Sur les bords de l’Etang de Berre, il est de tradition de monter au « Quillé ». Une petite balade familiale, dominicale ou digestive devenue un grand classique tout au long de l’année.
Le Quillé est le nom donné à la petite butte (oppidum) où se trouve le village médiéval de Miramas-le-Vieux.
Mais restons lucide, la motivation principale de cette ascension est sans aucun doute le très célèbre glacier « Le Quillé ». Pourtant, avant de déguster l’une des meilleures glaces des Bouches-du-Rhône, chacun aura en point de mire un arbre emblématique du vieux village : un pin tout biscornu !
Le « Pin du Quillé » est un pin d’Alep. On le nomme également pin blanc en Provence. Un arbre caractéristique de la Méditerranée qui se contente des sols calcaires les plus arides en Basse-Provence et en Languedoc. Il forme des boisements denses après le passage des incendies ou cohabite de façon plus clairsemée avec les taillis de chêne vert.
Celui du Quillé est particulier avec sa position en bord de route enveloppant tout un virage. Un authentique tunnel végétal. Ses branches courent le long du parapet comme s’il voulait rehausser le muret d’une protection supplémentaire pour les conducteurs imprudents. Et dire que certains ne voient dans les arbres d’alignement qu’un terrible danger potentiel pour les automobilistes. Celui du Quillé ne nous veut que du bien ! Tel une sentinelle perchée sur sa colline, il guide le promeneur dans son ascension et gratifie chaque visiteur d’une ombre fraiche et réconfortante en période de canicule.
Et quelle beauté ! Son écorce grise argentée et ses formes sinueuses semblent danser au sommet de la colline dans un ciel bleu azur (sauf le jour de ma visite…).
Cet arbre dégage une telle prestance que j’ai presque failli oublier de procéder aux mesures officielles. Un caractère « Remarquable » indiscutable, dans ces conditions l’aspect dendrométrique devient secondaire.
D’ailleurs j’aurai dû me contenter de son bel aspect esthétique car la phase de mesures s’est avérée particulièrement délicate.
Il a fallu tout d’abord sauter le parapet de la route, puis tenir en équilibre dans un talus pentu à la végétation peu accueillante (pour ceux qui n’ont pas le tempérament du sanglier). Mais le devoir d’un Têtard Reporter ne s’arrête pas à quelques broussailles !
La face cachée du Pin du Quillé nous dévoile un tronc court et noueux s’appuyant sur le muret (à moins que ce soit l’inverse ?). Le tronc épouse parfaitement la forme du parapet, il n’y a pas le moindre interstice entre l’arbre et la pierre pour que je puisse glisser mon mètre de mesure. Il faudra alors se contenter d’une estimation de sa circonférence : 3,75 à 4m en janvier 2016. En revanche, la branche principale mesure au niveau du muret précisément 2,78m.
La hauteur totale de l’arbre n’est pas facile à mesurer car son large houppier penche en direction de la route. On peut estimer sa hauteur à environ 14m.
Son état sanitaire est très satisfaisant, il n’y a aucun signe de faiblesse apparent.
Il faut préciser également que le « Pin du Quillé » a été repéré en tant qu’arbre remarquable de France. Il a reçu le prestigieux label de l’association ARBRES dès sa première année de création en 2000.
En période de grosse chaleur, il serait dommage et même imprudent de ne pas faire une halte dans l’un des deux prestigieux glaciers du village. Le Glacier du Quillé est réputé comme le meilleur des Bouches-du-Rhône (peut-être même du monde entier, diraient les Marseillais !) et Le Misto offre une splendide terrasse panoramique sur tout l’étang de Berre. A vous de choisir !
Vous pouvez aussi prolonger votre tournée arboricole de l’Etang de Berre par une petite visite à la Chapelle de Notre-Dame de Caderot entourée de ses vieux cyprès de Provence (article des Têtards ici) ou encore par la curieuse yeuseraie (chênes verts) de Lavalduc dont le site a été mis en valeur par la municipalité d’Istres (43,48086°N – 4,96887°E).
Finalement, cette région très minérale, balayée par de violentes rafales du Mistral, n’est pas dépourvue d’intérêt arboricole.
Note : il y aurait également un figuier remarquable dans un petit square de Miramas le Vieux (parc de l’ancienne poudrerie ???)… je n’ai pas eu le temps de partir à sa recherche, peut-être que l’un des lecteurs pourra nous en dire plus !
Merci Castor de nous avoir fait découvrir le tronc du pin d’Alep (très beau) Seul un castor aventureux pouvait nous le dévoiler ! car c’est la première fois que je le vois !
Bonjour Guy,
je suis ravi de te faire découvrir cette belle essence et j’espère ces reportages te donneront envie de partir à la rencontre des « Magnifiques » dans leur environnement méditerranéen 🙂
Fort surprenant comme pin, tant dans sa forme que pour sa situation !!
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Dans « Avis de disparition » je suis dans le regret d’annoncer la fin du beau cormier de Sarre-Union (Bas-Rhin) qui a subit une lourde casse par les rafales de vents entre le 12 et 13 janvier. Il possédait un départ de charpentières fissuré en 3 endroits et j’observais cette progression depuis une dizaine d’année.
Suite à cela, un démontage de l’arbre a été mis en place, car il est situé à 3-4 m d’une route en zone industrielle.
A vrai dire je suis content qu’il ait pu vivre toutes ses dernières années en paix, car dans d’autres endroits, je crois qu’une tronçonneuse aurait déjà retentit..
Je lui rend donc un dernier hommage et j’espère qu’il y aura de la relève en plantation :
http://www.monumentaltrees.com/fr/fra/basrhin/sarreunion/9349_delagare/
Dommage pour ce cormier, mais la situation était critique depuis longtemps.
Superbe spécimen, il doit y avoir un petit coin sympa entre ses branches rampantes pour faire Une petite pose.
Il devait être encore plus volumineux, car la branche coupée côté route semblait être de belle taille…