Voici une découverte toute récente (la veille du confinement version 2 😉 ) qui vient encore enrichir le patrimoine arboricole exceptionnel du département de l’Isère.
Ce vénérable poirier, accroché aux contreforts du massif de la Chartreuse, pourrait bien devenir la nouvelle vedette iséroise et faire de l’ombre au célèbre poirier du Sappey…
C’est que nous allons découvrir dans ce court article 🙂
C’est dans le petit hameau de St Marcel-d’en-haut (vraiment tout en haut !) que ce vénérable poirier domine la bouillonnante vallée du Grésivaudan.
Sa présence est discrète, bien à l’écart de la route. Il se trouve dans ces derniers alpages pentus sous les éboulis des impressionnantes falaises de Chartreuse.
Discret mais pas totalement inconnu… Sa présence majestueuse est remarquée de longue date par les habitants du village. Mais ils étaient loin de se douter du caractère exceptionnel de ce vieux fruitier. Ses dimensions dendrométriques sont effectivement très rares et en font le plus gros poirier du département :
sa circonférence à 1,30m du sol est de 3,84m et sa hauteur totale de 14m.
Dans l’état actuel des connaissances, il pourrait même être le plus gros poirier du massif alpin, devançant le célèbre poirier haut-savoyard de Fessy (3,57m en 2019), le poirier des Bauges (3,37m en 2017) et le poirier haut-alpin de Fouillouse (3,47m en 2017).
Un poirier hors-norme mais qui a été gravement défiguré par l’épisode neigeux
exceptionnel de novembre 2019. Celui-là même qui a fait éclater le Chêne moussu de Beaufort. L’une de ses trois charpentières s’est arrachée sous le poids de cette neige précoce, lourde et humide. La blessure est importante… Elle laisse une large porte ouverte pour l’installation des parasites du bois. C’est certainement le début du dépérissement de ce poirier âgé de 200 ans. On peut néanmoins espérer que la pourriture qui va s’installer se limitera à cette charpentière cassée et qu’il y ait une réaction du bois pour la contenir et préserver les deux autres charpentières.
Le dépérissement de ce vieux poirier est d’autant plus regrettable qu’il tient une place à part dans le coeur de la propriétaire de la maison voisine. Les cendres de ses grands-parents ont été dispersées autour du poirier vénéré.
Note : les photos ont été prises en fin de journée alors que la lumière commençait à manquer. Je n’ai pas pu profiter de la magie de la lumière et des couleurs d’automne pour sublimer ce poirier remarquable.
Waw. Superbe trouvaille!
Dommage qu’il n’y ait aucun référent humain sur les photos, car si une circonférence suffit à émoustiller l’imagination des chercheurs d’arbres (et j’en suis ^^), les visiteurs néophytes auront, je pense, du mal à saisir le caractère hors-norme de cet arbre…
Je te remercie d’avoir hissé le Poirier de Fessy au rang de « célébrité », héhé (même si je suis un peu déçu de voir rétrogradé ma découverte au classement des champions alpins [mais c’est je jeu ma pauv’Lucette]). Ça me motive pour reprendre la rédaction de l’article que je voulais lui consacrer (brouillon en jachère depuis deux ans!).
Merci Tristan de ton passage sur le blog et pour ton commentaire 🙂
C’est vrai qu’il manque un référent humain ou un élément pour donner l’échelle sur les photos et pour bien se rendre compte des dimensions exceptionnelles du poirier (remarque tout de même que sur la photo 3 on voit quelques vaches… elles sont toutes petites parce qu’elles sont loin mais aussi parce que le poirier est gros, lol !!! 😉 ).
Le Poirier haut-savoyard de Fessy (forcément célèbre puisque présenté dans ton ouvrage sur les arbres remarquables de Haute-Savoie 🙂 ) reste à mes yeux le Poirier alpin de référence malgré les quelques cm de tour de taille qui le sépare de celui-ci. J’espère que ça va te motiver à lui consacrer un article sur ton blog, il le mérite vraiment 🙂 🙂 🙂
Alors là oui, belle pièce Castor ! Plus de 3m80 de circ pour un poirier, ça commence à faire.
