Le Ptérocaryer est une espèce assez fréquente dans nos parcs et jardins.
On le repère facilement en avril avec son impressionnante floraison vert-jaune pendante au bout des tiges. Mais il a un gros inconvénient… C’est un arbre qui devient vite imposant. De forme souvent anarchique, il a tendance à prendre beaucoup de place. De grosses branches partent fréquemment dès la base du tronc et viennent concurrencer la tige principale.
Est-ce pour son côté peu esthétique que cette espèce n’a jamais été présentée dans nos blogs arboricoles ?
En tout cas chez les Têtards, il n’y a pas de délit de faciès, tous les ligneux sont les bienvenus (même des nains accrochés la tête en bas sur des falaises, lol) !
Il était temps de lui consacrer un article afin de rendre hommage à un arbre qui mérite aussi sa place parmi les Remarquables !
Le Ptérocaryer du Caucase (Pterocarya fraxinifolia) est une espèce proche du noyer. En effet, ses feuilles composées peuvent se confondre avec celles du noyer noir d’Amérique. Originaire du Moyen-Orient, il a été introduit en France en 1782 (ou 1784 ?) dans le parc du Trianon à Versailles et au Jardin des plantes de Paris. Le plus ancien Ptérocaryer français vivant (1862) se trouve dans le square Estienne-d’Orves à Paris 9ème (avis aux chasseurs d’arbres parisiens…).
C’est un arbre très vigoureux qui a tendance à se multiplier par drageons, ce qui peut rendre cette espèce particulièrement invasive au bord de certains cours d’eau.
Il est assez peu exigeant et se rencontre sous tous nos climats. Chaque ville française doit en avoir assurément quelques dizaines dans ses parcs !
Même les forestiers s’y sont intéressés pour des reboisements éventuels. Mais sa forme épouvantable (un véritable cauchemar), quelque soit les provenances géographiques, les ont vite dégoutés et l’espèce a rapidement été écartée des programmes de recherche.
De mon côté, je commençais à m’habituer à cette allure peu conventionnelle et j’en arrivais même à lui trouver un certain charme.
Jusqu’au jour où trainant dans un le parc central de Montélimar, je découvrais un Ptérocaryer dans une forme exceptionnelle : aucune branche à moins de 2m du sol, un exploit !!! Une merveille de la nature !!! Il était donc possible de trouver des Ptérocaryers avec un tronc et des branches bien distinctes !!!
Celui de Montélimar affichait déjà un joli tour de taille (4,77m à 1,3m de hauteur) mais j’étais persuadé de pouvoir trouver mieux…
Et moins d’une semaine plus tard, en parcourant le parc du Verney derrière la gare de Chambéry, je me retrouvais face à un Ptérocaryer d’exception, monstrueusement imposant.
Le parc du Verney (tristement célèbre dernièrement par une affaire de serial killer), est le plus ancien espace vert de la ville de Chambéry. Il a été entièrement réaménagé à partir de 1860.
La date de plantation du Ptérocaryer n’est pas connue avec précision. Elle doit se situer au tout début du XXème siècle ou tout juste avant.
Ses dimensions sont exceptionnelles, d’autant quelles ne sont pas faussées par un défaut de forme.
En mai 2016, sa circonférence à 1,3m du sol est de 6,37m.
En se positionnant à 1,5m, son tour de taille est de 6,13m et en déroulant le décamètre à la base du tronc on obtient 8,70m de circonférence.
L’arbre a été élagué assez haut dans son houppier pour une raison qui m’échappe.
Sa hauteur, peu significative, est de 19m actuellement.
J’ai voulu chercher comment le positionner en terme de dimensions par rapport à d’autres Ptérocaryers en France. Mais les références sont bien maigres et les prises de circonférence souvent très faussées par la présence de grosses branches dès la base du tronc. J’ai alors consulté Tristan, notre reporter du Léman, pour lui demander son avis. Dans ses impressionnantes bases de données, il n’a pas connaissance de Ptérocaryer aussi imposant… bien qu’il lui reste un sujet régional à mesurer qui pourrait être un concurrent à celui du Verney, mais je n’en dirai pas plus !
Côté européen, je me suis tourné vers la base du site Arbres Monumentaux et là aussi bien que deux arbres (Angleterre et Italie) soient annoncés avec des circonférences supérieures, leur défaut de forme ne les rend pas comparables avec notre arbre savoyard.
Celui du Parc du Verney est vraiment exceptionnel.
D’autant qu’il a une particularité supplémentaire. Il a un appétit d’ogre ! Il est entrain de dévorer un panneau en bois. Même s’il lui faudra encore quelques années pour finir de l’ingérer complètement, il en déjà avalé une grande partie.
L’Ogre du Verney n’a pas fini de faire parler de lui !
Brrr ça fait froid dans le dos ! ☺
j’aurais bien aimé voir d’autres ptérocaryers (ça fait très préhistorique comme nom) avec des formes bizarres et cauchemardesques…
Il doit aimer l’eau c’est pour ça que j’en ai jamais vu par chez nous …par contre on a plein de nains la tête en bas ☺
C’est sûr que de nuit ou par une journée brumeuse de novembre, ça peut faire peur de croiser un Ptérocaryer… surtout ceux qui avalent des pancartes 🙂 🙂
C’est vrai que je ne me souviens pas avoir vu cette espèce à Montpellier ou Nîmes, mais ce serait tout de même étonnant qu’il n’y soit pas au moins dans un des parcs. Je suis sûr que tu risques de le rencontrer par chez toi, tiens nous au courant !
Ptérocaryer, ça fait un peu nom de dinosaure, toutefois je te trouve dur avec cet arbre! Je n’en ai pas rencontré souvent, le plus beau étant celui du jardin des plantes de Strasbourg, et je ne l’ai pas trouvé si monstrueux!
D’ailleurs, coïncidence, j’en ai vu un jeune exemplaire avant-hier planté en 1982 dans le cimetière-parc de Caen, il était vraiment superbe avec son port en candélabre, tout le monde l’admirait. Ses dimensions confirment tes propos, ce devait être l’arbre le plus développé du lieu et le promet à un bel avenir.
Une nouvelle catégorie « Ptérocaryers » a été créée dans le menu de droite. Alors j’espère que la présentation de l’Ogre va attirer d’autres « monstres » pour de nouveaux articles sur le Blog ! Soyez vigilants les Têtards, la chasse aux dinosaures est ouverte 🙂 🙂 🙂