Le 30 nivôse an II de la République (19 janvier 1794), fut planté à Locquénolé, dans le Finistère, un chêne de la Liberté. Deux cent vingt années après cet événement, l’arbre a reçu, le 15 novembre dernier, le label ‘Arbre remarquable de France‘.
Plus d’une cinquantaine de personnes sont venues rendre hommage à ce chêne de village ainsi qu’à deux châtaigniers et un if sur les hauteurs du bourg (propriété du Conseil général du Finistère). Le label a été remis par Georges Feterman, président de l’association arbres.
Le chêne, situé au centre du bourg, est le seul arbre de la Liberté breton dont on peut affirmer avec certitude qu’il soit associé à la Révolution française. Un document d’époque évoque que « les sonneurs avaient été mandés et un grand concours de citoyens s’y étant rendu l’arbre a été planté aux acclamations du peuple, pénétré de joie de voir planter un monument qui attestera à la postérité l’attachement que la dite commune a toujours eu pour la liberté, l’amour des lois et le soutien de la République. Les citoyens et citoyennes ont dansé autour de l’arbre de la Liberté jusqu’à la nuit à Locquénolé.«
En France, la plantation de ces arbres de la Liberté fut l’un des symboles les plus marquants de la période révolutionnaire. En 1794, l’abbé Grégoire estime leur nombre à plus de 60.000. Plus de deux siècles plus tard, peu d’arbres restent de ce mouvement révolutionnaire. Beaucoup d’entre eux furent arrachés lors de la Restauration (1815). On évoque cependant plusieurs campagnes de plantations lors de l’avènement de la seconde et troisième République comme à St Christophe de Valains en Ille et Vilaine ou Clohars Fouesnant en Finistère.
L’arbre de la Liberté de Locquénolé mérite ce statut privilégié d’arbre remarquable français car il constitue un des derniers monuments vivants de cet événement révolutionnaire. Bien conscient de l’intérêt patrimonial de cet arbre, la commune en prend d’ailleurs bien soin. Lors des récents travaux d’aménagement du bourg, elle a délimité un périmètre ‘mulché’ d’une centaine de mètre carré au pied de l’arbre. Cette prise en compte mérite d’être soulignée.
Un peu plus haut dans le bourg, le domaine départemental de Ty Guénolé, propriété du Conseil Général, géré en partie par l’ONF, a reçu le label « Ensemble arboré remarquable« . Le parc possède en effet plusieurs arbres exceptionnels dont deux châtaigniers de 9 m et 7,8 m de circonférence. Difficile de donner un âge à ces colosses certainement multicentenaires. Leurs architectures, en forme de colonies d’arbres, ne sont pas sans évoquées le châtaignier millénaire de Pont l’Abbé.
A noter également la présence dans le parc d’un magnifique if. L’arbre est remarquable non seulement par sa circonférence de 4.25 m mais surtout par sa silhouette peu commune. Il est en effet rare qu’un spécimen de cette espèce atteigne une envergure de 23 m. En l’admirant, on se laisse à imaginer qu’il ressemblera dans quelques siècles à l’if de St Peter church à Hambledon décrit par Yannick.
Une curieuse base que celle de ce chêne, la pente est forte est a dû pas mal s’éroder je suppose ?
Bravo à ce chêne de nous être parvenu en si belle forme, et que dire de cet if ?
Il est à couper le souffle, d’autant qu’il semble en photo bien plus petit qu’il ne l’est en vrai.
Et d’autres beaux arbres à voir dans les environs de plus !
Tu as raison Damien, la boursouflure doit correspondre à un décaissement du sol mais cela doit remonter à plus d’un siècle. Guy a une carte postale du début 20ème et déjà la boursouflure était présente.
Pour l’if, je confirme, il vaut le détour. Ce n’est pas courant d’en voir avec une telle envergure. Mais, il ne doit pas forcément être très vieux.
Dommage que c’était un peu loin, je serais bien venu à la labellisation!
Tu es monté dans le clocher pour avoir ce point de vue sur le chêne? La photo est vraiment belle!
Le rachat du site de Ty Guénolé par le CG aura été salvateur pour ces deux châtaigniers. Je les ai visités à plusieurs reprises, et j’avais pu constater que les chevaux qui étaient régulièrement parqués dans ce site se délectaient de leur écorce…
As-tu d’autres photos de ces châtaigniers? Ce serait pas mal d’en mettre plus (au besoin j’en ai)…
Wahouu un super concentré dans ce village breton !
