Après Mottisfont et son platane géant et Hambledon est ses ifs, voici une nouvelle étape, Breamore, de ce que j’appellerais ma cure arboricole 2012 outre-Manche!
L’objectif de cette étape était l’if antique de St Mary Church. Antique est un terme qui convient parfaitement, cet arbre étant probablement extrêmement ancien comme peut le laisser deviner sa structure, c’est ce que les anglais appellent un if fragmenté (fragmented yew), en référence au fait que le tronc soit divisé en plusieurs parties plus ou moins indépendantes les unes des autres, suite aux aléas d’une longue existence.
Dans le cas de cet if femelle, il est difficile de distinguer les fragments du tronc « primitif » des parties plus récentes, on a affaire à un cercle de troncs se développant sur un petit monticule de racines!
L’ensemble mesure environ 11.30 m de circonférence (à 0.6m environ) y compris le tronc situé au premier plan de la photo ci-dessus, qui se trouve être un pied mâle issu d’un semis naturel (observation reprise sur Ancient yew qui donne une circonférence de 10.82m sans ce pied).
Cette configuration rend la datation quasi impossible, mais pour certains ifs fragmentés dont celui de Ashbrittle et de Fortingall (16 m de tour en 1769), des connaisseurs n’hésitent pas à annoncer des âges respectivement de 3000 et 5000 ans. Toutefois rien ne le prouve et d’autres études tendraient à diviser ces âges au moins par 2.
Mais trêve de spéculations, car en Angleterre un arbre remarquable en appelant un autre, puis un autre et encore un autre et parfois encore bien d’autres, continuons la visite dans le parc de « Breamore House » jouxtant l’église. Un portillon dans le mur d’enceinte du cimetière y mène directement et c’est l’immense houppier d’un cèdre qui m’incitera à le franchir.
Mais oh surprise, avant même d’avoir pu approcher l’objet de ma convoitise, un autre if plus petit que le précédent mais de taille respectable (5.40 m de tour) m’interrompt dans ma course!
Ce spécimen est déjà bien creux et présente de belles racines adventives dans sa cavité.
Finalement, je continue vers le grand cèdre dont je n’atteindrai toutefois pas le pied faute de chaussures convenables pour traverser les orties, mais même de loin il est très impressionnant.
Je n’en ressentirai aucune frustration puisque qu’à quelques dizaines de mètres de là, un confrère au tronc massif de 7.00m de tour se laissera approcher!
Un arbre dégageant une impression de puissance et de sérénité, je suis époustouflé!
La visite se poursuivra vers le château, avec au passage un joli châtaignier, puis sur les indications d’un promeneur, jusqu’au mizmaze, labyrinthe de gazon situé au sommet d’une colline, entouré d’un bosquet d’ifs.
Les origines de ces labyrinthes de sont pas clairement définies, certains remonteraient au Moyen-Age, d’autres seraient bien plus récents.
Comme pour les ifs, il plane un parfum de mystère sur leur origine!
Une traduction approximative d’un article du site labyrinthos.net nous éclaire quelque peu!
Le splendide » Mizmaze » de Breamore est situé sur une colline, entouré d’arbres . La voie et les tranchées en gazon laissent apparaître la craie sous-jacente. Avec ces onze circuits ,il est de conception médiévale et fait 84 pieds ( 25,3 m) de diamètre, avec un faible monticule central. La première mention de celui-ci remonte à sa restauration de 1783 et le folklore a comblé les lacunes de la connaissance historique . D’après la tradition locale, il a été coupé soit par les bergers pour passer le temps soit par les moines du Prieuré de Breamore (aujourd’hui détruit ) qui l’auraient traversé sur leurs genoux pour absoudre leurs péchés. Le soupçon que ce labyrinthe de gazon est d’origine médiévale est vraiment considérablement renforcé par la découverte d’une grande quantité de poterie du 12 – 14ème siècle au milieu des arbres adjacents au labyrinthe. Peut-être que les villageois se seraient réunis ici les jours de fête . Trouver ce labyrinthe peut être un défi , il est marqué sur les cartes Ordnance Survey, mais la meilleure approche est dans les jardins de Breamore House (un dépliant avec les directions est disponible à la boutique, lorsqu’elle est ouverte), une marche de plus d’un mile depuis Breamore House Maison à travers les bois et à travers champs jusqu’au Mizmaze , mais ça vaut le coup.
