A mi-chemin entre le chêne et le frêne de la Guitardière et le châtaignier de la Cigale, au creux d’un vallon, se cachent dans un site exceptionnel 3 remarquables chênes plateaux poussant sur des chirons granitiques.
J’ai longuement hésité à les qualifier de chêne plateau plutôt que de chêne à plaque basal comme Francis Hallé définit, dans son livre Plaidoyer pour l’arbre, certains ginkgos, oliviers ou ombùs qui développent cette excroissance si particulière. La raison en est que, toujours dans ce même livre, il est également fait référence aux observations de Claus Matthek sur les racines qui enveloppent des pierres. Je pense que la raison du développement si particulier de ces trois arbres saxicoles trouve une réponse dans ces deux définitions. Au départ un gland a du germer dans une vasque ou une fissure naturelle de ces chirons. Puis l’arbre s’étant développé, une racine épousant la forme du chiron à du rejoindre le sol pour sustenter aux besoins de la plante. Puis afin que le houppier résiste aux vents cette forme de plateau a commencé à se former pour opposer une résistance. Une taille en têtard à la base ayant amplifié le phénomène d’étalement du plateau .
Le premier sujet est le plus représentatif de cette observation. La circonférence à la base de la couronne est de 7,72 mètres. C’est le premier que j’ai découvert il y a cinq ans en arrivant sur ce site. C’est un moment gravé dans ma mémoire, une petite forêt sur sa boule de granite, un bonzaï géant naturel, un lieu féérique, un vrai moment de magie.
Cent mètres plus loin, sur un chiron encore plus gros et plus allongé, le deuxième sujet affiche 9,02 mètre de circonférence toujours à la base de la couronne. Certainement le plus vieux des trois. Une grosse racine a fini par former un tronc imposant à l’écorce profonde appuyé contre le rocher. Un petit houx a commencé à pousser à son côté dans l’humus et le crottin de mouton recueilli au creux d’une vasque.Pour le moment rien ne le relit au sol mais il tient bon.
A l’opposé du premier le troisième sujet est un peu différent. Il se décompose en deux plateaux faisant 3,58 mètres et 3,63 mètres de circonférence. La première a pris naissance au creux d’une fissure et la deuxième tient en équilibre, Dieu sait comment, sur l’extrémité pentue du rocher.
Si j’ai gardé secret aussi longtemps cette découverte, c’est qu’aussi fantastique qu’elle soit, elle n’en demeure pas moins très fragile, voir éphémère à l’échelle de vie des arbres. Car ces conditions de vie ne sont pas sans risques. Il y avait un quatrième sujet il y a encore moins de dix ans. Celui-ci a été arraché par une tempête. L’actuel propriétaire n’a aucun souvenir de la dernière taille de ces têtards. Et bien que maintenant ces arbres soient dans le périmètre de protection d’un site classé, ils demeurent sur une propriété privée et ne se visite pas : les prairies sont souvent occupées par du bétail à ne pas déranger.
Certainement qu’une taille d’entretien assurerait leur survie pour quelques décennies mais pourrait tout aussi leur être fatale si elle était mal réalisée. Cruel dilemme !
Une partie du site des chaos granitique du Boussignoux (également sur une propriété privée) reste accessible au public tant que celui-ci sera respectueux du lieu.
C’est un endroit également riche d’une biodiversité exceptionnelle.
Plusieurs légendes sont rattachées au Boussignoux. Leurs origines remontent certainement à bien plus loin qu’elles ne le laissent croire et sont certainement rattachées aux Dieux solaires, à la fois dieux de la fécondité et dieux guérisseurs.
Vous trouverez le riche récit qu’en fait M Drillaud dans la Revue du Bas-Poitou
1935 ICI
Et une autre version à écouter ICI
Superbe article (one more), images et « précisions » botaniques, et géographiques …., et …..
Je découvre la France (j’ai grandi et vécu en Afrique) à travers sa flore, ses arbres en particulier ! J’apprend beaucoup via ces articles…
Merci beaucoup !
