Un article « coup de gueule » envoyé par Séquoia23, qui nous réserve une autre belle découverte…
Cette forêt ancienne de Creuse est méconnue et c’est tout ce qui fait son charme.
Elle a pour particularité d’être presque exclusivement composée à l’origine de hêtres tortillards. La forme si particulière de ces arbres est due à l’action de l’homme qui, pendant des siècles, a taillé et émondé ces arbres pour produire du charbon, tout en permettant la repousse et, ainsi, une exploitation raisonnée, à intervalles réguliers.
Ce serait la comtesse de Châteauvert qui aurait imposé que ces arbres soient taillés haut de façon à permettre leur repousse et que leurs tendres tiges ne soient pas dévorées par le bétail.
Une exploitation durable avant l’heure.
On peut facilement imaginer ces familles de charbonniers, dans le dénuement extrême mais d’une volonté sans faille, qui parcouraient ces solitudes et qui, de génération en génération, produisaient du combustible sans épuiser leur gagne pain. Ces fayards sont les témoins de savoir-faire perdus, silhouettes immortelles et légendaires.
Cette forêt est l’une des rares du département à être mentionnée sur les premières cartes de Cassini, au XVIIIème siècle, lorsque l’étendue des forêts était la plus faible jamais connue.
De fait, l’âge de ces arbres est indéfinissable : taillés, recépés, tordus, torturés, creux, tortillés, trognes, banards,… Ils présentent peu de valeur économique à notre époque mais une richesse écologique unique.
Déjà fragilisée par les clairières ménagées pour le captage des sources, cette forêt devient résineuse avec pour corollaire l’assèchement et l’acidification des sols, en dépit des leçons du changement climatique.
L’ONF, en charge de la « gestion durable » du groupement syndical forestier de Châteauvert, procède à d’importantes coupes rases pour replanter des résineux (douglas, sapins, épicéas) ou à de fausses éclaircies vite abandonnées. Ces hêtres constituent désormais un patrimoine menacé à protéger. Les quelques hectares restants sont désormais des reliques.
Des hêtres têtards, je ne savais même pas que ça existe.
Triste constat… Ces vieux arbres mériteraient une protection particulière tant pour leur valeur historique que naturelle.
Cela rappelle les forêts basques ou Corse où il subsiste de nombreux vieux têtards de hêtres aux formes tourmentées
http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2013/11/15/de-vieux-hetres-a-larrau-pyrenees-atlantiques/
http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2013/05/03/quelques-arbres-du-mont-ibanteli-sare-pyrenees-atlantiques/
Il y a aussi en auvergne des vieux hêtres qui ont été plessés dans leur jeunesse (cad, utilisés vivants pour faire des haies « plessées » ). le résultat est un peu similaire à ces têtards tourmentés. Ce sont bien évidemment de très belles et émouvantes reliques qui deviennent magnifiques avec l’âge.
le traitement que leur réserve ONF ici est totalement désolant de connerie, il n’y a malheureusement pas d’autres mots. Si ce sont des forestiers qui font ça, les forêts sont mal parties. Et en plus détruire une forêt ancienne pour faire des plantations de résineux est un réel écocide qui mériterait de passer en justice. Bien entendu les forestiers ne sont que le bras armé des propriétaires. mais le devoir de conseil fait quand même bien partie du métier. On comprend le malaise des gens de l’ONF devant de telles pratiques.
J’essaierai de voir sur place si on m’indique l’itinéraire.
Louis Dubreuil, administrateur SFA
Je ne crois pas que ce soient les forestiers eux-mêmes. Ils ne décident pas. C’est une politique délibérée de l’ONF. Il faut savoir que ces dernières années il y a eu un grand nombre de suicides (une cinquantaine) parmi les gardes-forestiers, à qui leur hiérarchie (et surtout la direction) leur demande des choses aberrantes, qui correspondent plus à une gestion de la forêt comme une marchandise à rentabiliser plus qu’un patrimoine à entretenir. A ce sujet nous avons eu mardi à Nîmes une conférence et un film présentés par Gaspard d’Allens, journaliste à Reporterre et auteur d’un petit livre sur les forêts, intitulé « Main basse sur nos forêts ». Très bien.
bonjour,
pour aller dans la forêt de châteauvert, il faut prendre la piste partant de la route D996 : https://www.geoportail.gouv.fr/carte?c=2.325215025761123,45.707055364897826&z=16&l0=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS::GEOPORTAIL:OGC:WMTS(1)&l1=CADASTRALPARCELS.PARCELS::GEOPORTAIL:OGC:WMTS(1)&l2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD::GEOPORTAIL:OGC:WMTS(1)&permalink=yes
Bonjour,
il y a dans les environs de Londres deux forêts semblables avec beaucoup de « pollarded beeches » be: Epping Forest, propriété de la City of London, et l’autre, Burnham Beeches, tout pres de Beaconsfield sur la M40 direction de Oxford. Ces deux forets sont protégés. Il existe pas mal de publications sur ce sujet.
Roel (ECTF)
« gros soupir » !
je ne sais quoi dire et faire d’autre face aux massacres continus….
Bon courage !
bonjour
Etant ancien président du gsf de Chateauvert, je tiens à préciser que la propriété du gsf ne représente qu’une partie de la forêt. La majeure partie de la forêt appartient a des privés.