Les tamaris sauvages du Mas Larrieu, Pyrénées-Orientales

Réédition de l’article suite au piratage.

C’est en lisant l’article de Mickaël sur les tamaris bretons de Kerlouan que je me suis souvenu de ma rencontre avec de beaux spécimens sauvages dans la Réserve Naturelle du Mas Larrieu sur la côte catalane. En fait, j’ai découvert cet espace sauvage par hasard au printemps 2015, alors que je cherchais un accès direct à la mer… Mais j’ai rapidement compris tout le potentiel du site. Je me suis alors immédiatement délesté de tout mon matériel de plage pour partir à la recherche de tamaris spectaculaires pouvant rivaliser avec les champions déjà présentés sur le blog. Et je n’étais pas au bout de mes surprises, ma ballade dans les dunes m’a permis également de faire une autre rencontre arboricole inattendue…
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Le littoral d’Argelès est tristement célèbre pour sa densité exceptionnelle de campings, c’est même la plus forte concentration de tout le littoral Méditerranéen… Heureusement certaines zones ont pu échapper par miracle à cette pression touristique. La réserve naturelle du Mas Larrieu (145 hectares) a pour objectif depuis 1984 de protéger l’écosystème créé par l’embouchure de la rivière Tech en Méditerranée. Ce site, d’un très grand intérêt écologique, est une zone de contact non seulement entre terre et mer mais aussi entre eau douce et eau salée.  » Trois types de milieux se rencontrent sur le site : plages, roselières et forêts riveraines. Les plages sont composées de sable nu, puis de dunes mobiles de faible hauteur colonisées par le chiendent des sables, l’oyat, le panicaut maritime, l’euphorbe des rivages, le liseron des sables ou différentes variétés de lis de mer qui recouvrent 20 à 40 % de la surface. En arrière se trouvent les dunes plates fixées sur lesquelles dominent l’oursin bleu et le raisin de mer. Les groupements de roselières dominés par la canne de Provence sont parfois excessivement denses et mono spécifiques, ils occupent de très larges espaces de part et d’autre du Tech et le long de ses rives. La forêt riveraine adopte une forme en couloir en bordure de la rivière. Il a été recensé dans cette zone 42 espèces ligneuses, dont l’érable champêtre, l’aulne, le frêne, le saule des rivages, le peuplier blanc et le peuplier noir. Cette zone constitue la richesse botanique principale de la réserve. » Informations provenant du site Réserves Naturelles.org.

Après cette présentation officielle, regardons de plus près la « forêt riveraine ». Pour être honnête, ce n’est pas cette partie de la réserve qui m’a le plus intéressée et je n’y rien trouvé de remarquables… Alors laissons cet environnement aux scientifiques et naturalistes qui apprécieront pleinement ce biotope (la vérité, avec mes tongs ce n’était pas facile à explorer !).

En revanche, j’ai été surpris de découvrir des tamaris sauvages dans une forme inhabituelle, rampants sans limite sur l’immensité de la plage. Ils prennent la forme d’un petit dôme de 5m de hauteur et s’étalent sur 15m de long (cf. 1ère photo). Leur circonférence (1m à 1,75m) n’est pas facile à déterminer car le tronc rampant se ramifie rapidement en plusieurs tiges. On dirait des petites iles dans un océan minéral.

En s’éloignant du bord de mer, les premières dunes apparaissent et offrent des habitats différents. Mieux protéger, les tamaris arrivent à gagner en hauteur (10-12m maxi). Leur forme est encore très anarchique, une vraie vision d’horreur pour un forestier ordonné ! Ils donnent un aspect sauvage et buissonnant bien différents des alignements de tamaris sur les promenades des stations balnéaires. Les circonférences n’ont pas beaucoup de sens, elles peuvent atteindre 2m pour les plus gros. Leur âge est bien difficile à estimer et malgré des conditions de croissance très rudes, je doute qu’ils soient aussi vieux que ceux de Kerlouan.
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A peine sorti de cette « Jungle à tamaris » , j’aperçois un arbre défeuillé très étrange… Pourtant il n’a aucun problème sanitaire, c’est bien un arbre à feuilles caduques, mais je ne m’attendais pas à ce genre de rencontre si près des dunes du littoral. J’ai sous les yeux un magnifique Orme champêtre. Incroyable !

S’il n’y avait pas eu cette abondante fructification, je n’y aurai jamais cru. Je suis même repassé le voir une dizaine de jours plus tard lorsqu’il était bien en feuilles pour m’assurer que je n’avais pas rêvé ! C’est en fait un double pied de 2m et 2,2m de circonférence à 1,3m, mesuré en avril 2015. Sa hauteur est estimée à 15m.

Son état sanitaire est très bon. Sa situation particulière doit certainement le préserver des risques d’attaques de la maladie de la graphiose.

En fait, les ormes champêtres ne sont pas si rares en zones méditerranéennes, mais ils restent bien souvent au stade buissonnant et atteignent rarement de telles dimensions.
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Cette petite réserve naturelle offre bien des surprises. On y trouve une multitude de biotopes différents à mesure que l’on s’éloigne du bord de mer.

Mais un danger guette cette biodiversité… Pire que le piétinement des campeurs souhaitant rejoindre la mer, une plante envahie progressivement tout l’espace. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter ! Le cactus-raquette ou Oponce (Opuntia sp.) se bouture naturellement pour former d’impressionnantes colonies. Juste de l’autre côté de la frontière en Espagne, ce cactus est sur la liste rouge des espèces à supprimer. Une véritable peste végétale qui s’est échappée des pots de fleur depuis bien longtemps.
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Mise à jour Avril 2018 :

Lors de mon dernier passage en avril 2018 dans la Réserve naturelle du Mas Larrieu, j’ai eu la triste surprise de découvrir que le bel orme champêtre double pied était mort, il n’a pas reverdi au printemps 2018. J’ignore la cause de sa mort (sécheresse été 2017 ? graphiose ?).

Le vieux tamaris de la « Jungle des Tamaris » s’est également en partie effondré… Il a suivi son destin, mai continue encore à s’accrocher au sable du Mas Larrieu.

En revanche, les cactus ont la super forme et continuent leur progression 😉


 

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