Dans son ouvrage sur les Arbres remarquables de Bourgogne (tome 1 et 2), Alain Desbrosse nous dévoile ce qui pourrait être Le Chêne parfait : The Quercus !
Un chêne au port champêtre, avec un tronc court et un houppier en demi-cercle lui donnant une silhouette identique à celle qu’aurait pu dessiner un enfant.
Cette beauté singulière, au centre de son bocage bourguignon, fait de ce chêne une véritable œuvre d’art changeante au fil des saisons.
Il est probablement le chêne le plus photographié de Bourgogne. Il a d’ailleurs beaucoup de succès auprès des jeunes mariés qui souhaitent immortaliser leur union sous son épaisse ramure.
Mister Quercus est tout simplement un modèle de photogénie !
Note : les photos ci-dessous prises en plein mois de novembre par une météo changeante ne sont pas à la hauteur de toute sa splendeur 🙁 Dès que j’ai l’occasion, je retournerai lui tirer le portrait !
On pourrait rester des heures à observer l’architecture de ce houppier d’une incroyable complexité. Il semble se diviser en une myriade de ramifications, comme autant de petits chemins pointés vers le ciel.
Sans jamais avoir été taillé, sa croissance est pourtant d’une régularité stupéfiante, la symétrie est parfaite. Comment rester insensible face à ce chef d’œuvre de la nature ?
Et en prenant un peu de recul, on a l’impression que cette couronne de branches ressemble à un éventail géant planté au milieu d’un gazon (taillé par des tondeuses bio !).
Ces dimensions dendrométriques n’ont en revanche rien d’exceptionnel et ne permettent pas de le placer dans la catégorie des chênes colosses.
En novembre 2016, sa circonférence à 1,3m de hauteur est de 5,94m et mesurée à 1,5m de haut de 5,98m. Il a la taille fine des arbres champêtres : la base du pied est large pour s’ancrer solidement au sol et son tronc court s’élargit rapidement près de la couronne. C’est donc vers 1m de hauteur que sa circonférence est la plus faible.
Cette croissance en port libre ne force pas l’arbre à atteindre des hauteurs vertigineuses. Le beau chêne plafonne seulement à 19m de haut, alors que ses cousins forestiers, en concurrence pour la lumière, dépassent souvent les 30m.
D’après l’auteur des arbres remarquables de Bourgogne, ce « chêne parfait » ne serait pas si vieux qu’il n’y parait. Les mesures régulières de la circonférence permettent de connaitre sa vitesse de croissance et donc d’estimer son âge. Il aurait à peine 250 ans… et déjà 6m de tour ! Quelle vigueur !
Cet arbre se trouve sur une pâture à vocation agricole appartenant à M. François Coste; c’est une propriété privée qu’il convient de respecter.
Les gros chênes champêtres sont nombreux dans le bocage bourguignon. Ce sont des « chênes à bovins » qui ont aussi leur importance dans les élevages extensifs.
De l’autre côté de la grand’ route, au lieu-dit Bois Gauthier, de jolis chênes méritent eux aussi quelques clichés photos.
L’un d’entre eux mesure 5,57m de circonférence pour une hauteur totale de 21m et son voisin de pâture affiche un joli tour de taille de 5,03m pour une hauteur de 18m.
Ils sont tous les deux certainement du même âge que Mister Quercus, Roi des Pâtures !
Pour compléter la visite, à voir ce petit reportage de France 3 sur les arbres de Bourgogne qui avait déjà fait l’objet d’un article sur le blog par Yannick en 2013.
J’adore 😀!
Un beau chêne ça fait toujours plaisir.
Merci castor
Ouf j’ai eu peur, j’ai cru que Mon chêne parfait allait être détrôné !
Trève de chauvinisme, c’est effectivement un merveilleux spécimen, et je pense que c’est plutôt la taille qui pose des problèmes d’harmonie en général !
