa circonférence de 5m05 à 1m30 le rend tout à fait digne d’être cité ici mais c’est surtout son envergure de plus de 30 mètres qui le rend impressionnant.
Il fait face à un troisième beau chêne de 4m20 de circonférence. Pourtant plantés à bonne distance l’un de l’autre, ils en sont venus avec l’âge à se gêner l’un l’autre c’est pourquoi, je pense, que l’on constate sur le plus vieux des deux des cicatrices sur le tronc, vestiges d’ancienne branches mortes par manque de lumière qui furent élaguées bien proprement. Il en résulte une cicatrisation quasi parfaite malgré la section importante des branches ainsi enlevées. C’est aussi un signe de très bonne santé de l’arbre que de le voir réagir aussi vigoureusement à de tels traumatismes. L’atmosphère qui règne sous l’ombrage de ces deux chênes est en tout cas très apaisante.
Si l’on continue le long de ce chemin, on trouve encore un beau chêne de 4m tout rond de circonférence. Cet arbre élancé dont le tronc se sépare en deux branches maitresses à 5-6m du sol ne présente aucun défaut. Il est donc le porte flambeau, futur arbre patriarche de ce parc.
Quatre beaux chênes uniquement situés dans la partie sud du parc de Serrant. Je n’ai pas visité le reste du domaine qui couvre bien des hectares. Je suppose donc qu’il y a d’autres merveilles à y découvrir (Je pense notamment à un chêne forestier situé en bordure de la route d’Angers qui ne brille pas par sa circonférence mais par sa hauteur d’environ 30m). Mais je laisse ce plaisir à d’autres car je ne suis plus angevin. Avis aux amateurs !
Un autre très beau chêne sur la commune de Saint-Georges-sur-Loire [2].
(J’avais envoyé cet article à Christophe il y a un bon moment déjà, juste avant qu’il ne se retire. C’était en quelque sorte mon dernier article pour Krapo. Il est donc tout naturel pour moi d’en faire le premier chez les têtards…)
Gilles
Bonsoir Gilles,
Superbe chêne que tu nous montres là (je parle du premier).
Il est agréable de voir un tel arbre, qui a pu pousser sans encombre, et déployer ainsi toutes ses branches. Cela en fait un arbre magnifique.
Bonsoir François.
Heureux de te lire sur ce nouveau blog.
En effet, c’est sympa de contempler un arbre qui n’a pas été taillé au milieu d’un pré.
C’est fou de se dire que ce pré est resté dans ces conditions pendant au moins 300 ans. Remarquable stabilité paysagère.
C’est vrai qu’il est étonnant qu’il ai environ 300 ans, les conditions sont optimales…
D’où la difficulté de datation de l’âge, ça me rend encore plus prudent pour donner une estimation!
A coup sur de beaux spécimens!