Réédition de l’article suite au piratage.
En traversant la médina bouillonnante de Rabat, le visiteur risque de se retrouver quelque peu étourdi par tant d’agitation. Il existe heureusement un petit havre de paix, un magnifique petit écrin de verdure pour se ressourcer avant de poursuivre vers la Kasbah des Oudayas (l’ancien camp militaire fortifié).
Le Jardin des Oudayas, appelé également jardin des Andalous, a été créé par un architecte français en 1920 sur commandement du résident général du Maroc, le Maréchal Lyautey (qui avait aussi sous ses ordres un dénommé Gouraud, mais c’est une autre histoire…).
Le style du jardin se veut d’inspiration andalouse. Il se trouve dans une enceinte ocre, avec sa noria et ses parterres couverts d’arbustes typiquement méditerranéens (oliviers, orangers…). Il est réputé également pour ses Daturas remarquables.
Vraiment ? En fait, la vérité est quelque peu différente…
Malgré que la noria ne soit plus alimentée en eau depuis de nombreuses années, le charme de ce petit jardin andalou reste indéniable. Mais ce qui m’a le plus séduit, c’est la découverte d’une incroyable volubile prenant la forme d’une arche fleurie en haut des escaliers. Il s’agit en fait d’un trompe l’œil et il faut l’observer attentivement pour déjouer la supercherie… Une liane très malicieuse qui s’appuie en fait sur deux cyprès morts marquants jadis l’entrée du jardin. Elle a été plantée à l’origine au pied de l’un des cyprès. Puis, elle a rapidement envahi son hôte d’infortune… Elle a ensuite continué sa course dans le houppier de l’autre cyprès et au final, l’a totalement étouffé. Une volubile terrifiante qui mériterait le surnom de « Veuve noire des Oudayas » …
Une nature impitoyable dont le résultat est absolument saisissant et tout à fait remarquable !
Je ne suis pas habitué à ce genre de ligneux; l’identification de cette liane m’a posé quelques difficultés. J’avais pensé reconnaitre la Bignone à vrilles (Bignonia capreolata) et c’est sous ce nom que j’avais tout d’abord publié l’article mais le regard bienveillant d’Yves Maccagno a permis de corriger mon erreur. Il s’agit en fait d’une Solandra grandiflora (La Solandre), une liane originaire du Mexique et assez courante en France sur la Côte-d’Azur.
Poursuivons la flânerie dans ce petit paradis arabo-mauresque. Il est temps désormais d’aller admirer les célèbres Daturas qui ont fait la réputation du jardin…
Mais il y a comme un problème… Il n’y a pas le moindre Datura à l’horizon ! De toute évidence, il y a une (petite) erreur botanique : une confusion entre le genre Datura et le genre Brugmansia.
Les Datura sont des plantes ligneuses originaires du Mexique mais possédant des fleurs dressées alors que les Brugmansia (ou trompettes des anges) ont des fleurs tombantes. En dehors de cette petite différence, les deux plantes sont très proches et toutes les deux sont même très toxiques.
Reprenons alors la visite du jardin et partons aller admirer ces magnifiques Brugmansia candida. Cette plante forme en effet de beaux buissons, mais sans pour autant paraitre très spectaculaires. Je n’ai pas beaucoup de références en matière de Brugmansias et il m’est bien difficile de juger de leur caractère remarquable.
C’est finalement en sortant du jardin andalou que je trouve dans les petites rues de la Kasbah des Brugmansias bien plus spectaculaires, formant de véritables petits arbres et 3-4m de haut.