Je ne savais pas que l’on trouvait des châtaigniers aussi gigantesques en Bretagne, impressionnant !
Pour les arbres de la liberté, j’en ai rencontré quelques uns dans la Drôme (peupliers), ce sont de véritables témoins de notre histoire qu’il faut valoriser et protéger.
Merci Mickael pour le partage 🙂
Honte à moi !
J’y passe presque tous les ans et je ne les connaissais pas!
Cette photo en plongée est vraiment fantastique. Problème, elle s’affiche en format paysage quand je clic dessus !
Un if à grands bras ! du jamais vu ! va-t-il falloir ouvrir une nouvelle catégorie ?
ça y est j’ai modifié la photo en plongée. ça devrait être mieux. Effectivement Yannick je l’ai prise du haut du clocher.
Pour les photos des 2 châtaigniers je vais en ajouter une autre que j’ai en stock.
Castor, n’hésite pas à faire un article sur ton peuplier. C’est à mon avis très rare de rencontrer encore des peupliers de la Liberté. Leur espérance de vie étant moins longue que pour le chêne ou le tilleul.
Les peupliers de la libération que je connais sont dans la Drôme. Ils avaient fait l’objet d’un article à l’époque sur le krapo par François.
Ils sont vraiment remarquables, mais leur santé est très inquiétante… très très dépérissant.
J’ai regardé de plus près et je pense que le peuplier dont tu parles doit être à Poyols dans la Drôme. D’après le Krapo, il aurait été planté en 1848 (et non à la Révolution). Il est tout de même impressionnant mais existe t’il encore ?
Voici le lien : http://krapooarboricole.wordpress.com/2010/12/02/peuplier-de-la-liberte-poyols-drome/
Oui c’est bien ça Mickaël, je m’étais trompé de Révolution, c’était celle de 1848.
J’étais passé à Poyols cet été, le peuplier est dépérissant mais pas beaucoup plus qu’au moment du reportage du Krapo.
170 ans ça commence à faire super vieux pour un peuplier… un chêne ou un tilleul auraient été une valeur plus sûre, mais le choix du peuplier venait aussi du symbole de son nom ‘Populus’ en lien avec le ‘peuple’.
J’étais passé voir aussi celui de Lus la croix haute
http://krapooarboricole.wordpress.com/2011/09/29/peuplier-de-la-liberte-lus-la-croix-haute-drome/
encore plus dépérissant et qui crée un peu la zizanie dans le village : la municipalité voudrait le couper car il gêne pour les opérations de déneigement et d’entretien de la voirie tandis que la terrasse du restaurateur devant laquelle l’arbre est planté veut absolument qu’il soit conservé.
Une mairie qui veut supprimer l’arbre de la Liberté… on aura marche sur la tête ! autant supprimer le 1er mot de notre devise : « Liberté, égalité, fraternité ». 🙁
J’ai rajouté deux galeries de photos, l’une pour les châtaigniers et l’autre pour l’if…
Yvon m’a indiqué qu’il y a un reportage dans la revue du département du Finistère « Penn ar Bed » sur ces arbres. A noter que les dimensions y sont surévaluées, probablement prise au sol…
http://www.cg29.fr/Magazine-Penn-Ar-Bed
De mon côté j’avais mesuré 9.40m pour le plus gros, pas facile d’avoir des mesures cohérentes!
Je suis passé voir dernièrement un autre Chêne de la Liberté dans un petit village du Puy de Dôme (Giat).
Un arbre qui avait reçu également un label ARBRES en 2000. L’arbre trône au beau milieu de la place du village mais… dans l’indifférence la plus totale des riverains. Aucun panneau ne signale sa présence et sa labellisation sur place. A tel point que j’ai eu un doute et en demandant à plusieurs riverains et même commerçants autour de la place du village, PERSONNE (!) ne semblait savoir que c’était un chêne de la liberté. Juste un beau chêne sur la place du village….
Un peu déprimant 🙁
Ça ne m’étonne pas, car beaucoup d’arbres sont supposés être arbres de la liberté, mais sans archives le confirmer. Donc l’appellation est plus liée à une « tradition » locale qu’à des éléments tangibles.
Dans une commune d’Ille-et-Vilaine, le maire annonce à qui veux l’entendre qu’il y a deux chênes de la liberté dans la cour d’école, hors selon l’historien local, cette appellation vient d’une erreur d’interprétation de ses recherche par le maire. Ce dernier a fait un raccourci entre la datation d’un bâtiment et la plantation des arbres…