Réédition de l’article suite au piratage.
Au pied du Plomb du Cantal, le pays du Carladez (autrefois fief des princes de Monaco) fait la transition entre le Rouergue et l’Auvergne.
Dans cette région sauvage, les vallées profondes sont couvertes de forêts inexploitables et les plateaux sont le royaume des bovins.
Le tilleul a trouvé sa place depuis tellement longtemps qu’il fait parti intégrante du paysage champêtre. Les vieux spécimens ne manquent pas non plus dans les villages, une tradition ancestrale plus ancienne que les recommandations de Sully.
Petite visite du Carladez à travers 5 vénérables tilleuls à la physionomie bien différente.
Commençons la visite par le plus célèbre d’entre eux, le Tilleul de Nigresserre sur la commune de Thérondels. Ce vieux tilleul n’est autre que l’arbre emblématique de l’Aveyron ! Il a été honoré dès l’an 2000 par le prestigieux label ARBRES.
Certains prétendent qu’il s’agit d’un Tilleul de Sully (1600), mais d’autres personnes affirment qu’il aurait été planté vers 1400. Encore une fois, il sera bien difficile de séparer la réalité parmi toutes les légendes qui tournent autour de cet arbre monumental.
Sa célébrité vient de son tronc creusé qu’il est possible de traverser de part et d’autre (ne pas essayer de le traverser en voiture !).
D’ailleurs, cette forme particulière est à l’origine d’une drôle d’histoire. La base du tronc est tellement large qu’un vagabond eu l’idée de le transformer en studio ! L’histoire se déroule en 1937. L’aménagement du studio se fit en plusieurs étapes… le vagabond posa tout d’abord une paillasse au sol puis un petit fourneau pour préparer sa maigre pitance. « L’étrange locataire du tilleul » fit rapidement sensation et la nouvelle se répandit dans toute la région. Il y eu même des cartes postales qui furent éditées (je n’ai pas réussi à les trouver sur le web) ! L’histoire ne dit pas combien de temps il resta au creux de son arbre à observer la vie du village. Lire l’article de presse à ce sujet ici. D’autres légendes tournent autour du vénérable tilleul. Comme l’histoire de cette jeune fille qui attendit près de l’arbre pendant des années le retour de son valeureux chevalier parti en croisade…
Après ces histoires et légendes, il convient de mesurer « officiellement » le vieux tilleul pour se rendre compte qu’il s’agit d’un véritable monument végétal.
Sa circonférence en juillet 2015 à 1,5m est de 8,17m et à 1,3m du sol de 9,13m. Des dimensions semblables aux plus gros tilleuls français !
A la base, la circonférence fait 13,30m (et non pas les 17m qu’on lui attribue depuis des années…). La mesure de sa hauteur n’a pas trop de sens puisque l’arbre a souvent été taillé, ce qui lui confère une belle forme globulaire.
Quittons Nigresserre pour un autre village rouergat distant d’à peine quelques kilomètres. Nous voici à Jongues sur la commune de Brommat. Dans ce très calme hameau, aucun Tilleul de Sully ne distingue à l’horizon. On m’avait pourtant informé d’un remarquable tilleul dans ce petit coin de nature. Encore une information erronée ou périmée ? J’étais prêt à regagner ma « castor-mobile » lorsque j’aperçu un étrange tilleul au milieu d’un champ. Enfin, pas tout à fait au milieu du champ mais plutôt à un angle de parcelles agricoles.
De toute évidence, ce tilleul n’est pas ordinaire. Ses dimensions prouvent déjà qu’il s’agit d’un arbre plus que centenaire et peut-être même bicentenaire. Une circonférence à 1,3m de 4,75m et une hauteur de 26m. Mais le plus surprenant est sa position sur un petit monticule de pierres à l’angle d’une parcelle agricole. Etrange… Avait-il un rôle de bornage entre deux propriétés ? Perdu dans mes pensées, je remarque à peine un agriculteur s’engouffrant dans son C15. Le premier être vivant que j’aperçois après une heure de prospection près du village… Je bondis alors à sa rencontre afin d’obtenir de nouvelles pistes sur ma recherche tilianesque à Brommat. Mais le brave homme est peu bavard et m’indique rapidement un autre tilleul à découvrir au milieu d’un dédale de « chemins à vaches » (pour reprendre son expression).
Effectivement 3km plus loin, je découvre ces deux tilleuls au milieu d’un champ. La circonférence du plus gros est de 4,25m. Et comme celui que j’avais repéré plus tôt, ils poussent aussi sur un étrange petit tas de pierres. Il s’agit bien là d’une coutume locale. Mais pour quelles raisons ? S’agit-il uniquement d’une délimitation cadastrale ? Personne n’a pas pu me renseigner…
Je continue mon road-trip arboricole en quittant l’Aveyron pour le Cantal. Le changement de région n’apporte aucune modification dans le paysage. Le pays du Carladez ne connait pas ce découpage purement administratif.
