Les arbres remarquables du département de la Haute-Provence ont été peu traités jusqu’à présent sur nos blogs arboricoles. Nous avons eu la chance de découvrir : le Genévrier millénaire du Verdon, un vieux mélézin en Haute Bléone et dernièrement un séquoia géant atypique nommé le Troll provençal.
Il est temps désormais de faire un petit focus sur les Quercus, où de nombreux spécimens peuvent rejoindre le club des arbres remarquables et dont certains mériteraient même le titre honorifique d’Arbre exceptionnel.
A la jonction entre influences méditerranéennes et montagnardes, les chênes du département sont soit verts (Q. ilex) ou blancs (Q. pubescens).
Les photos ont été prises en janvier 2018
Commençons la série des Quercus par le vénérable chêne vert du Plateau de Valensole, une vedette locale, « Starlette des champs de lavande » dont j’ai eu beaucoup de mal à retrouver sa localisation. Son état sanitaire est très dégradé et je suis bien content d’avoir pu le rencontrer avant qu’il ne s’effondre totalement et ne disparaisse dans l’anonymat le plus total…
Avec une circonférence de 6m à 1,30m et 5,50m au plus étroit à 1,00m du sol, ses dimensions ne sont pas records pour l’espèce dont certains vieux arbres dépassent les 7-8m de tour de taille (maxi 9m pour un chêne vert anglais, enregistré sur arbres monumentaux). Mais la Starlette présente tout de même des dimensions rarement atteintes au niveau régional. Certains chênes verts plus imposants peuvent en effet se rencontrer dans le Var, les Alpes maritimes et de l’autre côté du Rhône dans le Gard.
Du côté des chênes blancs, il suffit de parcourir le Territoire du Troll provençal (la petite commune de Reillanne) pour débusquer deux vieux chênes qui marquent de leur imposante stature le paysage local.
L’un au tronc court et massif, d’un tour de taille de plus de 5,70m, étale sa vaste ramure sur un domaine historique. Il borde un chemin ancestral emprunté depuis la nuit des temps par les pèlerins qui descendaient de la montagne pour rejoindre les grandes vallées fluviales. Tout comme le chêne vert de Valensole, son état sanitaire est fortement dégradé, des charpentières menacent de s’effondrer et des carpophores de mauvais augure sont apparus à son pied.
L’autre est au bord d’une petite route goudronnée menant au Prieuré de Carluc et devrait hypnotiser à coup sûr les chasseurs d’arbres de passage. Son tour de taille est bien plus modeste (4,05m) mais il dégage une impressionnante force magnétique avec sa haute stature. A noter aussi au Prieuré de Carluc, un autre chêne vert remarquable près du parking.
Dans un tout autre registre, le chêne blanc de l’Abbaye de Valsaintes à Simiane la Rotonde semble traverser le rocher. C’est évidemment une illusion d’optique !
Une longue racine vient en fait s’ancrer solidement au-dessus du rocher lui donnant ainsi l’illusion d’être posé à la verticale du bloc rocheux. A noter qu’il a à proximité son petit frère, nommé « le Cerf », qui me semble encore plus spectaculaire et dont l’illusion est parfaite !
Depuis 2011, il a décroché le célèbre label décerné par l’Association ARBRES et rejoint le club des Arbres remarquables de France. De toute évidence, trop peu d’arbres de ce département ont été récompensés par ce titre prestigieux.
Jolis chênes ! Surtout le premier que tu as sauvé de l’anonymat.
Je suis d’accord, beaucoup d’autres arbres métiteraient ce label mais il paraît que l’association A.R.B.R.E.S croule sous les demandes de labélisations.
Merci pour cette découverte !
Il est clairement en fin de parcours ce malheureux chêne vert.
Il est toujours triste de voir un arbre en pleine gloire finir de façon prématurée.
A-t-on idée de l’âge que peut avoir un arbre de ce gabarit dans cette région?
Merci Aurélien pour ton commentaire 🙂
Je ne connais pas les modalités d’attribution du label d’ARBRES mais effectivement j’imagine que les candidats doivent être nombreux. Je ne suis pas encore adhérent à cette Association, j’espère pouvoir y adhérer prochainement, dès que j’arrive à dégager un peu de temps pour m’y investir (j’espère avant la retraite et avant que tous les arbres remarquables de France soient labellisés, lol ).
@ Yannick, je n’ai aucune idée précise de l’âge de ces chênes et tout particulièrement le dernier qui pousse dans des conditions extrêmes sur son rocher.
Les deux premiers doivent être d’un âge similaire, peut-être 200 ans… avec une marge de précision de 50 ans 😉
Et celui en bord de route peut-être entre 100 et150 ans ?
Le chêne vert de Valensole et le vieux chêne de Reillanne sont en fin de vie, mais j’ai l’impression qu’ils ont suivi le cycle normal d’une évolution naturelle. Ils sont à l’écart de toute activité humaine qui aurait pu accélérer leur dépérissement. Le chêne pubescent et encore moins le chêne vert ne sont pas des champions de la longévité, ils n’ont pas l’espérance de vie de celle des vieux roburs qui peuvent flirter avec le millénaire. Je pense que pour ces deux chênes du 04, leur vaste houppier leur a finalement été fatal : une, puis deux charpentières ont du s’effondrer (vent, neige, trop de poids…) il y a qq dizaines d’années ce qui a dû être la porte d’entrée aux parasites de faiblesse et la suite logique que l’on connait pour les vieux arbres.
Je suis content d’avoir pu rencontrer ces colosses avant qu’ils ne s’effondrent; ils continuent à afficher cette puissance et cette majesté si particulière aux chênes vétérans… mais pour combien de temps ? 🙂 🙂 🙂
Des chênes verts de 6m de tour de taille…. ça me laisse rêveuse dans ma garrigue desséchée ! (oui bon aujourd’hui elle est un peu humide quand même 😉 )
Salut Pat’,
vous avez pourtant de sacrés colosses en chêne vert dans le Gard : Le chêne de Poulx (à sa belle époque, il atteignait des dimensions uniques en zone méditerranéenne) et sans oublier aussi le majestueux chêne vert de l’église de Verfeuil, l’un de mes coups de cœur des arbres gardois.
🙂 🙂 🙂
oui c’est vrai que le premier a un petit air du chêne de Poulx…
🙁
Bjr, suite à un projet de construction dans mon quartier sur la commune de Manosque, il est question d’abattre deux grands arbres où niche chaque année des oiseaux particuliers. Il s’agit d’un chêne et d’un platane.
Je prends contact avec votre association pour trouver des solutions pour maintenir l’existence de ces deux magnifiques anciens arbres.
Accepteriez-vous de me rencontrer ou de m’apporter des précisions sur les moyens existants qui puissent permettre de m’aider dans cette tâche ?
Dans l’attente de votre réponse
Cordialement Corinne BODOR