L’Autre cyprès mexicain de Bordeaux

¡Ay, caramba!

Un arbre mexicain à Bordeaux !?!
Voici assurément une drôle de curiosité à découvrir dans la belle ville de Bordeaux et pour les initiés pensant bien connaitre les arbres remarquables bordelais, ce n’est pas le mexicain auquel vous pensez… 😉

J’avoue que le titre est volontairement mystérieux, mais c’est juste pour attirer le lecteur et lui donner envie de cliquer sur le bouton « Lire la suite » 😉
Un titre qui soulève même deux questions et que nous allons expliquer pas à pas dans ce court article.
Commençons par l’espèce : un Cyprès mexicain.
Pour être précis, il faudrait parler de Cyprès de marais mexicain, ou Cyprès de Montézuma, Taxodium mucronatum. Un arbre méconnu en Europe même si l’espèce est mythique pour les passionnés d’arbres remarquables, puisque c’est la seule à pouvoir rivaliser en terme de gigantisme avec le Sequoia géant. C’est l’arbre national du Mexique et le plus célèbre spécimen n’est autre que l’Arbre de Tule (Arbol del Tule), réputé comme le plus gros arbre du monde !
Une espèce méconnue sur notre continent mais très souvent remplacée dans nos parcs et jardins par son très proche cousin : le Cyprès chauve (Taxodium distichum), originaire de Louisiane.
Deux espèces en apparence très proches mais que l’on peut distinguer malgré tout assez aisément en se basant sur quelques critères.
Le premier critère vient de leur milieu naturel : le cyprès chauve est inféodé aux marais de Louisiane. Un milieu asphyxiant qui lui a imposé de trouver une stratégie pour survivre, le développement de racines aériennes, les pneumatophores. Le cyprès de marais mexicain, préfère quant à lui les bords de cours d’eau, mieux oxygénés par le mouvement de l’eau, il n’a pas besoin de développer de pneumatophores.
Les deux cyprès se distinguent aussi par leur silhouette à l’âge adulte. Le cyprès mexicain présente un port pleureur avec des rameaux pendants et pouvant même former un « voile » trainant au sol (cf photos). Il a aussi un port plus trapu, l’Arbol del Tule ne fait que 41m de haut alors que ses cousins de Louisiane peuvent atteindre 50m.
L’écorce est également différente, plus grise pour le mexicain et les aiguilles alignées en forme de peigne sur les rameaux sont plus petites. Les fruits sont en revanche assez similaires… aux yeux des non botanistes 😉
« Le Mexicain » que je vous propose de découvrir se trouve près des étangs du célèbre Parc bordelais, véritable poumon vert classé Jardin remarquable.
Son allure générale est en tout point à l’image de l’espèce type et offre de belles dimensions : une circonférence de 5,35m (à 1,30m de sol) et une hauteur de 21m.
Son âge correspondrait à la création du parc, soit entre 175 et 200 ans. A noter la présence également d’un autre cyprès mexicain, aux dimensions plus modestes, de l’autre côté des étangs.

Alors, convaincu ? Ce cyprès mexicain est bien fantastique et mérite à lui seul la visite du Parc bordelais !

Et pourtant, ce n’est pas l’Arbre de Bordeaux… Un autre cyprès mexicain de mêmes dimensions lui vole la vedette et le titre d’ « Arbol del Bordeaux » . Bien connu des bordelais et des passionnés de beaux arbres, il se trouve dans le Jardin Public du centre ville et a été labellisé Arbre remarquable de France en 2012 (le seul de son espèce à avoir reçu le label). Article à venir…

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18 réflexions sur « L’Autre cyprès mexicain de Bordeaux »

  1. Bonjour Castor ! Très belle trouvaille et bravo à toi d’avoir su faire la différence avec le cyprès chauve de Louisiane : -)
    A vrai dire je ne savais pas qu’il en existait en France ! Tu sais s’il y en existe d’autres remarquables dans l’hexagone ?
    Merci pour cette découverte ; -)

  2. Tu as la bougeotte!
    Effectivement cette espèce de cyprès de coure pas les rues, ou plutôt les parcs.
    J’en ai vue de colossaux en Espagne, à Aranjuez, qui seraient les plus gros d’Europe (6,83 en 2014).
    Il y avait un alignement vraiment impressionnant de prestance, avec des fûts énormes, il est étonnant qu’il n’y en pas plus dans les parcs.
    Si un jour j’ai de la place il faudra que je pense à en plantée un!

  3. Merci pour vos commentaires 🙂

    En dehors de ces 3 cyprès mexicains (2 dans le parc bordelais et un dans le jardin public du centre ville), je n’en connais pas d’autres en France… et ailleurs 😉
    Mais je suspecte qu’il est fort possible qu’il y ait des erreurs d’identification et que l’on ait attribué l’étiquette « cyprès chauve » un peu trop vite ou par défaut à certains cyprès mexicain… ils ont tout de même des apparences assez similaires.
    Désormais je vais faire bien attention et vais chercher à débusquer du « Mexicain » près des plans d’eau 😉
    Su la carte de France de Tristan (dernière MAJ 2014), aucun cyprès mexicain répertorié.

    Yannick, as-tu des photos de ces cyprès mexicains – espagnols ?

  4. Il est tout de même surprenant de trouver dans la même ville de Bordeaux, 2 parcs avec du cyprès mexicains, alors qu’il est quasiment absent sur le reste de la France… Est-ce qu’il n’y aurait pas un lien entre ces cyprès ???

