Sur les pas de Maurice Genevoix aux Eparges (Meuse)

En ce jour de commémoration de l’armistice de 1918, l’écrivain et ancien « poilu » Maurice Genevoix entre au Panthéon. Dans son livre « Ceux de 14 », il évoque le tilleul et les quetschiers Des Eparges, petite commune meusienne qui fut le lieu de combats intenses pour le contrôle de la Butte Des Eparges durant la Première Guerre Mondiale. 

Je reprend un extrait écrit par ma co-auteur Chantal Billiotte  issu de notre livre « Arbres Remarquables de Meuse » .L’entrée du village est marquée d’un gros tilleul près d’un calvaire de pierre surmonté d’un Christ en croix. Des quetschiers anciens entourent le tilleul et s’alignent le long de la route qui, en 1914, menait au combat. Laissons-nous guider par le lieutenant Genevoix et ses hommes :

«  Chic ! Un patelin !… C’est ça Les Éparges ?…
Les hommes quittent les rangs se précipitent vers les quetschiers plantés au bord de la route. Bientôt, au tronc de chaque arbre, il y a un soldat qui se cramponne des deux mains, et secoue, et fait pleuvoir les prunes sur les reins des camarades agenouillés…ils rejoignent, des poignées de quetsches aux mains, les joues bosselées, les yeux éclaircis de gaieté. »

 


Du talus planté de fruitiers, la troupe fera son camp de base et établira ses cantines.

Écoutons encore Maurice Genevoix dont la section quitte les avant-postes et rentre de nuit au village pour éviter d’être la cible des balles ennemies. Le tilleul et sa croix guident les hommes :

«  Première section ! Au carrefour. La tranchée-abri est le long de la route sous les pruniers…À la lisière des prés brumeux, on entrevoit un petit calvaire de pierre auprès d’un arbre trois fois haut comme lui. Face à la croix, la rue des Éparges s’ouvre largement. »*


Le petit calvaire, surmonté d’une croix datant du XVIIe siècle, a été ruiné par la guerre. Le tronc du tilleul, ébranché par la mitraille, s’est séparé en deux troncs mais il a repris vie. En 1931, la croix a été remplacée par un calvaire sculpté par Duilio Donzelli.*

 

 

La circonférence du tilleul est de 4.65 m (2016), prise en dessous de l’enfourchement.

* Diulio Donzelli, sculpteur et artiste peintre issu de l’école d’art d’Urbino et son fils Dante, peintre, ont tous deux exprimé leur profonde culture chrétienne dans de  ombreux monuments et églises de la Meuse.

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6 réflexions sur « Sur les pas de Maurice Genevoix aux Eparges (Meuse) »

    • Si on ne respecte plus la « distanciation » avec les articles, on a pas fini Yannick 😉
      Aller je te pardonne, en plus ton thème est très intéressant et riche en contenu. Je rejoins Pat sur la qualité des photos.
      Avec son tronc cannelé, le tilleul semble bien plus vieux qu’il ne l’est sans doute … peut-être 150 ans en réalité ?
      En tout cas bel hommage, bravo !

  1. Article fort à propos et très émouvant.
    Ce tilleul est fabuleux de résilience.
    La lumière sur les photos contemporaines est toute douce et remplie de chaleur, contrastant avec les photos d’époque.
    Et on imagine sans peine les soldats se gavant de prunes (aïe aïe aïe les intestins…)
    Merci Yannick 😉

  2. Quel fabuleux pouvoir de résilience !
    Ce tilleul semble totalement détruit sur les photos anciennes et à le voir aujourd’hui, il est d’une telle force, d’une incroyable vitalité que l’on ne pourrait imaginer les dégâts qu’il a subit.
    Les arbres sont les derniers témoins vivants du drame qui s’est déroulé en Lorraine.
    Bel hommage !

  3. Merci pour vos commentaires.
    Il est toujours très instructif de voir l’évolution d’un arbre, on est souvent surpris de leur capacité de résilience, bien souvent des arbres sont abattus parce « trop abîmés » alors qu’ils pourraient être conservés…

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