La visite s’achèvera là, mais il est fort probable qu’en prenant le temps d’explorer le parc de Breamore House et les alentours, il aurait été possible de trouver d’autres sujets d’intérêt, comme souvent de ce côté-ci de la Manche…
Ils sont fantastiques ces ifs, remarquable surprise celui qui était sur la route des cèdres !
Quant au premier, c’est devenu une petite forêt à lui tout seul, c’est impressionnant.
Les cèdres sont très massifs au niveau du tronc, comme tu le dis si bien il s’en dégage une forte impression de puissance et de sérénité à la fois.
Bravo pour ce bel échantillonnage anglais et ton travail de fond sur leur environnement. Chapeau bas mister Morhan 😉
Bravo Yannick pour ces magnifiques ifs,
J’espère que ta cure arboricole 2012 n’a pas encore dévoilé toutes ses photos d’arbres!
Nos amis Anglais exagèrent toujours un peu…
on leur pardonne volontiers, ils ont de très beaux arbres.
Bravo Yannick pour ces magnifiques ifs, j’espère que ta cure arboricole 2012 n’a pas encore dévoilé toutes ses photos d’arbres !
Nos amis Anglais exagèrent toujours un peu !!
Superbe, et merci Yannick pour le dépaysement. Rien a rajouter pour ces arbres exceptionnels, les photos parlent d’elles même.
Pour le labyrinthe, je pencherai plutôt pour la version des moines car on retrouve le même principe dans les Cathédrales de Chartres et d’Amiens. Les échangent culturels ayant été très importants entre nos 2 pays à certaines époques je ne serai pas surpris que nous nous soyons mutuellement inspirés.
http://www.cathedrale-chartres.org/fr/le-labyrinthe,121.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Labyrinthe_de_la_cath%C3%A9drale_d%27Amiens
Non non, la cure anglaise 2012 et même celles de 2011 et 2010 ne sont pas épuisées, il faut juste que m’y attèle, toutefois ce ne sera jamais qu’un minuscule échantillonnage du patrimoine arboré anglais, en certain lieux (forêts médiévales, parcs à cerf) il y a une quantité impensables de sujets exceptionnels,, c’est parfois presque trop!!!!
Concernant les labyrinthes, les quelques renseignements que j’ai trouvés, indiquent tout de même des origines diverses selon les lieux, avec effectivement un caractère religieux pour certains.
Yanick, as-tu vu mon commentaire sur les arbres de Montreuil Bellay?
Bravo Yannick
L’if de St Mary Church est vraiment impressionnant. Il fait penser au 7ème stade de développement décrit par les anglais de ancient yew. J’ai déjà vu des ifs au 4ème stade (hollowing – Pourriture active à l’intérieur du tronc), au 5ème stade (Hollow – arbre à cavité pouvant contenir une personne), au 6ème stade (Shell – arbre formant une coquille vide sans toit) mais encore jamais au 7ème et ultime stade (Ring – apparition de nouveaux ifs sur le pourtour de l’arbre).
J’ai l’impression que tout se passe comme si l’if avait réussi à développer de nouvelles colonies d’arbres. Avec le temps, elles se sont affranchies du tronc initial. Merci pour ces photos.
Un bien bel article !
Bien que les ifs soient très respectables, j’ai une préférence pour les deux cèdres, deux arbres qui ne laissent indifférent.
Le souci avec les spécimens ancestraux, comme le cas n°1, c’est qu’il faut déjà beaucoup d’historique et d’observation pour pouvoir s’avancer davantage sur un âge possible, de plus quand on connaît la capacité de résilience de l’if, cela nous complique encore la tâche.