Philippe Rabillat, par le biais de Y@nick, nous avait présenté ce qui pourrait-être le « top trois » des peupliers noirs français (ici)! J’apporte aujourd’hui ma modeste contribution à cette catégorie avec un spécimen que j’ai entrevu pour la première fois en novembre 2013, le peuplier de Bras-sur-Meuse.
Situé en bord de Meuse sauvage (non canalisée), les inondations ne m’avaient pas permis alors de l’approcher, je craignais d’avoir louper ma chance de le voir encore en vie!
De retour en Meuse en juillet, je suis aller le voir de près, l’eau étant revenue à un niveau normal. De loin, j’ai cru qu’il ne restait qu’un tronc, son feuillage se confondant avec celui des autres arbres en arrière plan.
En fait, il n’en n’est rien. Son unique et énorme charpentière, à laquelle est assujettie la survie de l’arbre, est toujours là. Toutefois la situation est précaire, compte tenu de sa longueur, la branche doit exercer une tension énorme sur le tronc affaibli par les champignons. Combien de temps résistera-t-il encore?
La cime, quant à elle, est tombée il y a quelques années, une partie gît encore au pied de l’arbre, sa taille laisse imaginer l’ampleur que pouvait avoir cet arbre.
Ce Populus est une ruine, mais une ruine imposante à l’image de certains châteaux-forts!
Le tronc avec sa belle écorce mesure 6,55m (en 2014). C’est le plus gros peuplier qu’il m’a été donné de mesurer, les sujets de belle taille n’étant pas nombreux, qui plus est chez moi en Bretagne, où même l’inventaire n’a pas permis de dénicher de gros spécimens…
Le colosse est accompagné par trois autres comparses. Le plus proche qui ne mesure 2.51 m de tour présente une singularité, il a de très gros orteils! L’érosion a mis à jour la base de ses énormes racines qui contrent l’important déséquilibre de son houppier.
Les deux autres de respectivement 3.30 m et 3.93 m de tour, forment un joli duo agrippé à la berge.
La Meuse n’a pas fini de nous livrer tous ses arbres, et je suis content d’avoir pu dresser le portrait de ce peuplier avant qu’il ne s’écroule dans l’indifférence générale!
Localiser sur la carte ici
Voilà un bel hommage à un colosse en fin de vie…
Et même s’il est loin des peupliers de Philippe Rabillat, le peu de houppier qui lui reste lui donne une allure étonnante et remarquable.
Atteindre les 6m de tour, c’est déjà du beau calibre. Dans la vallée de l’Isère, où les conditions de croissance sont tellement favorables, on en trouve quelques uns dans ces dimensions avant qu’ils deviennent séculaires. Une vitesse de croissance hallucinante, mais passé 100 – 120 ans, le dépérissement est tout aussi rapide…
Lors d’une promenade en barque dans le marais de poitevin il y a quelques années, j’avais été surpris de la dimension de certains peupliers (« Le blanc du Poitou »). Surement des colosses encore su pied dans ce secteur peu exploré par nos Reporters…
De belles ruines ! La fragilité du bois de cette essence et l’environnement détrempé ne font pas bon ménage, quelques années et/ou un coup de vent… Et crac !