Dans un essai de 1794, l’abbé Grégoire considère que la plantation d’arbres de la Liberté fut l’un des symboles les plus marquants de Révolution française : « On vit dans toutes les communes des arbres magnifiques élever leurs têtes majestueuses et défier les tyrans : le nombre de ces arbres monte à plus de 60.000… » .
De ces plantations, il ne reste plus que très peu d’arbres révolutionnaires (voir l’histoire du chêne de Locquirec). La plupart d’entre eux furent arrachés en 1815, lors de la Restauration. A Dinan, une archive peu connue, du XVIII ème siècle, évoque ce symbole révolutionnaire.
Il s’agit d’un plan de la place du Champ, dressé en l’an VI (1797 / 1798). On y visualise clairement, au centre, un arbre de la Liberté, symbole du ralliement des citoyens et emblème du peuple libre. A Dinan, on ne sait qui du chêne choisi pour sa robustesse, du peuplier évoquant le peuple (Populus en latin) ou du tilleul incarnant la justice furent retenus. Quelque soit l’essence, l’arbre révolutionnaire disparaît rapidement des plans. Dès 1811, il n’est plus représenté sur le cadastre. On y perçoit en revanche un mail d’arbres encore aujourd’hui présent.
Quelques carte postales du début du XXème siècle ne laissent également aucun doute : l’arbre de la Liberté a disparu.
Les motifs de sa disparition restent inconnus. Peut être, comme à Bannalec dans le Finistère, a t’il été l’objet « d’attentat« . Une archive de Pierre Bliard, en 1908, présenté dans le Krapo (Les arbres de la Liberté), évoque en effet que, dans cette commune, le 23 octobre 1793 trois jeunes conscrits qui avaient, semble t’il, trop arrosé leur départ sous les drapeaux, eurent la mauvaise idée de couper l’arbre de la Liberté fraîchement planté. La Nation ne plaisantait pas avec ces dégradations et la clémence de la justice ne leur fut pas accordé. Le 6 Messidor, les têtes de Mathieu Toupin, Corentin Perron et Thomas André tombèrent place de Vincennes.
Pour plus de renseignements sur les arbres de Dinan, je renvoie à la dernière publication de la bibliothèque de Dinan. J’y ai notamment rédigé un article : « Dinan, une ville d’arbres et d’histoire ».
Mickaël, Mr Vibert à une bonne vision, et il est heureux qu’un plan ait été dressé avant le réaménagement de la place , (cadastre de 1811 )
Effectivement, il fallait avoir l’œil pour repérer cet arbre !
Très intéressantes ces archives! Je veux faire un petit topo sur les quelques extraits des registres de l’abbé Guillotin (celui du chêne), qui évoquent les arbres de la liberté…
Etonnant de trouver un arbre mentionné sur de vieilles cartes. Çà montre qu’il avait le même statut qu’un monument !
Les fonds de carte de l’IGN (issus des anciennes cartes d’état majors) semblent avoir gardé cette tradition puisque certains de nos arbres remarquables sont aussi mentionnés et positionnés avec précision sur les cartes Topo… pour notre plus grand plaisir 🙂