En mai 2012, mon amie et moi avons profité d’une offre très avantageuse pour faire la traversée de Cherbourg à Portsmouth. Seule contrainte, ne rester que trois jours sur place, le programme arboricole a donc été dense!
Arrivés de nuit à Portsmouth, nous en avons profité pour faire la route vers notre première étape, Hambledon dans le Surrey.
Après quelques recherches, nous avons fini par trouvé un parking calme où stationner le fourgon pour la nuit. Par chance, ce parking était celui de l’église Saint Peter, notre objectif.
Un petit coup d’œil au cimetière avant d’aller me coucher m’a permis d’entrevoir une silhouette tout à fait prometteuse… Et au petit matin, j’ai eu la surprise de découvrir non pas un if, comme prévu, mais deux ifs remarquables!
Le plus gros des deux et certainement le plus vieux est particulièrement trapu. Vu de l’extérieur, son tronc de 9,70m de circonférence est en excellent état, hormis une ouverture sur le côté ouest. Celle-ci permet d’accéder à l’intérieur de l’arbre, où il ne manque pas de place!
En effet, cet if, comme la plupart de ses confrères multicentenaires, est totalement creux. Certains scientifiques pensent que cette évolution est une stratégie de l’arbre pour mieux résister aux contraintes mécaniques liées à son propre poids et à l’action du vent. Un tube creux étant plus léger tout en ayant une flexibilité plus importante qu’un tube plein, le tout allié à un bois très résistant.
Le second spécimen bien que beaucoup moins gros (6,65m à 1,30m et 6,30m au sol), n’en est pas moins intéressant. Son tronc intègre et régulier est élégamment cannelé, signe d’une relative jeunesse et promesse d’un bel avenir. Il n’attend que la déchéance de son voisin pour devenir le chef du cimetière, ce qui prendra certainement du temps, mais rien ne presse pour un if…
Nos deux confrères ou consœurs (je n’ai pas vérifié) présentent chacun une jolie charpente. Celle du plus gros démarrant très bas sur le tronc. Leurs houppiers sont amples et leurs longues branches basses, chose inconcevable en France, viennent prendre appui sur les pierres tombales.
Pour parfaire cette visite au milieu de cette jolie lumière matinale et des herbes folles du cimetière, nous avons fait une autre découverte. Dans le bosquet proche de l’église, au milieu d’élégants châtaigniers, nous avons trouvé deux énormes houx.
L’un couché au sol mais encore en vie mesurant 2,70m de circonférence, l’autre toujours debout de 2,10m de tour!
Cette première étape confirme, s’il était encore nécessaire, que l’Angleterre est la terre promise du chercheur d’arbres!
Je profite de l’excursion en terre anglaise de l’ami Yannick pour vous faire part d’une de mes observations (qui vaut ce qu’elle vaut).
Je ne sais pas si vous visionnez de temps en temps les épisodes de l’inspecteur Barnaby mais dans les parcs des belles demeures anglaises on y aperçoit souvent, en arrière-plan ou au coin d’une image, de magnifiques specimens arboricoles.
Des sites Web -dont Wikipedia je crois- recensent les lieux de tournage de cette série.
ça peut être une base pour un périple dans « les bois » outre Manche non ?
Non bon tant pis, je sors 😉
Effectivement, on entrevoit souvent des arbres intéressants dans la série, mais en fait c’est presque normal comme décor!
L’Angleterre est certainement moins boisée que la France, mais recèle un nombre d’arbres anciens absolument incroyable!
Les anglais ont une « culture » de l’arbre qui les ont amené à les protéger et les respecter!
Si tu veux de bons spots d’arboricoles outre Manche, j’ai quelques tuyaux qui te permettront de frôler l’overdose!
Pour la Méridionale que je suis (centre Gard) les arbres aux dimensions respectables ne sont guère monnaie courante et ne contituent pas un décor « normal » 😉
Mais la garrigue a ses charmes et recèle aussi quelques beaux spécimens
Et avec la migration de population vers le soleil du Sud, la culture et la préservation des arbres (et ne serait-ce que le respect de la nature) en prennent un sacré (mauvais) coup chez nous 🙁
Ce reportage est fantastique ! Et ces ifs, waah…
ce sont des bijoux. Non, des pépites ! 🙂
Les photos 7 & 12 sont extraordinaires, on se croirait en Terre du Milieu et dans le ventre de l’if !
On pourrait y voir les cousins anglais des ifs de Boisney ou encore La Haye de Routot pour les connaisseurs…
Lorsqu’ils seront eux aussi dans le blog la comparaison sera plus évidente !
Thanks you very much for this fantastic discover !
Merci !!
Article très réussi !
Entre ifs et houx, que du bonheur.
Dommage que le plus gros soit tomber, mais il peut s’en remettre et suivre à l’horizontal.
Un beau record pour l’espèce !
Il n’est pas su le SIG au fait ?
Et j’ai vu qu’on a le tilleul de Nolléval, qui lui n’a pas (encore ?) d’article
SIG à jour!!!
Merci à vous!
Ça faisait un moment que je pensais faire cet article.
C’est certainement le meilleur moment de mes balades outre Manche, tout est réuni pour passer un bon moment et faire de belles photos…
Je ne me lasse pas de flâner dans les cimetières anglais, qui sont souvent des lieux sereins et accueillants, plein de charme!
Quand au houx couché, à priori cela fait un moment qu’il est dans cette posture et semble assez vigoureux, même si sa cime a été coupée probablement juste après sa chute (elle devait dépasser dans le champ).
Salut Yannick,
Merci pour ce reportage. Impressionnant !
Sur l’âge des ifs, je peux apporter mon humble expérience sur les ifs costarmoricains et bretons. Bien souvent, j’ai remarqué que l’on observait les cavités quand l’if s’approchait des 400 ans.
J’ai trouvé un lien intéressant d’un dendrologue anglais (Toby Hindson) qui a collecté pas mal de mesure sur les ifs et qui conforte un peu cette observation. Il décrit plusieurs phases de croissance chez l’if. Gross modo (je schématise), il pousserait vite au stade jeune (jusqu’à 2 m de circonférence) pour ralentir fortement de 2 à 4 m de circonférence. Ensuite ou en parallèle il commencerait à se créer une cavité et problement du fait de développement de nouvelles racines dans la cavité, il repartirait en croissance. Tout se passerait comme si les nouvelles racines le rajeunissaient. Ensuite nouveau ralentissement et accélération…
Ce phénomène aurait également été observé sur les frênes tétards dans les marais poitevins.
Pour plus d’infos : http://www.ancient-yew.org/userfiles/file/The%20Growth%20Rate%20of%20Taxus%20Baccata.pdf
Salut Mickaël,
Où as-tu trouvé cette info sur les frênes du marais Poitevin?
J’aimerai bien en savoir un peu plus car natif du marais et connaissant bien les frênes têtards, je n’ai jamais entendu parlé d’une étude à ce sujet. Tu as attisé ma curiosité et mon scepticisme.
Sujet évoqué dans « face aux arbres » de C. Drénou p 133…
Tu peux me la scanner et me l’envoyer ?
Merci pour cet éclairage, je vais jeter un oeil sur ce lien!
J’ai la chance de vivre entre la France et Bristol UK.J’ai donc pu voir cet if sublime! Quant au soleil outre-Manche il arrive qu’il nous enchante plusieurs jours de suite.L’an dérnier il y eu même de la sécheresse,sauf en Ecosse!