  5. Heu les cyprès mexicains on peut aussi les reconnaître aux sombreros accrochés à leurs branches ? Alors que ceux de Louisiane ce serait plutôt des banjos ?
    Oups pardon ! c’est le genre d’inepties que je sers à Yves Maccagno quand il fait des conférences très (trop) sérieuses…. 🙁 😀
    Ouah superbes ces cyprès bordelais !
    Et leur ancêtre mexicain est IM-PRES-SION-NANT !
    De plus il a l’air d’être dans une forme plus qu’éblouissante pour son âge canonique !!!
    Je vais poser une question idiote (mais tant pis) : ses aiguilles sont caduques ? comme celles du cyprès chauve ?
    Et qu’est-ce que le Castor Masqué faisait sur le rivage Atlantique, ce n’est pas dans son périmètre d’intervention ça !

    • Eh ben, il t’a bien inspiré Pat’ ce sujet mexicain ! maintenant je sais qu’il te faut de l’exotisme pour te sortir de la torpeur de la canicule gardoise (45,9 °c !!! ) 😉

      Ils ont l’air de s’y plaire sous le climat bordelais, mais delà à atteindre les 15m de diamètre de l’Arbol del Tule, il y en aura eu des générations de petits castors qui seront venus le mesurer…

      Pour répondre à ta 1ère question, oui il fait bien parti des étranges résineux à feuilles caduques, tout comme le cyprès chauve, sinon ça aurait été trop facile de le reconnaitre. La seule méthode pour être sûr de l’identifier c’est « le coup du sombrero » 😉

      Pour ma présence si lointaine en Aquitaine, c’est l’avantage d’être un castor masqué, je passe inaperçu dans ce territoire si peu fréquenté par les chasseurs d’arbres. C’est pas comme dans le Gard où il faut que je fasse des demandes officielles 3 semaines à l’avance pour avoir le droit d’entrer dans cette chasse gardée, lol !

  6. Haha ! Il existe peut être un lien entre ces deux cyprès mexicains en effet, mais c’est bizarre qu’aucun autre sujet où presque n’ai été relevé en France ?! Comme tu dis Castor, il doit y avoir des erreurs d’identification avec le cyprès chauve de Louisiane, hum, hum…

    @Pat’, une conférence avec toi ça doit être génial 😀

  7. Les cyprès mexicains semblent avoir été plantés à 20-30 ans d’écart. Je pense qu’ils n’étaient pas différenciés à la plantation ce qui signifie qu’ils sont sans doute plus nombreux dans les parcs des villes.

  8. Bonjour,
    Il existe à Pau au Parc Beaumont deux Cyprès chauve au bord de l’étang. J’ai toujours été intrigué par le fait qu’ils ne se ressemblaient pas et que le feuillage ne roussissait pas en même temps. Mon hypothèse a toujours été que l’un était mucronatum, mais je trouve curieux que ni la ville ni les écrits historiques ne l’aient remarqué et étiqueté. J’en avais parlé à un pépiniériste botaniste, pour lui c’était un distichum mais j’ai quand même des doutes Il faudrait qu’une personne compétente puisse aller l’identifier.
    Il n’a pas un port élancé mais plutôt rond, et le feuillage est assez pleureur. Je ne suis pas sur place pour donner plus de renseignements. Je crois que le roussissement à l’automne est plus tardif mais je ne suis plus certain à 100 %. On peut le voir sur StreetView. https://www.google.com/maps/@43.2970435,-0.3610648,3a,75y,152.74h,99.57t/data=!3m6!1e1!3m4!1s2NOU3TXiw5uQOu-jJrcHgA!2e0!7i13312!8i6656
    https://www.google.com/maps/@43.2970435,-0.3610648,3a,75y,152.74h,99.57t/data=!3m6!1e1!3m4!1s2NOU3TXiw5uQOu-jJrcHgA!2e0!7i13312!8i6656

    • Bonsoir,
      C’est possible que ce soit un « mexicain »… mais pas facile d’en avoir la certitude d’après juste cette description.
      Un bon indice est également la présence de pneumatophores. Si elles sont présentes alors Cyprès chauve, si absence de ces racines aériennes c’est possible que ce soit un Cyprès mexicain mais tous les cyprès chuve n’ont pas non plus de pneumatophores.
      Pour bien distinguer les deux espèces, il est intéressant d’aller faire un tour dans le grand Jardin public de Bdx. Au centre de la pelouse se dresse le majestueux Cyprès mexicain, la star du Parc, et à quelques dizaines de mètres près du plan d’eau plusieurs cyprès chauves plus modestes permettent de bien voir les différences botaniques entre les deux espèces.

    • Nous avons planté un T. mucronatum au Jardin botanique de Strasbourg. Nous avons observé dès la première année que les rameaux feuillés ne tombent pas en même temps que chez le T. distichum « classique ». T. muconatum était toujours vert en janvier ! Le gel et la neige des dernières semaines ont fait brunir le feuillage du cyprès chauve mexicain. Ce décalage serait donc un assez bon critère.
      Sinon c’est une question de stomates et de taille de cône !
      https://www.conifers.org/cu/Taxodium.php

  9. Merci Frédéric pour cette info très intéressante, effectivement ça pourrait être un critère supplémentaire pour bien distinguer les deux espèces. Je n’ai pas eu l’occasion de passer voir les cyprès mexicains de Bordeaux en automne/hiver pour voir s’ils avaient aussi ce décalage de chute des feuilles.
    A suivre !
    🙂

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