Retrouvons Régis dans ses élucubrations arboricoles!
Retournons dans le Nivernais, pays de beaux arbres de hauts à moyens jets, et après vous avoir dévoilé le colosse de La Mie au Roy, c’est cette fois ci un fruitier d’exception qui sera mis à l’honneur.
Pour la petite histoire c’est toujours en feuilletant le tome 2 des arbres remarquables de Bourgogne que je suis tombé sur ce spécimen, mais après avoir bien regardé, je devais bien avouer qu’il me disait quelque chose et en effet, ce sujet avait déjà été remarqué par un éminent chercheur d’arbres qui se reconnaîtra !! Mais bizarrement le noyer ne figura jamais sur notre blog et c’est pourquoi, je le mets à la une de notre ‘dendrodépèche’.
Revenons donc à cette belle fin d’après-midi de septembre accompagnée d’une lumière splendide mais dans laquelle le temps était compté, j’avais malheureusement un planning à respecter et comme vous le savez tous, malgré nos recherches, nos arpentages et nos visites, nous ne passons pas assez de temps sous les ramures de ces vétérans. J’aurai bien pris le thé en compagnie des anciens du hameau pour qu’il me conte l’histoire du dit noyer, mais même si ce ne fut le cas, j’observai tout de même que non loin un beau chantier de rénovation d’un vieux manoir était à l’ouvrage et je fus ravi qu’un tel patrimoine revive car Challement c’est 51 habitants et qu’est-ce qu’un tel endroit sans une énergie pour maintenir les lieux?
Il y a quelques années la mairie et le propriétaire ont pris l’initiative de l’inscrire aux labellisations d’A.R.B.R.E.S. car le spécimen mérite vraiment un article entier et je vais essayer de vous en faire le portrait :
Sur 774 communes de la Nièvre et de l’Yonne, seul Challement a signalé un noyer. Ici il y a ce type d’espèce depuis longtemps et ça n’est pas pour rien que le maître des lieux n’est autre qu’un noyer royal.
Le dit spécimen n’est pas bien difficile à trouver, il suffit de passer devant l’église, le manoir et remonter une petite pente en prenant vers la droite, là sur un petit talus se juche un arbre fort singulier, car non seulement sa silhouette impressionne de par sa position et son tronc vrillé, on appelle cela un tronc senestorse comme il tourne vers la gauche à l’inverse de dextorse vers la droite, mais aussi par sa dimension peu commune. En effet on peut aisément consulter les inventaires de France, les sujets dépassant le mètre en diamètre ne sont déjà pas courants, mais dans notre cas on atteint 4,14 m à 1,30 m pour 15,6 m de hauteur ! Les chiffres parlent d’eux mêmes, on est clairement dans une catégorie à part et il est bien vrai que la question du label ne se pose même plus.
Il n’y a pas d’indication d’âge, le cap du siècle peut largement être passé, mais je ne saurais en dire davantage.
D’après l’auteur du livre, il doit probablement son salut à son court tronc à fibre torse, deux critères qui dévaluent fortement la valeur du bois.
Tant mieux pour lui, le village et pour nous, tant d’arbres d’exceptions furent déjà exploités pour leurs valeurs marchandes, et ne purent atteindre la senescence or c’est dans ce cycle qu’un arbre réunit tous les paramètres écologiques les plus importants.
Même si deux exemplaires espagnoles dépassent les 9 m de tour et arrivent à 9,74 m (2002, présence actuelle non vérifiée), dont un est sujet à caution pour la réelle estimation du fait de multiples excroissances, on voit plus couramment le plafond de circonférence se situer vers 5,5 à 6 m.
https://www.monumentaltrees.
Jusqu’à présent je n’ai pu que montrer des arbres isolés, mais je sais qu’on peut de temps à autre en voir en milieu forestier, dans un registre il est noté qu’un spécimen non loin de Mulhouse atteignait 33 m pour 2,85 m de tour. La plus part du temps on confond le royal avec le noyer noir des Usa, beaucoup d’espèces sont originaires d’Amérique du Nord ainsi que les Caryers un genre proche.
Le notre est plutôt originaire des pays des Balkans voire de plus à l’Est.
Il n’est pas rare de trouver des hybrides entre le noir et le royal, un excellent arbre forestier.
Superbe arbre !
Non seulement il est imposant, mais sa situation le met parfaitement en valeur.
Une bien belle découverte qui change un peu et met à l’honneur une essence peu évoquée mais si importante dans nos campagnes!
Un noyer magnifique, une telle prestance est devenue bien rare dans nos campagnes !
J’étais passé le voir il y a 2-3 ans, je suis bien heureux de le savoir en pleine forme et de le découvrir dans sa version estivale.
Tu as tout à fait raison, c’est surement son tronc torse qui a dû le sauver des marchands de bois… 🙂
Merci Régis pour ce bel article 🙂 🙂 🙂 Continue à nous faire partager tes découvertes !
Magnifique noyer, exceptionnel…
Il faut dire qu’on voit beaucoup de noyers anciens dans nos campagnes et nombre d’entre eux valent le détour. Mais celui-là sort vraiment du lot, notamment avec son tronc torse (tant mieux si cette particularité l’a sauvé) 🙂
Merci Régis pour ce partage.
Les vieux fruitiers sont un de mes thèmes de prédilection et cela aurait été dommage de ne pas mettre en lumière cet individu qui n’a jamais vu plus loin que l’horizon où se dessine le Morvan 😉
L’année s’annonce propice pour les noix alors souhaitons lui une bonne saison.