Sisley nous emmène à la découverte d’essences exotiques de premier ordre…
Je vous dévoile un très beau parc situé dans les limites de la Moselle, entre la Meurthe et Moselle et le Luxembourg. Alors qu’en 2011 j’avais entendu parler de ce site et plus particulièrement d’un bon potentiel en arbres remarquables, je ne me fis pas prier pour me rendre sur place.
Non loin du château plus connu de Rodemack, se trouve le village de Basse-Rentgen, et dans sa périphérie, un vaste domaine dont la majorité est un terrain de golf. (partie principale vue du ciel par ici)
Arrivant à proximité, je débouchais sur une petite route qui me donna un bel aperçu de ce qui pouvait m’attendre plus loin. En effet, de part et d’autre de l’axe, un superbe alignement de tilleuls bordaient ce dernier.
Pas loin de 580 individus sur une longueur de 1800 m.
La plantation daterait de l’époque de l’aménagement du parc, et il compte parmi les plus belles allées de Moselle (la circonférence la plus élevée relevée est de 2,98 et la plus faible de 0,78 m, certains spécimens sont probablement issus de remplacements des initiaux).
Quoi de mieux pour aboutir devant le portail des lieux et s’engager dans les sentiers du parc à l’anglaise.
Les origines de l’endroit remontent à l’édification d’un château fort, dont il ne reste désormais que quelques ruines. En 1812 Jacques Milleret, le propriétaire, créa le parc à l’anglaise en introduisant des essences exotiques autour des nouveaux bâtiments érigés. Ce lieu servit longtemps de base d’échange botanique entre la France et le Luxembourg. Sur les 150 ha du domaine, seule une dizaine compose l’ancien parc, mais la richesse arboricole n’en est pas moins très mise en avant, car que ce soit en termes de dimensions ou de diversité, l’ensemble est remarquable.
La lecture de la souche d’un frêne abattu donna un résultat de 180 ans pour environ 4,3 m de circonférence, cela coïncide avec la période de plantation entre 1812 et les décennies successives. Le terrain est pourvu d’un sol fertile, car les arbres présentent des belles dimensions en 200 ans.
A voir également près des dépendances, un jardin clos abritant des buis façonnés en topiaire agrémentés de vieux fruitiers.
Après une bonne heure et demie en flânant le long des chemins (bien plus avec mesures et photos 😉 ), j’arrivai à dix spécimens ayant retenu mon attention. En voici la liste (circonférences mesurées à 1,5 m du sol en 2011 et hauteurs en 2012) :
- Marronnier jaune c 1,36 m à 1,4 m h 12 m
- Pin noir d’Autriche c 2,78 m h 27,2 m
- Chêne pédonculé c 3,92 m h 29 m
- Épicéa commun c 3,36 m h 39,4 m
- Tulipier de Virginie c 3,39 m h 34,6 m
- Peuplier blanc c env. 3,5 m h env 35,5 m
- Cyprès chauve c 5,08 m h 40,5 m
- Platane à feuilles d’érables c 5,26 m-1,1 m h 39,4 m (photo ci-dessus à gauche)
- Hêtre commun pourpre c 4 m 32,2 m
- Frêne élevé c 3,58 m h 38 m (photo ci-dessus à droite)
Les arbres dont j’ai retenu les dimensions de premier ordre, sont le tulipier et le cyprès chauve en ce que qui concerne les hauteurs.
Le cyprès chauve avec ses 40.5 m (ci-dessus et en tête d’article) est jusqu’à preuve du contraire le plus grand mesuré de France et peut-être d’ailleurs, à savoir que dans leurs milieux naturels ces arbres atteignent rarement plus de 45 m.
Le tulipier quand à lui est dans une bonne moyenne en frôlant les 35 m, bien que certains en Europe dépassent les 45 m. Mais il reste encore de la marge pour atteindre les niveaux phénoménaux de la côte Est des Etats-Unis, où un tulipier a récemment été mesuré à 58,5 m dans le parc national des ‘Smoky mountains’ en Caroline du Nord, ce qui en fait le plus grand arbre d’Amérique du nord sur la côte Est, juste avant un pin blanc. (plus d’infos par là)
Bien évidemment les autres arbres cités ainsi que certains du parc méritent aussi d’être considérés, c’est juste qu’à force de vouloir repousser les limites, on vogue des fois dans des zones bien au-dessus des moyennes, et il faut aussi savoir redescendre pour prendre pleine conscience que nombre des sujets qui nous entourent sont dignes d’intérêts.
Beau reportage avec des hauteurs impressionnantes, mais qui pourraient passer inaperçues, car leur perception n’est pas évidente…
Ce genre d’article me rend de plus en plus sensible aux arbres de parcs, même si j’ai un fort penchant pour les ruraux!
Jamais vu une si longue allée de tilleuls. Ça me donne envie de visiter les lieux au moment de la floraison. Le lieux doit embaumé et les abeilles bourdonné de joie.