Les Ginkgos du frère de l’Empereur, St-Sulpice-Laurière (Hte Vienne)

Réédition de l’article suite au piratage.

N’espérez pas trouver dans cet article des arbres aux dimensions exceptionnelles !
Et si je vous disais qu’il ne s’agit que d’une simple rangée d’arbres sur le parking d’une petite gare du Limousin, vous pourriez bien être déçu et bouder l’article.
Mais pas du tout ! Derrière cet alignement presque ordinaire se cache une histoire absolument incroyable ! Ces arbres sont intimement liés à l’arrivée du chemin de fer dans le sud-ouest de la France…
ginkgo-empereur1ginkgo-empereur2ginkgo-empereur3ginkgo-empereur4St Sulpice-Laurière, petite bourgade paisible à 20 minutes au nord de Limoges, semble au premier abord dépourvu de tout centre d’intérêt. Pourtant, ce petit village verdoyant se trouve à l’intersection des lignes Paris-Toulouse / Clermont-Bordeaux et a joué un rôle majeur dans le développement du chemin de fer.
Mais reprenons l’histoire à son commencement, il y a 150 ans…
Dans les années 1860, la construction de la ligne de chemin de fer Paris – Toulouse devait désenclaver cette région et favoriser les échanges avec le reste du territoire : un vaste projet pour de grandes ambitions (150 ans plus tard l’isolement du sud-ouest reste toujours un problème…) !
A cette époque, un jeune ingénieur en chef, M. De Leffe, dirige les travaux dans la région de Limoges. Mais Monsieur De Leffe a également une passion (qui n’a rien à voir avec la bière belge du même nom…). Il est fasciné par la culture nippone et a effectué plusieurs voyages au pays du soleil levant. C’est d’ailleurs au cours d’un de ses voyages au Japon, qu’il rencontre le frère de l’Empereur. Ils sympathisent et deviennent très proches. M. De Leffe invite en retour le prince impérial dans son château du limousin. En guise de cadeau, le prince lui apporte 13 plants de Ginkgos, une espèce encore peu répandue en Europe mais ayant un fort pouvoir symbolique en Orient.
M. De Leffe, très touché par ce présent, les fait planter devant la gare qu’il est en train de construire à St-Sulpice Laurière en 1864.
(Informations recueillies sur la plaque commémorative de la gare).
Sur les 13 plants d’origine, un seul n’a pas survécu, il reste actuellement : 10 pieds mâles et 2 pieds femelles.
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Sur les douze ginkgos vivants, onze se trouvent alignés sur la bordure du parking de la gare. Une haie qui doit briller de mille feux à l’automne mais lors de mon passage en octobre 2015, je n’ai pas pu profiter du spectacle, les feuilles commençaient à peine à se teinter de jaune.
Dans cet alignement planté serré, les dimensions sont assez faibles pour des arbres âgés de 150 ans: les circonférences varient de 2 à 2,5m.
En revanche, un pied isolé au bout du parking offre des dimensions moins ordinaires : une circonférence à 1,3m du sol de 4,18m et une hauteur totale mesurée au dendromètre suunto de 22m.
Un beau tour de taille mais qui reste bien inférieur à certains ginkgos présents sur notre territoire.
Il faut tout de même signaler que cette espèce était plutôt rarissime en France en 1860, en dehors des jardins botaniques. Il paraît qu’un alignement de ce type avec des Ginkgos de 150 ans est un cas unique en France. Cet ensemble arboré a d’ailleurs fait l’objet d’une labellisation par l’association ARBRES en 2001.
Il était donc intéressant de chercher sur ces vieux individus la présence des célèbres chichis, comme nous l’avions observé sur celui d’Annecy, âgé lui aussi de 150 ans. Je n’ai malheureusement pas remarqué de véritables excroissances pouvant rappeler ces étranges chichis. Il y a pourtant des boules bizarres apparaissant sur certains troncs et notamment sur celui isolé au bout du parking. Mais il faudra certainement attendre encore quelques dizaines d’années pour voir se former de vrais chichis.
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