La chapelle de Notre-Dame de Caderot, sur les bords de l’étang de Berre, est un lieu chargé d’histoire… et de légendes ! La plus célèbre est celle de Caderot, à l’origine de la construction de la chapelle et qui a fait l’objet d’un pèlerinage très pratiqué jusqu’au XIXème siècle.
Une autre légende, nettement moins connue, devrait intéresser notre petite communauté de passionnés d’arbres. Elle concerne la présence de quatre vieux cyprès plantés devant la chapelle à la suite d’un évènement tragique survenu il y a 300 ans.
Mais avant de vous présenter ces cyprès multiséculaires, revenons un instant sur l’origine de la Chapelle.
C’est sur cette terre païenne, exploitée depuis l’Antiquité pour ces salins, que va débuter l’évangélisation de toute la Provence. Et c’est sur ce petit tertre à peine émergé des eaux que va naitre la célèbre légende de Caderot.
Plusieurs variantes existent… Pour faire simple, l’histoire raconte qu’un taureau noir de Camargue aurait creusé avec son sabot au pied d’un cade (genévrier oxycèdre) et mis à jour un vase de cristal contenant des cheveux et du lait de la Ste Vierge. Une telle découverte ne pouvait que susciter la fascination des habitants et les pousser à y construire une chapelle.
Sa présence est attestée dès le IIIème siècle. Mais son apparence actuelle ne date que de 1864 au moment de sa restauration générale. En effet, l’édifice a été détruit et reconstruit à plusieurs reprises durant les guerres de religions et les invasions successives. La vie des Berrois n’a pas été un long fleuve tranquille…
Un autre évènement a particulièrement marqué la cité. En 1720, la peste va faire disparaitre la moitié de la population de Berre. Précisément 1071 Berrois vont mourir de ce fléau en à peine un an. Notre-Dame de Caderot se trouve alors transformé en lazaret (zone de quarantaine pour les marins venant de ports où sévissaient la peste). Et devant la chapelle, deux grandes tranchées sont ouvertes pour y entasser les cadavres avec un peu de chaux. A la fin de l’épidémie, la tranchée est comblée et on y plante des cyprès.
Ces quatre cyprès seraient donc âgés de 300 ans. Mais ce ne sont là que les rescapés de la plantation d’origine. Initialement, ils étaient placés sur un double alignement représentant les deux anciennes tranchées. Une légende raconte à ce sujet que l’on ne pouvait en planter que 12 car si l’on en plantait un 13ème, il mourrait car il ne pouvait être que Judas…
On peut donc penser que certains cyprès aient été remplacés au fil du temps et qu’ils ne soient pas tous du même âge.
Le plus gros mesure 18m de haut et 3,73m de circonférence à 1,3m du sol en janvier 2016. Des dimensions assez exceptionnelles pour un cyprès et qui pourraient bien correspondre à un âge avoisinant les 300 ans. Il serait peut-être le dernier survivant de la plantation d’origine.
Les trois autres cyprès sont nettement plus petits et paraissent dans un meilleur état sanitaire. L’un d’entre eux mesure 2,70m de circonférence à 1,3m de hauteur et la pointe de sa cime culmine à 21m.
Ces vieux cyprès font penser à ceux de la chapelle St Roch dans l’Aude. Ceux de Caderot seraient toutefois plus jeunes même si on ne connait pas précisément la date de plantation des cyprès audois.
Mais la similitude avec les cyprès de St Roch va encore plus loin. En effet, la chapelle St Roch est liée aussi à une épidémie de peste. Sauf qu’à l’inverse de Caderot transformée en lazaret, celle de St Roch a été construite par la population suite un vœu collectif lorsque la peste épargna miraculeusement le village de Montolieu en 1621.
Juste en aparté :
Il est intéressant de revenir sur l’origine du mot « Caderot ». Il provient de « cadaroscum » signifiant bosquet de petits genévriers. Une formation végétale naturelle qui rappelle celle du Bois des Rièges sur l’étang de Vaccarès (situé à 50km) et réputé pour ses genévriers de Phénicie multiséculaires. En provençal, « cadé » signifie petit genévrier. Une plante qui symbolise depuis l’Antiquité « le secours ». Lors des épidémies de peste, on brulait à Berre ses graines pour purifier les maisons, le mobilier, le linge et même les gens.
L’essentiel des informations historiques de cet article proviennent de « Abrégé de l’histoire de Notre-Dame-de-Caderot de Berre et Poème sur sa légende » écrit par Louis BAYET et synthétisé par le Père Régis CURRAL (curé de Berre-l’Etang) dans son histoire sur le pèlerinage de Notre-Dame de Caderot.
J’adore ces histoires insoupçonnées associées à ces vieux arbres…
Selon Boyala d’Arbaud, le boeuf et non un taureau venait de Marignane après ue journée de labour