Les deux Charmes têtards des Effres, Secondigny, Deux-Sèvres

Combien de fois suis-je passé devant ces charmes sans même les remarquer ? Plusieurs dizaines sans aucun doute. Et puis, il a fallu qu’un jour j’y repasse et que cette fois-ci ce ne soit pas moi qui tienne le volant. Ma femme n’aime pas conduire, mais quand j’ai un orteil cassé, elle n’a pas le choix. Et grâce à cela, mon regard a pu enfin prendre le temps de remarquer dans cette haie bocagère ce qui ne pouvait être que de beaux charmes têtards. Ceci dit je ne vais pas me casser un orteil tous les quatre matins pour le plaisir de découvrir de telles merveilles. J’adore les arbres mais je ne suis pas maso.

 

Charmes des effres 01 © Yanick

 

Charmes des effres 02 © YanickQuand je dis beau, il faudrait plutôt dire gros, là on entre dans la catégorie des records, car bien que ces arbres soient tous les deux des « multi-troncs », les mesures relevées ont été faites au plus creux et sous le départ de ramifications.Il y a bien malgré tout un seul tronc, mais très court et rapidement divisé. Vous comprendrez alors au vu des photo, qu’un relevé de mesure à une hauteur d’ 1,30 m ou 1,40 m n’aurait eu aucun sens et aucun intérêt  Commençons donc par le « plus petit » pour lequel j’ai mesuré sous le  départ de trois troncs à environ 40 ou 50 cm du sol la circonférence de 5,80 m. C’est le plus petit mais c’est aussi celui qui donne la plus forte impression.  Surtout à partir du moment où l’on grimpe dedans. Je n’oublierai jamais la première fois où, mon orteil enfin ressoudé, je pus escalader cette vieille trogne. J’arrivais sur un large plateau couvert de brindilles et de feuilles mortes et je failli passer à travers car le bonhomme est creux comme une barrique. Je dégageais donc tout cet amas de branches et de feuilles, et descendis à l’intérieur de l’ancêtre. On y tient debout sans problème, je crois bien que deux ou trois personne pourraient y loger. Après, le problème c’est d’en ressortir car le trou est profond, entre 2,50 et 3 mètres. On dit que des chouans se sont cachés dans des arbres creux et quand je vois ça je veux bien le croire.Difficiles à photographier, j’y suis retourné plusieurs fois en compagnie de Joseph Chauveau  ou Dominique Mansion qui n’en avait jamais vu d’aussi gros et y serait bien resté vivre en Hermite si je ne l’avais invité à aller voir le deuxième quelques vingt mètres plus bas sur le même chemin.

Charmes des effres 03 © Yanick Charmes des effres 04 © Yanick

Charmes des effres 05 © Yanick Charmes des effres 06 © YanickAvant de vous y conduire à votre tour, je voudrais vous faire remarquer que cette haie, où se trouvent ces deux charmes et une dizaine d’autres un peu plus petits, est un exemple de gestion de haie bocagère. Il est important de le souligner après un hiver où l’on a vu et entendu tout et n’importe quoi à propos de la gestion des têtards en Deux-Sèvres. Car cette haie sépare deux parcelles exploitées en cultures. Du côté nord-est de la haie on a conservé un chemin d’accès à un petit bois, et du côté sud-ouest une bande de deux bons mètres enherbée maintient les socs des charrues à une distance respectable des racines de ce patrimoine arboré inestimable réserve de biodiversité. Je tiens donc à  féliciter le propriétaire et aussi l’exploitant de ces terrains qui conservent mais aussi replantent des haies. Car si la Gâtine Deux-Sévrienne a su  jusqu’à aujourd’hui conserver ce cachet que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, c’est grâce aux propriétaires et aux paysans qui ont façonné ces paysages depuis des siècles. On ferait donc bien mieux d’abord par les en féliciter plutôt que de les monter du doigt chaque fois qu’un arbre est coupé pour partir en bois de placage pour des voitures ou de yachts de luxe. Ils sont avant tout les premières victimes de spéculateurs peu scrupuleux et loin d’être les coupables que l’on veut en faire en les assommant de lois toutes plus stupides les unes que les autres.

Charmes des effres 07 © Yanick Ceci étant dit passons donc au deuxième charme. Moins photogénique que le premier mais bien plus gros. Cette fois-ci mon double décamètre s’est arrêté à une circonférence de 6,70 m pris à quelques centimètres du sol car la base pourvue d’une grosse loupe couverte de lierre se sépare rapidement en deux troncs. De loin, on pourrait croire qu’il y a là deux charmes. Mais en y regardant de plus près, il devient évident que c’est bien d’un seul et même arbre qu’il s’agit.Contrairement  au premier qui est enfoui côté sud-ouest au milieu de houx, j’ai  pu prendre celui-ci en photo des deux côté ce qui permettra je l’espère de vous faire une petite idée de sa taille. Même si Dominique n’est pas ce que j’appellerai un colosse, il parait vraiment minuscule à côté.

Charmes des effres 08 © Yanick Charmes des effres 09 © YanickMerci à Joseph et Dominique de m’avoir accompagné auprès de ces arbres et merci à l’exploitant des terrains sans qui je n’aurai jamais retrouvé mon portable. Il était tombé dans le premier charme quand je me suis penché pour débarrasser les feuille et les branches qui obstruaient sa cavité. C’est en passant la main par un trou entre les racines à son pied (visible sur la quatrième photo) qu’il fut retrouvé sous les feuilles.

Charmes des effres 10 © YanickMerci aussi à ma femme d’avoir pris le volant. Maintenant après plusieurs semaines de pause je vais essayer de relancer aussi la petite séance du samedi. Donc à très bientôt. En espérant qu’ encore une fois le charme ait agit.

Localisation par ici

Share Button

10 réflexions sur « Les deux Charmes têtards des Effres, Secondigny, Deux-Sèvres »

  1. Ces charmes ont une forme particulière avec leur tronc double ou triple, une singularité qui rappelle la diversité des formes selon les régions et les essences, dans la région de Rennes les émondes sont hautes et très rarement multi-troncs.

  2. Rien que pour ça je reviendrai bien en Gâtine !!

    Deux beaux morceaux de choix et en prime des clichés inédits avec le maître des trognes (on dirait qu’il est fait pour explorer de tels arbres 😉 ).

    Longue vie aux têtards.
    Quelques fois, cela me manque de ne pas en voir dans mon nord-est. (Mis à part pour les saules blancs et quelques très rares chênes ).

  3. Un alisier, tu attises ma curiosité !!

    Superbe.Pour le pommier, je ne le connais pas, mais il m’a l’air costaud, au moins dans les 3,5-4 m voir un peu plus, soit un pur record..

    D’après ça au moins 4 (il indique 12 pieds en circonférence) :

    http://www.waymarking.com/waymarks/WMG7CF_Malus_95233_Helmbrechts_Bayern_Deutschland

    http://img.groundspeak.com/waymarking/display/9e4ede92-81ab-4c18-990c-0436ab9cc2db.jpg

    La Bavière est providentielle pour les gros arbres.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.