Quand à l’âge, ce n’est guère étonnant s’il n’a que 250 voir moins, j’ai eu l’occasion de compter les cernes sur chêne de 6 m abattu (mort) il avait 200 ans tout rond, et poussait dans une bonne prairie bien riche sans concurrence…
Dans le livre »arbres remarquables d’Europe » il est cité des chênes en Angleterre, qui gagnent entre 3 et 4 cm de tour par an en moyenne, le chêne de Lydham hall, avec 12,79 n’aurait que 300/325 ans selon l’auteur, qui se base sur des mesures régulières, hallucinant…
Le titre était volontaire accrocheur pour inciter nos lecteurs à cliquer sur « lire la suite » 😉
Comment pourrait-on définir « l’arbre parfait » ? voilà une notion bien trop subjective, on le voit bien d’ailleurs lors des élections de l’Arbre de l’année, aucun ne parvient à faire l’unanimité, bien heureusement 🙂
Dans cette notion d’arbre parfait, je pense qu’il faut plutôt y voir l’harmonie dans la silhouette de l’arbre, l’équilibre… »parfait » de son image.
A mon gout, celui de Lacanche manque un peu de hauteur de tronc, j’aurai préféré un chêne dont le houppier débute un peu plus haut, au moins à 4-5m du sol. Ensuite, les vieux chênes perdent cette harmonie dans le houppier et présentent souvent une silhouette déséquilibrée. Mais les stigmates du temps leur donne un charme irrésistible… finalement chez le chêne, « les vieux tordus » sont plus beaux que « les jeunes vigoureux ». -;)
Je te rejoins tout à fait Yannick, sur ces problème d’estimation d’âge. Il est très fréquent que les gros arbres soient largement trop vieillis en sous estimant les performances de leur gigantesque usine à photosynthèse.
Mais tout de même 300 ans pour un tour de taille de presque 13m, ça laisse tout de même perplexe… t’es sûr que ce n’est pas un eucalyptus ? 😉
Salut à tous,
Je ne vais pas Paul et Mickey sur le notion de chêne parfait. En tout cas celui-ci est très photogénique et me plait bien. Son tronc court et trapu en font ressortir la force et la robustesse légendaire du chêne.
Non ce qui m’a interpellé dans vos commentaires c’est vos remarques sur la croissance de l’arbre. Je suis repassé la semaine dernière voir le chêne de Saint Pardoux et en ai profité pour reprendre un tour de taille. Toujours au même endroit: au plus creux 8,50m. Le pépère a pris 20 cm en 7 ans soit 2,87 cm /an. On est vraiment pas loin des 3 cm que Yannick annonce. Et ça confirme que les estimations données ça et là sont bien souvent fantaisistes.
C’est chouette que tu aies d’anciennes mesures pour vérifier la croissance de nos vieux arbres. De mon côté, après seulement 3 ans de collecte de données je n’ai pas encore suffisamment de recul pour faire ce genre de calcul sur les accroissements.
Les chênes champêtres, tilleuls des villages ou pire les châtaigniers en port libre ont une telle vitesse de croissance que l’on est forcément tenté de surestimer leur âge.
Pour des âges « remarquables », il vaut mieux regarder de plus près les arbres maigrichons poussant dans des endroits improbables et oubliés de l’homme : arbres bonsaïs, sylves verticales, zones de tourbières, arbres en limite d’altitude…
En tout cas, je suis content que ce chêne « presque parfait » ait réveillé un peu les têtards reporters 🙂 🙂 🙂
Intéressant cette discussion. Pour l’alimenter et donner d’autres repères, je tiens à vous faire connaître la croissance de « mon » chêne, qui trône encore dans le jardin de mes parents banlieue de Grenoble) et qui a été planté en l’honneur de ma naissance (1981). A cette époque, il faisait guère plus de 50cm de haut…
Aujourd’hui, il s’agit d’un vrai chêne avec un fut rectiligne jusqu’à 2.5m qui se divise ensuite en 3 charpentières très massives et deux plus maigrichonnes car gênées par d’autres arbres proches.
Bref, son périmètre en 2015 à 160cm de haut était de … 204cm !! Oui, oui, ca fait donc 6.35cm de croissance par an sur ces 35 dernières années ! J’ai pas de mesures régulières en revanche avant 2005, mais je sais qu’au cours de la dernière décennie sa croissance de périmètre a bien ralentie par rapport aux décennies précédentes. Elle semble tout de même stabilisée (mesures annuelles) à la valeur remarquable de 3.5cm an…
Voilà qui permettra peut être de mieux évaluer l’âge des géants qui grandissent dans des conditions similaires…
Salut Rémy,
ça fait plaisir de te revoir sur notre blog !!!