C’est sur une piste à peine carrossable que je vais faire l’une de mes plus belles découvertes de l’année. Depuis quelques minutes, j’avais repéré un houppier gigantesque sur ce plateau isolé. Un tilleul champêtre énorme… titanesque ! Je l’ai nommé le Tilleul Carla Bruni, non pas en hommage à l’ancienne première Dame de France, mais comme un clin d’œil à sa position géographique (en rapport à la toponymie du lieu). Je ne dévoilerai sa localisation précise que sur demande personnelle… Et si Carla elle-même veut rendre visite à son tilleul, je serai prêt à faire le déplacement! L’aspect du tilleul me fait penser aux célèbres tilleuls à danser que l’on trouve en Belgique et en Allemagne. J’imagine qu’il aurait été facile d’aménager une petite plateforme à la base des branches. Sa circonférence à 1,3m est de 7,40m et mesurée au plus creux à 1m de hauteur de 7,10m. La hauteur est de 24m.
Son état sanitaire semble excellent, malgré les vieux outils (herse et pot de lait) posés négligemment à son pied depuis surement de nombreuses années.
Je finis ma tournée non loin de là, dans le petit village cantalou de Raulhac, pour rendre visite à un joli et certainement véritable Tilleul de Sully. Ses dimensions sont tout à fait honorables et bien en relation avec son âge supposé de 400 ans.
Une circonférence à 1,3m de 7,07m.
A 1,5m de hauteur, son tour de taille est de 6,98m et mesuré près du sol à la base de 8,50m. Son état sanitaire est assez médiocre, son tronc très creux est même brulé au centre. Tout comme celui de Nigresserre, il a reçu le label ARBRES en 2000.
Bonjour,
Cherchant sur internet comment faire classer notre superbe tilleul situé dans le carladez, je tombe sur votre site sur les et quel est mon étonnement de voir que vous l’aviez déjà repéré! Figurez vous que cet arbre est le sujet de querelles dans ma famile car il aurait êté « accaparé » par le voisin qui a posé la clôture de manière à ce que l’arbre se retrouve sur son terrain…
On me dit qu’il aurait ete planté du temps de Sully mais je n’en ai aucune preuve…
Bonjour Mme Baulin,
merci de nous donner des nouvelles de ce majestueux tilleul et d’y associer quelques histoires à son sujet.
C’est un arbre hors norme qui mérite une attention toute particulière et beaucoup de soin pour qu’il continue d’illuminer par sa présence les paysages du Carladez.
Vous envisagez une demarche auprès de l’association ARBRES pour qu’il reçoive le label Arbre remarquable de France ?
Bonjour,
Je tombe par hasard sur votre site.
Sur la route D.904 (ex N.604) entre Saint-Hippolyte et Mur-de-Barrez des tilleuls avaient été plantés encadrant la route, par groupes de 4, au carré. Il y avait ainsi « les 4 arbres de Rouens, de Louche, de Cros, de la Capelotte, de Vilherols, etc. ». Probablement des tilleuls Sully, plantés pour servir de lieux de repos, à l’ombre, sur de grandes lignes droites.
Ces arbres ont été coupés dans les années 80 par un ingénieur des Ponts et Chaussées qui les avait jugés dangereux.
Ils ne traversaient pourtant jamais la route et engageaient les automobilistes à la prudence ; ils servaient de ralentisseurs naturels (?).
Un des caractères particuliers du Barrez a ainsi disparu en quelques coups de tronçonneuses.
Il existe en outre, ça et là des tilleuls isolés très anciens, situés sur des lieux dominant le paysage. Mon hypothèse est qu’ils servaient de points de repère aux voyageurs, à l’horizon (Lugat, le Tillou (Mur-de-Barrez), Labarthe, etc.), avant l’existence des cartes.
On parlait dans les années 70, de l’arbre de Pleaux à l’horizon (?).
Quelques coups de tronçonneuses aussi pour le beau tilleul Sully de Saint Santin Cantales. Le manque d’entretien a fait tomber une branche lors des récents orages et ils ont tout coupé sur le seul avis de l’Onf Paris qui se fiche bien de la valeur et l’importance de cet arbre multicentenaire … Branche ni maintenue ni purgée au préalable bien sûr …
Intervention par des paysagistes (amateurs) absolument pas spécialisés dans ce type d’arbres remarquables,
Espérons qu’il reprenne _II_
Si vous avez des conseils pour le soigner et le préserver, ils sont bienvenus !