Les Araucarias d’Essaouira (Maroc)

Si le Pin de Norfolk (Araucaria heterophylla) a largement été planté comme espèce ornementale dans les villes côtières de l’Atlantique, c’est à Essaouira que la concentration est la plus spectaculaire et donne un charme particulier à l’ancienne Mogador : une petite ambiance de Nouvelle-Calédonie sous le soleil du Maroc !

Le Pin de Norfolk (aucun rapport avec un « Pin » d’un point de vue botanique… son nom fait juste référence à son île d’origine dans le Pacifique) présente une silhouette à nul autre pareil. Ses longues branches horizontales et sa croissance rythmée par des verticilles très marqués, permettent de le reconnaître au premier coup d’œil. Une silhouette très graphique, aux allures primitives, inchangée depuis l’époque des dinosaures, voilà qui fait tout le charme de cette essence ornementale.
Il tolère les embruns marins et peut même supporter de forts coups de vent.
Il est réputé aussi pour sa vitesse de croissance explosive et les hauteurs hallucinantes qu’il peut atteindre (supérieures à 50m).
Mais à Essaouira, l’espèce ne semble pas être dans son optimum de croissance, les plus grands Araucarias se hissent péniblement à 30m, et dès 20m, les cimes prennent une forme tabulaire très caractéristique, comme le font les vieux cèdres des montagnes de l’Atlas.

L’engouement pour cet Araucaria semble perdurer depuis bien longtemps à Essaouira, puisqu’on le trouve partout sur le front de mer et dans les parcs et à tous les stades, du jeune plant à l’arbre vénérable. Les arbres les plus anciens datent probablement de la dernière rénovation du port entre 1924 – 1930, ils seraient donc à peine centenaires (ce n’est qu’une hypothèse, je n’ai trouvé aucune information sur l’historique des premières plantations).
On peut considérer que l’état sanitaire est globalement bon, malgré quelques signes de dessèchement de cime. Et dans le contexte du changement climatique (dont les effets sont redoutables au Maroc), l’espèce peut encore bénéficier des fréquents brouillards maritimes qui enveloppent Essaouira une bonne partie de l’année.

L’un des plus gros Pins de Norfolk repéré, se trouve juste à la sortie de la médina, côté port maritime, devant Bab-el-Manzah, mais tous les vieux Araucarias font sensiblement le même tour de taille.
Sa circonférence, mesurée à 1,30m du sol, est de 2,27m.
A titre de comparaison, nos plus gros Araucaria heterophylla de la Côte d’Azur, frôlent la barre des 3m de tour de taille, mais ils sont aussi un peu plus vieux (fin XIXème).


NDLR : ne pas confondre Araucaria heterophylla avec Araucaria araucana (le Désespoir des Singes), originaire des montagnes du Chili et que l’on trouve dans les belles propriétés de l’ouest de la France.

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4 réflexions sur « Les Araucarias d’Essaouira (Maroc) »

  1. J’étais sur le point de porter réclamation quand j’ai lu la note finale du rédacteur :-)))
    Vu le titre je m’attendais à voir des désespoirs du singe et quel ne fut pas mon désespoir (et pourtant je ne suis plus un singe depuis longtemps) quand j’ai vu la « tête » de ces araucarias-là 😉
    Mais je te pardonne Castor car je sais enfin le nom (pas certain que je le retienne par contre) de ces fameux pins « bizarres » qu’on voit dans des émissions ou films tournés dans les îles de l’hémisphère sud comme la Nouvelle Zélande ou la Nouvelle Calédonie.
    Et tout récemment (mais c’est anecdotique) j’ai « découvert » deux araucarias du Chili au pied des Monts d’Or au nord de Lyon !!! Ils n’étaient pas bien grands, qui sait s’ils survivront…. 😉

  2. Merci Castor pour le partage. Ils sont magnifiques. Avec le changement climatique, nous avons quelques jeunes sujets prometteurs à la pointe finistérienne comme au jardin Georges Délasse sur l’île de Batz. 🎄.

  3. Merci pour vos commentaires 🙂

    @ Mickael : oui, bonne idée l’introduction d’A. heterophylla sur les cotes bretonnes, il est réputé pour avoir une bonne résistance aux vents et embruns et pourrait résister à de faibles gelées (-5 °c d’après la littérature).
    ça changera des traditionnels Cyprès de Lambert en front de mer 😉
    On attend alors tes retours sur l’évolution de ces jeunes araucarias !

    @ Pat’ : ouf, j’ai manqué perdre ma carte de « Têtard Reporter » 😉 Oui, il est important de bien distinguer ces deux espèces d’araucarias (il y en a d’autres mais beaucoup plus rares en France).
    – Araucaria heterophylla est assez fréquent sur le littorale de la côte d’Azur ainsi qu’en Corse, toujours associé à des habitations (souvent de prestiges), plus rare en parc. Avec sa silhouette et sa haute stature, il se repère aisément dans le paysage 🙂
    – Araucaria araucana (Désespoir des singes) ne supporte pas notre climat méditerranéen et nos conditions montagnardes alpines. Comme tu dis, il y en a quelques uns des vénérables dans les parcs des maisons bourgeoises dans le lyonnais, c’est un peu son avancée maximale vers l’Est. Quelques rares jeunes sujets en Isère et Savoie mais jamais très vieux.

    Mon araucaria préféré, le bunya-bunya (mon chouchou j’en suis fou 🙂 ), présenté sur les têtards :
    https://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2021/02/13/le-bunya-bunya-de-menton-alpes-maritimes/

  4. Salut Castor,

    Désolé pour ma réponse tardive. Tu nous fais voyager avec ces pins de Norfolk ! Génial !
    La première fois que j’en ai rencontré, c’était à San Francisco, une ville également souvent plongée dans le brouillard.
    Mais là ils sont si nombreux … et les voir sous une forme tabulaire est étonnant.
    Petit fun-fact : contrairement à ses deux confrères (a.araucana et a.bidwillii), les feuilles de cette espèce d’araucaria ne piquent pas !
    Vraiment chouette cet article dépaysant. Merci à toi 😉

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