Les Grands Causses du sud Massif-Central offrent des conditions de croissance particulièrement difficiles pour la végétation arbustive : plateaux calcaires aux sols superficiels avec des hivers rudes à 1000m d’altitude et des étés caniculaires.
Trouver un arbre remarquable sur ces causses pourrait être classé en mission impossible. Le chasseur d’arbres en quête d’une hauteur de 20m ou d’une circonférence de 3m pourrait bien rentrer bredouille.
Pourtant, certains ligneux indigènes ont réussi à marquer de leur présence ces terres hostiles.
L’Association Pays d’Art et d’Histoire de Mende a publié dernièrement un petit recensement des arbres remarquables en Hte vallée du Lot. Sa liste (référencée sur la carte de Tristan) fait mention d’un Alisier blanc à la ferme du Choizal. La ferme fortifiée du Choizal, à l’architecture typiquement caussenarde, est bien connue sur le causse de Sauveterre.
Un arbuste dans une liste d’arbres remarquables, voilà de quoi aiguiser ma curiosité…
Sa localisation a été plus délicate à préciser sur le vaste domaine du Choizal. Heureusement que sa position isolée permet de le distinguer des accrus naturels (pin sylvestre et chêne blanc) du causse.
Sa circonférence à 1,3m est de 2,45m et une hauteur mesurée au dendromètre Suunto de 14m en février 2015. Je reste un moment au pied de cet arbuste vénérable pour apprécier le calme et les immensités sauvages si particuliers aux causses lozériens.
Coordonnées géographiques : 44,45749°N 003,44903°E – Altitude 970m –
En repassant à la Ferme du Choizal, je rencontre l’agriculteur qui me confirme le caractère exceptionnel de cet alisier. Il n’en connait pas d’équivalent et il considère que cet Arièr roge (son nom occitan) est assurément centenaire.
En s’éloignant de la Lozère, d’autres alisiers blancs remarquables ont déjà été signalés. Notamment par notre ami Sisley qui avait consacré un article en 2011 sur le krapo avec un alisier alsacien de 2,50 m de circonférence (soit 5 cm de plus que notre alisier lozérien).
L’aire de répartition de l’Alisier blanc est très étendue. La base Arbres monumentaux nous signale même la présence d’un individu de 4m de circonférence en Allemagne, à voir en photo ici.
Dans sa parure hivernale, on remarque que son houppier est envahi de boules de gui, ce qui le transforme en un formidable poste de nourrissage pour oiseaux durant l’hiver. Malgré ce parasite (ou plutôt hémiparasite puisque le gui ne pompe que de la sève brute et fait sa photosynthèse), son état de santé est assez satisfaisant. Je n’ai pas remarqué de blessures particulières dues à la présence du pâturage des brebis.
A proximité de la ferme du Choizal, il faut signaler également la présence de vénérables pins sylvestres. Leurs dimensions ne sont pas exceptionnelles mais ils présentent une forme caractéristiques d’arbres anciens courbés par l’âge et la neige des rudes plateaux lozériens.
L’un d’entre eux, largement centenaire, a une circonférence à 1,3m de 2,51m en février 2015. Sa hauteur est estimée à 13m.
Coordonnées géographiques : 44,45991°N 003,45104°E – Altitude 975m –
Avant de quitter le Causse, je ne résiste pas à l’envie de ne pas vous montrer l’architecture typique des maisons caussenardes dont la ferme fortifiée du Choizal représente un exemple « remarquable ».
Un bel « arbuste » que ce Sorbus aria, qui doit se sentir un peu seul sur ce grand causse!
Le pin sylvestre à une belle forme, ramassée, pour tenir tête aux rudes hivers de la Lozère. La ferme fortifiée est superbe.
Superbe alisier blanc
Une espèce absente de l’ouest de la France
Bravo pour le partage
Merci pour cette balade dans le causse!
Comme le dit Mickaël, c’est une essence que l’on a pas l’habitude de côtoyer en Bretagne, mais je suppose que les dimensions maximales de cette espèce sont proche du torminal. En comparaison, nos Sorbus torminalis les plus gros sont de ce ce gabarit, avec des conditions climatiques plus favorables,.
C’est donc un arbre bien méritant, pour avoir atteint cette taille en ces lieux!
Je ne savais pas qu’il était absent dans l’ouest de la France. Il a pourtant une aire de répartition très large. C’est étonnant qu’il ne trouve pas sa place dans vos contrées riches et humides.
Désolé Yannick, mais je trouve la comparaison avec l’alisier torminal un peu osé. L’alisier blanc est vraiment un arbuste tandis que le torminal peut plus fréquemment (lorsqu’on lui laisse la chance de pousser…) atteindre l’aspect d’un arbre.
C’est un peu comme si on comparait un chêne kermès et un chêne vert. 😉
Salut Castor,
Comme Yannick j’ai également fait la comparaison avec le torminal. L’alisier blanc est souvent décrit comme un arbre pouvant atteindre les 20 m. Je me souviens d’ailleurs que Sisley en avait présenté de très beaux chez Krapo qui atteignaient les 15 m:
https://krapooarboricole.wordpress.com/2011/12/23/alisiers-blancs-les-hautes-huttes-haut-rhin/
Apparemment il y aurait encore de nombreuses sous-espèce de sorbus aria. Ne confondrais-tu pas avec le sorbus chamaemespilus très répandu en massif de 1000 à 1500m qui lui reste à l’état d’arbrisseau ?
je ne connaissais pas cette espèce de sorbus « nain », c’est vrai qu’il ressemble beaucoup à l’alisier blanc. Sans y faire trop attention, on peut rapidement les confondre.
Un alisier tout aussi magnifique que la ferme !
Une chose est sûr, l’alisier blanc est plus une espèce d’altitude, qu’on retrouve des fois avec le sorbier des oiseleurs et l’alisier de Mougeot dans les Vosges.
J’avais croisé des alisiers nains dans le Vercors, mais ils restent très bas et avoisinent 1 à 1,5 m de hauteur.