De retour des îles pour un noël blanc à Grenoble ?
Quelle chance et quel honneur d’avoir eu un chêne planté à ta naissance, félicitations 🙂
Dans mon Aveyron natal, les paysans avaient pour habitude de planter des peupliers à la naissance d’une fille… en vue de les vendre pour constituer une dote au moment du mariage 20 ans plus tard, lol ! Ah toujours ce bon sens paysan 😉
En tout cas tes mesures régulières sont précieuses et nous donne effectivement une bonne idée de la croissance d’un chêne en port libre. Tes premières mesures (qu’il faudra compléter au moins sur les 100 premières années 😉 ) confirment bien la rapidité de croissance du chêne champêtre et le fait que l’on a souvent tendance à trop vieillir ces arbres.
Après il faut relativiser ces mesures avec son environnement. Tu sais que dans notre cuvette de Grenoble, la croissance est plutôt très favorable… regarde du côté de jeune arboretum du domaine universitaire la dimension hallucinante des séquoias (entre autre)….
Salut Castor, oui, pas beaucoup le temps de me rendre sur le site ces derniers mois…
Je viens de me rendre compte que j’ai fais une grossière erreur dans la lecture de mes archives et donc dans mon commentaire précédent… Je suis confus !
Je n’ai pas prêté attention aux mois où les relevés ont été réalisés. Pour être très précis, il faudrait que je rentre en France récupérer toute ma base de données papier, mais avec les données numériques dont je dispose ici (Tahiti), je peux dire que « mon » chêne garde une croissance stable sur la dernière décennie comprise entre 6 et 7 cm/an au niveau de son diamètre.
En extrapolant et à condition qu’il garde cette croissance sur le premier siècle de sa vie, je peux presque espérer lui voir atteindre les 6 m de tour !! Un record ?
Est-ce que l’on a une idée de l’âge à partir duquel la croissance ralentit sensiblement ?
Tu veux dire qu’en extrapolant sa croissance actuelle, il ferait 6m de circonférence à 100 ans ? tu parles d’un record !!! ce serait déjà presque un record pour du peuplier…
Quelle vigueur ce chêne, il mérite que tu continues à le mesurer pour voir l’évolution de sa croissance dans les prochaines années. 🙂
Ton chêne pousse comme un cyprès de Lambert ou un pin insignis. En Bretagne, ce sont les deux champions de croissance, en 30/40 ans on obtient des arbres énormes de plus de 20 m de haut qui prennent 3 ou 4 cm de rayon par an.
Il est tout de même difficile de faire des généralités sur la croissance des arbres, et le comptage des cernes sur souches ou la comparaison avec les cartes postales anciennes, montre que certains arbres ont une croissance faible voir très faible même dans des conditions pouvant sembler favorables. Et inversement certains arbres forestiers, poussent comme des arbres de pleine lumière s’ils ne sont pas trop serrés.
En bonnes conditions, pour un chêne, passer les 4 m de tour en 100 ans n’a rien de l’exploit!
Ce qui est étonnant avec ce Chêne, c’est qu’il a pendant longtemps du affronter une certaine concurrence, il ne s’agit pas d’un chêne qui a poussé sur un terrain totalement dégagé, il a malgré tout atteint 2m de tour à 160cm en seulement 35 ans…
Quoi qu’il en soit, je pense que cette discussion -et notamment le commentaire de castor- me donne bien envie de faire un article à l’avenir sur la croissance des arbres dans la région de Grenoble. Qu’en penses-tu castor, on pourrait faire ça à deux ?
J’ai un autre très bon candidat dans le jardin de mes parents. IL s’agit d’un sempervirens planté sous forme de graine en juillet 2006 et qui atteignait …. 127 cm de tour (à 160cm) en mai 2015 avec une croissance d’environ 25 à 30 cm de tour/an !!
