Il y a une vingtaine d’années, l’association Vienne Nature réalisait un inventaire des arbres remarquables du département de la Vienne, dans lequel un végétal particulièrement imposant avait attiré l’attention. Et pour cause, la prestance et les dimensions de cet érable negundo en l’occurrence, font de ce végétal l’un des plus remarquables sujets de son espèce de France.
L’érable negundo (Acer negundo) est originaire d’Amérique du Nord, où son aire de répartition est vaste. Il a été importé en Europe en 1688, et il se distingue de la plupart des autres érables de par ses feuilles semblables à celles du frêne, imparipennées qui comporte de 3 à 7 folioles. Autre originalité, les grappes de samares caractéristiques apparaissent avant les feuilles au printemps.
Loin de la terre de ses ancêtres, notre arbre remarquable a atterri à Bournand, une petite commune à 8 km au nord de Loudun, sur la place publique d’Aumetz, tout à côté de la salle polyvalente. Autrefois, Bournand était une zone humide étendue avec des marécages. Si l’extension du village a mangé ces paysages, l’eau est toujours présente dans le sol. En effet, les propriétaires du château résidants à quelques mètres de l’arbre m’ont assuré qu’il y avait toujours de l’eau dans leur puit, été comme hiver, et à faible profondeur. L’érable negundo étant une essence hydrophile (qui apprécie les sols humide), il n’est donc pas étonnant que le sujet dont nous allons parler ici soit devenu si vigoureux.
Côté mensurations, haut de 11 mètres, ce n’est pas par sa hauteur qu’il se distingue. En revanche, sa ramure est notable. Elle s’étale sur 20m30 du nord au sud, et sur 21m60 d’est en ouest. Une sacrée frondaison soutenue par de puissantes charpentières.
Le tronc, légèrement cannelé et boursouflé, n’est pas évident à mesurer car il se divise en trois axes à 70 cm du sol. Ces trois membres mesurent 2m54 (axe sud), 2m04 (axe central) et 2m05 (axe nord) de circonférence. Pour le tronc, la mesure de circonférence la plus révélatrice doit se faire au plus creux du tronc..
Verdict : 3m53 de circonférence à 70 cm du sol
S’il est sans aucun doute le plus gros sujet de son espèce dans le département, il pourrait aussi être l’un des plus gros du pays.
Concernant son état de santé, il semble plutôt bon, mis appart la présence d’un peu de bois mort et les nombreux gourmands qui poussent sur le tronc.
Espérons que cet érable s’éternise encore un peu à Bournand, où l’ombre qu’il procure en été doit être plus que bénéfique aux habitants de la commune.
Cette année, Vienne Nature organise un nouvel inventaire des arbres remarquables du département. Nul doute que ce spécimen sera sélectionné.
Bonjour Aurélien,
Page 77 de la 2e partie du tome 4 (téléchargeable sur Internet), je mentionne un érable du Manitoba exceptionnel dans l’Hérault : 6.50 m de circonférence, mais passablement décrépi !
Yves
Bonjour Yves,
Ah oui en effet je n’avais pas retenu cet exemplaire dans l’Hérault. Ca remet les pendules à l’heure ! Dommage que son état sanitaire soit si dégradé.
En tout cas merci pour cette précision.
Bonjour,
Un bel érable negundo comme il est rare d’en trouver !
Effectivement, c’est une espèce un peu « paradoxale », elle est assez courante dans les parcs et jardins et pourtant elle est rarement relevée dans les inventaires des arbres remarquables.
Il me semble que le Negundo n’avait pas encore fait l’objet d’un article sur nos blogs arboricoles (krapo/têtards) ??? En tout cas, belle entrée en matière Aurélien avec cet érable de la Vienne 🙂
De mon côté, je plafonne avec un 3m de circonférence maxi dans l’aglomération grenobloise.
Concernant celui du parc du château de Cazilhac dans l’Hérault, j’y étais passé il y a un an et je ne l’avais pas trouvé… pas vu ou peut-être disparu suite à son état sanitaire très dégradé comme signalé dans l’addentum d’Yves ? je ne sais pas…
A confirmer…
Merci pour ta réponse Castor,
Oui, tout comme toi, je trouve que cette essence est trop rarement relevée dans les inventaires. Même sur ArbresMonumentaux.com, il n’y a pas grand chose (appart à l’étranger).
Pas mal ton érable sur Grenoble aussi, ça commence à faire. Du côté de cette essence, il y a surement de nombreuses pépites inconnues à dénicher.
J’ai regardé les phots de cet érable du Manitoba mesuré à Cazilhac dans l’Hérault. Une charpentière était encore bien vivante et feuillue il y a quatre ans, sur un vieux tronc très impressionnant; Effectivement je ne sais pas s’il existe encore.
Je suis, en inventaire permanent des mensurations, un peu plus de 400 espèces. Je n’inclus pas les espèces particulières plantées dans des collections. Pour celles-là je me contente d’enregistrer la liste, qui pour les trois principales collections doit dépasser les 2000 taxa, sauf cas particulier. A ce moment là j’en parle dans les addenda.
J’ai oublié de jeter un oeil sur mon inventaire gardois. J’ai relevé un érable du Manitoba de 4.02m de circonférence à Bagnols/Cèze, en très bon état.
Difficile de mettre un âge potentiel en fonction de la dimension du negundo, surtout que c’est une espèce qui prend souvent une forme « anarchique », en multitroncs ou avec de très grosses charpentières dès la base du tronc.
Il a une croissance très rapide, certains le considèrent même comme une espèce invasive au même titre que l’ailante.
C’est peut-être une raison qui explique sa rareté dans les inventaires des arbres remarquables (tout comme l’ailante, un arbre mal-aimé que l’on place volontiers dans la catégorie des pestes végétales plutôt que dans celle des arbres remarquables).