Après avoir poussé tranquillement durant un minimum de 210 ans, à priori dans la campagne du centre Bretagne, un if a rencontré son bourreau au moment du remembrement. Du tronc de cet arbre, on a tiré une ou plusieurs tranches, dont celle-ci qui munie de pieds, a servi de table de bar durant quelques années, avant qu’elle ne me tombe entre les mains pour quelques euros…

Après plusieurs heures de ponçage pour enlever le vernis, et les stigmates d’une vie passée au service des buveurs de bière et de petits rouges, elle a retrouvée sa beauté.

Cette rondelle (sans écorce) a une circonférence de 3.20 m, un diamètre moyen de 1 m et l’âge approximatif  est de 210 ans. Je précise approximatif car plusieurs comptages ne m’ont pas permis de trouver le même chiffre (de 180 à 230). La difficulté de ce comptage réside dans l’irrégularité de la croissance avec parfois des cernes très fins durs à distinguer et des zones où le bois se développe de façon « aléatoire » en raison de blessures ou de la présence de branches et de nœuds.

Sa croissance moyenne annuelle est d’environ 1.5 cm par an pour la circonférence et de 5 mm d’accroissement en diamètre par an. La largeur des cernes varie de 5 mm aux endroits où la croissance est importante, à moins de 1 mm. On voit que la croissance baisse aux environs de 120 ans et qu’elle n’est pas homogène sur l’ensemble du périmètre.

Il y a deux cœurs, souvenir des deux axes originels, séparés par une entre écorce. Ils ont fini par se souder. Par la suite des rejets verticaux poussant sur le tronc ont eux aussi été absorbés formant des « cœurs secondaires ». Zoomer, vous verrez comment le tronc a formé son bois autour de ces « obstacles ».

L’aubier, la partie vivante (en clair sur la périphérie) est particulièrement mince et n’est constitué que de 10 à 15 cernes, illustrant bien la stratégie de renouvellement permanent des arbres, mais aussi une certaine fragilité.

Il y aurait encore beaucoup à dire, toute la mémoire de l’arbre est dans son bois (blessures, particularités de la croissance…), mais n’étant pas Alex Shigo, biologiste de l’arbre (plus d’info ici et là) qui a apprit « à lire dans les troncs », je ne m’étendrai pas plus…

J’ai laissé la première image en grande définition afin que vous puissiez zoomer. Les légendes des deux galeries ne sont pas forcément pertinentes, si vous avez une autre interprétation n’hésitez pas à me le dire!