Le plus gros de mon département fait quand même 3m22 de tour (commune de Béthines), mais il est en état de sécescence critique.
Tes photos sont très correctes, j’espère que ce poirier de Chapareillant va se remettre de sa blessure.
Merci pour cette découverte 🙂
Super découverte, mais son état est tout de même assez inquiétant.
Ce que je ne m’explique pas, c’est que l’on puisse trouver des sujets de ce gabarit, dans des conditions climatiques rigoureuses, alors qu’en Bretagne ou en Meuse, mes terrains de chasse, on plafonne à 3,20 m environ, la majorité des beaux sujets n’excédant pas 3m. Les poiriers y sont pourtant nombreux (surtout dans l’est), et le climat assez favorable.
En Haute-Savoie les poiriers montent assez haut – jusqu’à ~1200m – et ne semblent pas particulièrement souffrir du climat local ; si ce n’est des casses dues aux importantes chutes de neige.
Record actuel à 3,68 m de circonférence, mais il n’y a pas de continuité statistique et les challenger sont loin derrière : ici aussi on plafonne vers 3,20/3,30 m (raréfaction déjà bien marquée vers 2,75/2,80 m).
A proximité des villages de montagne (entre 600 – 1200 d’altitude), les vergers de pommiers et les poiriers étaient fréquemment plantés au milieu des pâtures. Les poiriers de façon plus dispersés et les pommiers par petits bouquets. Il y avait une multitude de variétés anciennes qui permettaient un apport essentiel en fruits pour les habitants de ces villages souvent isolés.
Aujourd’hui, ces fruits ne sont quasiment plus ramassés et les arbres souvent plus que centenaires en phase de dépérissement.
Dans un petit village de Chartreuse où se trouve encore un concentration incroyable de pommiers, une mamie m’a expliqué qu’autrefois ils parvenaient à manger des pommes toute l’année en plantant astucieusement des variétés dont les récoltes s’étalaient de juin au début de l’hiver.
Les pommiers vivent moins longtemps que les poiriers, mais j’en ai repéré quelques uns surement plus que centenaires dont le tour de taille s’approche des 2,50m
Il ne me reste qu’à ouvrir l’œil et trouver mon super champion! A propos de champions, en Côte d’or, il a été repéré un noyer de 4,35m, ça le place dans le peloton de tête des noyers! Enfin, il existe 2 ou 3 très vieux arbres de Franklin dans l’Aude, vous connaissez cette essence? Peut être un futur article pour toi Castor, j’essaie d’avoir les coordonnées des propriétaires…
Je ne connaissais par cet Arbre de Franklin, alors un petit tour sur wikipedia ( 😉 ), effectivement ça me donne très envie de le découvrir pour de vrai si on a la chance d’avoir cette espèce rarissime dans l’Aude 🙂
Concernant les noyers, en passant semaine dernière en Drôme provençale (col de Mévouillon) j’ai découvert que les deux noyers géants ont été abattus il y a 2-3 ans et remplacés par une nouvelle noyeraie. L’un des deux mesurait 4,40m de circonférence, c’était le plus gros que je connaissais, mais son état sanitaire en 2015 était préoccupant.
As-tu la localisation de ce noyer bourguignon ?
Le noyer est une trouvaille de Christian Martin (contributeur d’un groupe sur Facebook),il est aux chaumes Guillemain à Saint Didier. Je vais lui demander pour utiliser ses photos…
Pour rester dans la thématique des Poiriers alpins extraordinaires, ne manquez pas l’article de Tristan sur son blog Méristème présentant le champion haut-savoyard de Fessy :
https://meristemes.net/poirier-ganguilly-fessy/