Retour en Bretagne avec un arbre qui me plait tout particulièrement, malgré son état de décrépitude avancée!

C’est un chêne sessile, de futaie, que les habitants des environs appellent le père éternel. Aurais-je à faire au Dieu des chênes!?

Je ne le pense pas, mais le simple fait qu’il ait un nom le rend intéressant. Cela prouve le respect et l’attachement que lui portent les locaux, et son ancrage dans le terroir.

Autrement, ce qui m’impressionne, c’est l’effet que produit ce vieux corps meurtri par le temps, au milieu des jeunes et arrogants baliveaux. Le contraste est saisissant, il me fait plus l’impression d’un fantôme, que d’un arbre!

Le père éternel porte toutefois mal son nom, il approche malheureusement de la fin. Sa survie ne tient qu’à quelques rejets à sa cime qui s’obstinent à reverdir chaque année.

Son tronc encore fier, à l’écorce fine, de 4,5 m de tour, porte les cicatrices d’anciennes branches aujourd’hui disparues. Branches probablement apparues lors la mise en lumière du fût, suite à l’abattage des arbres voisins, puis mortes à cause de l’ombre produite par la repousse de nouveaux arbres.

Sur la face nord, une énorme plaie béante, consécutive à la chute d’une charpentière, nous montre l’intérieur creux de l’ancêtre!

Pourquoi l’a-t-on épargné lors des différentes coupes d’exploitation? Peut-être pour son allure majestueuse, sa beauté et donc sa semence d’élite! Quoiqu’il en soit, il n’est certainement plus que l’ombre de lui-même!

Quel âge lui donner? Trois cents ans, quatre cents? Plus?  Le château de Brignac date du  15ème siècle et a été remanié au 18ème siècle, l’arbre a peut-être été planté à l’une de ces périodes charnières pour le domaine. Je pencherais pour le 18ème…

Quelque soit son âge, j’espère que sa vieille carcasse hantera encore quelques années les bois du château.

Yannick