Le sol du jardin de tes parents doit être extrêmement fertile et surtout pourvu d’une bonne alimentation en eau. Le sempervirens prospère en présence d’eau alors qu’en sol médiocre pas trop frais, sa croissance peut être très moyenne. J’en ai planté un, aussi chez mes parents, et sa croissance n’est pas terrible.Dans un parc à 100m de là, c’est pareil, il y a un spécimen assez vieux mais aux dimensions très modestes. À contrario, j’ai un merisier planté au même moment qui se développe admirablement.
Concernant le sequoia, il faut tout de même savoir que je l’ai choisi parmi une quarantaine de plans semés en 2006. C’était un des deux plus dynamiques en croissance au terme de la seconde année (mise en terre à 60cm de haut en octobre 2007).
Sinon, j’ai l’impression que ces vitesses de croissances sont assez « classiques » dans l’ensemble du Grésivaudan. Après, tous les arbres ne grandissent pas au même rythme tout de même. A deux pas de mon chêne, il y a un poirier qui fait 5m de haut avec un périmètre qui doit guère dépasser 60cm alors qu’il est plus que centenaire !
Salut Rémy,
c’est vrai que le Grésivaudan est particulièrement favorable à la croissance de tous types de végétaux grâce à la richesse de ses alluvions et des fortes chaleurs humides en été. On y a même relevé les plus fortes productions françaises sur des peupleraies ! Après comme tu dis ça dépend aussi de tout un tas d’autres paramètres… La sélection de ton « super » séquoia dans tout ton lot de semis a surement permis de choisir de la graine de champion, celui qui a un patrimoine génétique +++. Les antécédents de culture ont aussi leur importance : planter un arbre forestier dans un jardin, donc dans un sol très riche, n’est pas la garantie du meilleur succès. L’arbre aura besoin de refaire tout son cortège de champignons, mycorhizes… pour qu’il retrouve de bonnes conditions de pousse, il risque dans ce cas de mettre plusieurs années a vraiment démarré et aura tendance à prendre une forme en boule. De grosses différences de croissance sur des arbres à proximité sans raison apparentes sont parfois dues à des différences de champs magnétiques (mais là on entre dans un autre sujet… 😉 ).
Ok Rémy pour faire un article sur ces croissances halluciantes dans notre vallée iséroise, mais de mon côté je manque de recul dans mes relevés. Mes plus anciennes mesures ne datent que de 2014, c’es un peu limite pour extrapoler des accroissements sur la circonférence. Tu as plus de recul dans tes chiffres que moi.
J’aimerais bien que tu te lances sur une enquête à réaliser dès ton retour à Grenoble. Il s’agit d’essayer d’en savoir plus sur le Ginkgo des anciennes pépinières Ginet (abandonnées et transformée en lotissement depuis de nombreuses années mais dont il reste quelques beaux arbres reliques témoins du passé). le Ginkgo est visible de la route et même accessible discrètement au 45 rue du Docteur Valois à Gières) Avec ses 3,93m de circ130 mesuré en décembre 2014, c’est actuellement le plus gros ginkgo relevé en Isère. C’est un pied mâle. A toi de mener l’enquête sur son historique, si tu acceptes la mission 🙂
J’ai déjà essayé de mener cette enquête mais il faudrait que j’essaye de la rouvrir. La difficulté vient du fait que la famille Ginet a quitté le secteur. Ceci dit, je connais très bien cet arbre et c’est celui qui a amené ma grand mère à en planter un dans son jardin…à Gières !
Merci pour vos articles ! J’aimerai vous envoyer une photo : Cormatin ! Un chêne qui serait antérieur à la construction du château fort ayant précédé le chateau classique actuel ! Merci. Philippe
Bonjour,
Merci pour votre commentaire 🙂
C’est vrai que le chêne du chateau de Cormatin est magnifique.
Son âge a été estimé à environ 400 ans, je ne sais pas si ça correspond avec les dates de construction de l’ancien chateau fort ?
Mon dernier passage à Cormatin remonte à 2017, je l’avais mesuré à 5,75m de tour de taille mais son état sanitaire m’avait semblé assez inquiétant avec une mortalité sur certaines charpentières de son houppier… je ne sais pas quel son état actuel ?
Pour envoyer des photos, il faut passer par la fiche contact, on ne peux pas mettre de photos dans les commentaires d’articles 🙂