Le peuplier blanc du Pont d’Avignon

Voilà certainement l’arbre le plus emblématique d’Avignon, placé sur l’île de La Barthelasse entre deux rives du Rhône et face au célèbre Pont Saint Bénézet : un peuplier blanc qui s’offre l’une des plus belles vues sur la cité des Papes depuis plus de cent ans.

C’est une espèce plutôt méridionale mais qui remonte volontiers dans d’autres régions françaises aux hivers doux. Il est très fréquent dans le département du Vaucluse où il se régénère de façon explosive au bord des cours d’eau ou sur certaines prairies humides.
Celui-ci sur les berges du Rhône est le plus gros relevé lors de l’inventaire des arbres remarquables réalisé par le CAUE du Vaucluse en 2012.
En février 2017, sa circonférence mesurée à 1,30m du sol est de 5,94m. A 1,50m de hauteur, elle affiche encore une valeur impressionnante de 5,75m.
La hauteur totale de l’arbre est plus ordinaire (29m) et trahie de gros problèmes sanitaires. En effet, son état est inquiétant, son dépérissement est assez avancé et irrémédiable. Ce colosse est sur la fin de sa vie. Plusieurs polypores apparaissent sur le tronc et certaines charpentières sèches commencent à représenter un risque évident pour les nombreux badauds arpentant  la promenade des berges.

En France, très peu de peupliers blancs aux dimensions supérieures à 5m de circonférence ont été relevés dans les inventaires départementaux ou mentionnés sur nos blogs arboricoles.
D’après l’inventaire très exhaustif d’Yves Maccagno dans le département voisin du Gard, le plus gros peuplier blanc recensé atteint 6,10m de circonférence (à voir dans son ouvrage des Arbres Remarquables du Gard, Tome 2).
Pourtant, dans d’autres pays d’Europe, des peupliers blancs de 8, 9 et même de plus de 10m de circonférence (Europe centrale) ont été présentés sur la base de données Arbres monumentaux; des dimensions maximales analogues aux plus gros peupliers noirs.
Il serait donc étonnant que nous n’ayons pas nous non plus quelques colosses blancs spectaculaires cachés près de nos cours d’eau.
De jolis spécimens restent à découvrir à coup sûr ! Et leur recherche peut se coupler avec celle de saules colosses qui fréquentent les mêmes stations, un doublé gagnant potentiel 🙂


Pour l’anecdote : l’île de la Barthelasse (la plus grande île fluviale de France) où se trouve ce peuplier blanc a joué un rôle historique pour mes ancêtres… les castors ont en effet bien failli disparaitre de France à cause de leur chasse abusive, autorisée jusqu’en 1906. La Barthelasse a représenté le dernier refuge d’une petite troupe de castors dans le sud-est. Lorsque l’espèce fut protégée, c’est à partir de cette île que la population de castors a pu reconquérir toutes les berges du Rhône et de ses affluents. Alors sachant que la nourriture préférée du castor est le saule et le peuplier blanc, il est donc fort probable que ce vénérable peuplier blanc a échappé par miracle aux dents aiguisées des derniers castors de France au début du siècle dernier !!!
Du coup, s’il existait un jumelage entre les arbres remarquables de France et d’Europe, le peuplier blanc de la Barthelasse serait forcément jumelé avec les Eucalyptus de St Castor à Nîmes. 😉


Mise à jour en octobre 2017 :

A découvrir ou réécouter en podcast sur France Bleu Vaucluse, une émission sur les arbres remarquables du Vaucluse diffusée le 19 octobre 2017 par Philippe Paupert.
Ils sont tellement nombreux dans le Vaucluse que le peuplier blanc d’Avignon n’a pas été évoqué dans l’émission, d’autres arbres fabuleux lui ont volé la vedette 😉


 

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7 réflexions sur « Le peuplier blanc du Pont d’Avignon »

  1. Merci Célestine pour votre message 🙂
    Peut-être que vous aurez envie de lui rendre visite, la promenade des berges du Rhône est très bien aménagée et offre une vue magnifique sur Avignon et sur son célèbre Pont dont plusieurs arches ont été arrachées par d’anciennes crues.

  2. Fort dommage !

    C’est effectivement rare d’en croiser de cette dimension.
    Peut-être que les aménagements alentours n’ont pas aidé le système racinaire déjà mis a l’épreuve par les lignivores.

    Espérons qu’ils conservent une partie de l’arbre.

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