Vraiment magnifique cette alliance du granit et de l’arbre, ces chênes sont superbes.
Un lieu magique ! ainsi que sa légende.
Merci, Y@nic
Que de souvenirs et de splendeurs pour ces fameux chirons 😉
Je dois bien avouer n’avoir encore rien vu de tel en zone de plaine.
Et à voir jusqu’à lundi 12h00 (immersion dans le monde particulier des séquoias géants de Californie) :
Bravo pour cette très belle présentation d’arbres perchés. On retrouve ce type d’arbres champêtres également en Bretagne dans les zones granitiques. Mais je n’ai jamais eu l’occasion de voir de tels spécimens. Au final, c’est grâce à cette alliance avec le minéral que ces arbres ont pu échapper à la dent du bétail et à la mécanisation agricole.
Tu n’avais pas abattu toutes tes cartes chironesques!
Le second sujet me plait particulièrement, au départ j’ai cru qu’il avait poussé entre deux morceaux d’un chiron brisé, à cause de cette racine ayant pris l’aspect d’un tronc. Ce sujet illustre bien la théorie selon laquelle le bois du tronc aurait une origine racinaire.
Quand à la formation des plateaux, elle s’explique aussi par le fait que la croissance est stimulée au niveau d’un point de contact avec un objet, comme dans le cas des arbres avaleurs
http://lahulotte.fr/expo_arbres_sommaire.php
Il me reste encore quelques cartes en mains. Le plus dur reste de trouver le temps de les montrer.
Le contexte géologique de la formation des chaos rocheux de la Gâtine poitevine, et donc des chirons, peut être téléchargé -en PDF- sur le site de la Société géologique et minéralogique de Bretagne:
https://sgmb.univ-rennes1.fr/images/publications/B8/5-poncet.pdf
Intéressant, mais un peu brouillon.Il est curieux qu’une société géologique ait autant de mal à situer et différencier la Vendée des Deux-Sèvres. Mais bon au moins elle ne s’est pas trompé en affichant la carte des Deux-Sèvres.
Je ne vois pas ce qui justifie le reproche d’un caractère brouillon et d’une soi-disant confusion entre la Vendée et les Deux-Sèvres; ces deux départements n’étant associés que dans le préambule sous forme d’une phrase » mais aussi en Vendée et… dans les Deux-Sèvres » qui ne souffre aucune ambiguïté en français. Les documents cartographiques sont au contraire très explicites. L’article de Didier Poncet est un modèle de précision et de concision dont je recommanderais la lecture à tout étudiant en mastère ou en thèse pour qu’il s’en inspire!
Veuillez accepter toute mes excuses si je vous ais offensé par mon commentaire, mais mon but n’était pas de remettre en question le travail géologique de Didier Poncet. Je n’en aurai de toute façon pas les compétences.
En tant que simple béotien de la géologie, ce qui me gène, c’est cette confusion entretenu par le terme « Haut-Bocage Vendéen ». Pour moi les 4 sites (Morelière, Boussignoux,Garrelière et Moulin-Neuf) dont il est fait allusion ici se trouvent géographiquement en Deux-Sèvres sur le territoire de La Gâtine. Ce que je trouve » brouillon » c’est qu’il se crée alors une confusion entre la Gâtine Deux-Sèvrienne et le Haut-Bocage Vendéen qui sont deux régions géographiquement bien différentes.
Ce que je trouve également curieux c’est qu’il existe bien un site de chaos granitique en Vendée au Piquer du Tablier et qu’il n’en est pas fait mention ici.
Une subtilité linguistique m’échapperait-elle dans le terme haut-bocage Vendéen ? Croyez bien que mon but était de ne blesser personne mais de soulever cette incongruité.
Tout ça n’est pas bien méchant, si pour certains le Mont Saint Michel est au nord-est de la Bretagne, pour d’autres le Boussignoux peut bien se trouver dans le Haut-Bocage Vendéen.
d.patrick.mathieu@wanadoo.fr
Le site semble vraiment magique et ces surprenants arbres sur rochers rendent l’endroit unique.
Magnifique trouvaille !!!