De passage à Lausanne, je ne manquais pas de prévenir Tristan, notre reporter régionale du bord du Léman, pour qu’il m’indique quelques arbres d’exception à découvrir dans cette belle citée suisse.

Sa réponse fut immédiate et je débarquais chez les helvètes avec en poche, à défaut de lingots d’or, une longue liste d’arbres à ne pas manquer. Malheureusement quelques contraintes sur place ont perturbé mes visites et je me suis surtout focalisé sur un Sapin de Vancouver réputé comme le plus grand arbre de Lausanne.

La ville de Lausanne est moins fournie en arbres remarquables que sa voisine Genève. Peut-être à cause de sa situation en escaliers sur les bords du Léman.

Dans la liste transmise par Tristan, seuls 2-3 arbres semblaient vraiment exceptionnels. Parmi eux figuraient un platane de 8m de circonférence, un Catalpa de plus de 4m et un sapin de Vancouver gigantesque.
Pour rien au monde je n’aurai manqué ce rendez-vous avec Abies grandis. C’est une espèce plutôt rare dans les parcs et jardins. On le trouve de temps en temps en essence de reboisement dans le Massif Central notamment, mais je n’avais eu l’occasion de le rencontrer dans des dimensions XXL.
Le sapin de Vancouver fait parti des géants de la côte ouest des États-Unis. C’est même le plus grand des sapins connus, il peut frôler les 100m de hauteur dans son aire d’origine sur la Côte Pacifique.
En France, les deux grandis les plus célèbres étaient situés dans l’Aigoual à l’Arboretum de La Foux. Ils avaient été plantés en 1906 et détenaient le record d’arbres les plus hauts de France depuis le début des années 2000… jusqu’à leur abattage en juin 2013 (la Vidéo de l’abattage des sapins de La Foux).

Celui de Lausanne se trouve à mi-pente sur la colline (Crêt) de Montriond. Une jolie butte arborée coincée entre le jardin botanique et le Parc de Milan.
Sa silhouette se repère de loin et je l’avais en ligne de mire dès mes premiers pas dans la citée suisse.
Un géant qui domine largement tous ses voisins, mais l’effet est plutôt trompeur à cause de sa position à mi-pente.
A ses pieds, je suis surpris par les dimensions du colosse. La circonférence, mesurée à 1,3m en amont en mai 2015, fait 4,65m (le plus gros des géants de l’Aigoual ne faisait que 4,20m au moment de son abattage).
Malheureusement je n’avais pas emporté avec moi de dendromètre. L’estimation de sa hauteur est compliquée à cause de sa position dans la pente. Mais finalement il n’est pas aussi gigantesque qu’il le paraît. Je suis quasiment certain qu’il fait moins de 50m de haut et sans prendre de risque je l’estime entre 35 et 45m maxi.
La cime a été cassée il y a déjà quelques années (foudre?) mais une branche latérale a pris le relais et continue son ascension vers le ciel. Malgré ce bris de cime, il est évident que ce sapin n’a jamais atteint une hauteur record.
Tristan avait récupéré quelques infos dans un livre suisse où le Géant est décrit, Au Rendez-vous des arbres paru en Juin 2012 par François Bonnet. Il a été mesuré à 4,40m de circonférence et une hauteur de 42m.
Je n’ai pas d’information sur son âge. C’est une essence à croissance très rapide, mais pour atteindre de telles dimensions il doit certainement être centenaire.

Coordonnées géographiques : N 46,51446° E 006,62328° – Altitude 450m –

Le Sapin de Vancouver présente des signes assez distinctifs des autres sapins. Ses aiguilles bien étalées sur le rameau sont bien caractéristiques. Lorsqu’il est jeune, son tronc est souvent couvert de (terribles) petites poches de résines. Mais là je découvre l’écorce d’un grandis vénérable. Elle est grise, un peu bleutée et commence à se crevasser à la façon du douglas.

De loin, sa silhouette se repère facilement et même le séquoia planté au sommet de la colline ne peut rivaliser en hauteur avec son lointain cousin américain installé plus bas dans la pente.